COMEDIE Les Visiteurs : la Révolution ♠


 
Les Visiteurs, apparus en 1993, et l’un des plus grands succès de fréquentation du cinéma français, reviennent enfin. Annoncé dès la sortie des Visiteurs 2 (1998), dans les derniers plans du film lui-même, les Visiteurs 3 finit donc par être proposé au public au printemps 2016. Les deux personnages principaux, Godefroy le Hardi et son écuyer Jacquouille la Fripouille n’ont pas réussi à quitter définitivement la fin du XXème siècle pour retourner au royaume de France de Louis VI le Gros, au début du XIIème siècle. Ils se retrouvent au contraire en 1793, à l’époque de la Révolution française, et plus précisément de la Terreur. Les autres personnages ont été complètement renouvelés, ce qui n’est pas plus mal.
 
Les Visiteurs : la Révolution est fondamentalement une farce. Il s’agit donc par définition de la forme la plus grossière de la comédie. Vingt ans après, il faut constater que notre société est devenue encore plus grossière : la scatologie n’était pas absente dans les premiers épisodes, mais là le spectateur honnête souffre quand même de l’abus de plaisanteries tournant autour du thème de la « merdasse ». Typiquement, Robespierre, après un abus culinaire de boudin antillais très épicé, doit courir à la chaise. La mauvaise humeur qui en résulte lui donne particulièrement des envies de guillotiner. Faut-il en rire ?
 

Les Visiteurs : la Révolution. Perclus de défauts

 
Les Visiteurs : la Révolution possède un mérite : rappeler le caractère atroce de la Révolution française, absolument indéfendable, avec son mélange de fanatisme sanguinaire et d’affairisme. Le représentant en mission Jacquouillet confisque comme bien national le château des Montmirail, mais dans la claire optique de s’en emparer pour son compte. Les nobles libéraux peinent à survivre en 1793, après avoir contribué au désastre. Quant au Comité de Salut Public, il est en effet un conseil de tyrans dangereux. Ces rappels sont salutaires à notre époque, surprennent même positivement.
 
La satire manque toutefois de finesse ; se moquer de Couthon, personnage certes peu sympathique, pour son infirmité – en effet, circuler en fauteuil roulant est loin d’être évident, encore aujourd’hui et a fortiori en 1793 –, est de fort mauvais goût. Quant à la caricature des aristocrates, elle manque aussi pour le moins de subtilité. Enfin, le XIIème siècle, peu présent, est toujours radicalement incompris.
 
Les Visiteurs : la Révolution, perclus de défauts, peut faire certes sourire un public nostalgique et bienveillant, mais franchement rire, non. Un quatrième épisode semble annoncé. On ne l’attendra pas avec impatience.
 

Hector Jovien

 
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