Le travail dominical n’aura d’impact que s’il est mis en place…

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En rendant mercredi ses deux premiers avis, la commission indépendante chargée d’évaluer les effets de la future loi Macron s’est manifestement complu dans la tautologie, en affirmant que l’extension du travail dominical n’aurait d’impact réel sur l’activité et l’emploi que si les maires, qui devraient être amenés à en décider localement, acceptaient effectivement qu’elle soit mise en place, et de façon massive.
 
On peut d’emblée s’interroger sur la question de l’indépendance – ce qui ne veut pas dire sur l’honnêteté… – de cette commission. Mise en place par le gouvernement début janvier, elle a pour mission d’apporter des « éléments objectifs » d’évaluation des principales dispositions du texte du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. S’interroger pour la simple et bonne raison que cette commission, composée d’hommes et de femmes qui peuvent être, personnellement, favorables ou non à cette proposition de loi, n’ont du fait justement que ces dispositions ne sont pas en place, que peu d’éléments « objectifs » pour les apprécier. En demandant une application massive, elle cherche évidemment à en obtenir. Mais elle suit, ce faisant, la volonté du gouvernement pour une mise en place rapide. Et qui, une fois le dimanche relégué au quasi statut ordinaire d’un jour de semaine, reviendrait en arrière ? N’est-ce pas l’argument que l’on nous sert à chaque nouveau progrès « sociétal » – avortement, « mariage » pour tous, etc. ?
 

L’impact d’une mise en place

 
En attendant, la question est de savoir si l’Assemblée nationale laissera aux maires le soin d’autoriser l’ouverture des magasins jusqu’à un maximum de douze dimanches par an (contre cinq pour l’instant) – mais sans obligation minimale.
 
Autres questions proposées à la réflexion des parlementaires, la constitution de « zones touristiques internationales » au sein desquelles les commerces seraient ouverts tous les dimanches, et l’ouverture dominicale des magasins situés dans certaines grandes gares.
 

L’aura du travail dominical à l’étranger

 
A la recherche d’éléments de comparaison, la commission d’évaluation a travaillé à partir des études réalisées dans les pays où le travail dominical s’est progressivement étendu ces vingt dernières années, tels le Canada, les Etats-Unis, ou les Pays-Bas. Comme il paraît logique, partout les hausses d’emploi sont d’autant plus importantes que les ouvertures sont généralisées. Il en est de même, et tout aussi logiquement, en ce qui concerne le chiffres d’affaires des entreprises concernées.
 
D’où la conclusion – toujours extrêmement logique, de sa présidente, Anne Perrot, professeur d’économie, selon laquelle ces résultats constituaient « des effets d’une extension massive du travail du dimanche ».
 
Et de préciser, avec, là encore, une logique toute mathématique : « Dans le cas de la France, il s’agit de douze dimanches par an. Il s’agit en fait d’autoriser les maires à autoriser l’ouverture, on voit bien qu’on a un effet plus indirect et plus réduit. »
 
« Si on veut, ajoute-t-elle, que cet assouplissement produise réellement des effets positifs sur l’emploi, il faudrait évidemment que la réforme soit appliquée de façon assez massive. »
 

Antécédent…

 
En 1792, de manière il est vrai plus radicale, la Convention, en établissant un calendrier républicain, avait supprimé non seulement la réalité du dimanche – avec des semaines de dix jours –, mais jusqu’à son nom – puisqu’il était devenu « décadi ». Moins farouche, mais peut-être plus insidieuse, la laïcité positive en vogue aujourd’hui se contenterait volontiers d’en faire une coquille vide…