La Turquie refuse de retirer ses troupes d’Irak

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Des centaines de soldats turcs se seraient joints aux brigades turkmènes présentes dans le nord de la Syrie. Ici, les soldats turkmènes dans le nord de l’Irak.

 
La situation continue à se détériorer entre l’Irak et la Turquie, Bagdad dénonçant auprès de la communauté internationale le déploiement de soldats turcs dans le nord du pays. Mais Ankara fait la sourde oreille ! Si le gouvernement turc affirme en effet, et après que la Russie ait dénoncé son action devant le Conseil de sécurité, avoir suspendu l’envoi de troupes, il refuse pour autant de retirer les unités déjà sur le terrain. Il est vrai que, malgré l’intervention de Moscou, l’ONU ne semble pas vouloir prendre parti sur cette question.
 
L’ambassadeur russe auprès de l’Organisation, Vitali Tchourkine, a déploré l’action « imprudente et inexplicable » de la Turquie déployant des troupes en Irak sans l’accord de Bagdad, et regretté que les membres occidentaux du Conseil de sécurité, et notamment les Etats-Unis qui le président, aient refusé de rappeler Ankara à l’ordre.
 

Ankara refuse de retirer ses troupes d’Irak

 
« Cette initiative reflète le manque de légalité des actions de la coalition internationale en Irak et en Syrie », a ajouté Vitali Tchourkine.
 
Que l’ONU se refuse à réaffirmer la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Irak, au motif que cela pourrait envenimer la situation actuelle, pose la question de savoir si les Nations Unies sont là pour dire le droit, ou pour le modeler à leur guise…
 
De son côté, l’ambassadeur irakien Mohammed Ali Alhakim a déclaré que Bagdad et Ankara s’efforçaient de régler cette querelle de manière bilatérale, et que ces discussions se passaient très bien. Si effectivement des discussions ont été ouvertes, on ne voit pas trop ce qu’il pourrait dire d’autre.
 
Il n’empêche que Bagdad avait donné 48 heures à la Turquie pour retirer les troupes turques déployées sur son territoire, en menaçant de saisir elle-même le Conseil de sécurité. Cela se passait dimanche, et les 48 heures sont donc passées. Pour l’heure, les négociations en cours ont sans doute fait gagner quelques heures à Ankara.
 

La Turquie joue sur l’appui américain

 
On peut douter cependant que, si l’Irak déposait plainte auprès du Conseil de sécurité, cela changerait quoi que ce soit à la situation. En effet, l’ambassadeur américain auprès de l’ONU, Samantha Power, a indiqué que Washington considérait que le déploiement initial de troupes turques avait été négocié avec le gouvernement irakien ; et a ajouté espérer que « le déploiement supplémentaire pourra se faire aussi de cette manière », et sans que ce différend soit porté devant le Conseil de sécurité.
 
Washington se fonde, pour s’exprimer ainsi, sur une déclaration du premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, selon lequel « les combattants dans le nord de l’Irak, qu’ils soient kurdes, turkmènes ou arabes, sont entraînés par nos soldats ». « C’est le gouverneur de Mossoul qui nous l’a demandé. Et le ministre irakien de l’Intérieur est au courant », ajoutait-il, en expliquant que l’envoi de militaires ces derniers jours constituait une simple rotation d’effectifs.
 
Que Bagdad trouve cependant à y redire ne semble pas trouver les Américains, puisque le porte-parole du département d’Etat, l’amiral John Kirby, déclare à son tour : « Nous continuons de penser que la meilleure façon d’avancer consiste à ce que la Turquie et l’Irak règlent cela de manière bilatérale et en discutent. »
 
Dès lors, son appel au respect de la souveraineté de l’Irak ressemble fort à un vœu pieu !
 

François le Luc