DOCUMENTAIRE Un vrai faussaire ♥♥♥


 
Un vrai faussaire, au titre déjà plein d’humour, est un documentaire consacré à Guy Ribes, un des plus grands faussaires récents du marché de l’Art. Il a été pris sur le fait et condamné, chose très rare apprend-on. Il peut copier, et la démonstration en est faite devant la caméra, ce qui constitue un des intérêts absolument majeurs du film, tous les artistes des XIXème et XXème siècles. Il s’agit, bien sûr, d’artistes très demandés sur le marché, et souvent fort chers, tels que Degas, Léger, Picasso, et beaucoup d’autres. Le spectateur retrouve tous les traits particuliers de chaque peintre, et en une vision au moins superficielle serait sans aucun doute dupé. Même des experts professionnels se trompent d’ailleurs régulièrement.
 
Le talent du faussaire est éblouissant. Il en paraît presque regrettable de devoir détruire, obligation légale, ces centaines de faux archivés dans le tribunal de Créteil. Il explique volontiers sa technique. Il use toujours d’une part d’invention, ne copie jamais exactement un tableau connu, mais rassemble divers éléments connus typiques du peintre, afin d’obtenir un résultat des plus crédibles.
 

Un vrai faussaire : une grande part de vérité

 
Guy Ribes se révèle un véritable personnage de roman, dès sa naissance (en 1948). Il est le fils d’un proxénète et d’une voyante gitane espagnole, qui a exercé son « métier » à la télévision dans les années 1970. Il a ainsi grandi durant ses premières années dans une maison close de Roanne. Il en résulte un langage usant parfois de termes de ce milieu, et, il le reconnaît, une impossibilité à construire une relation amoureuse. Plus tard, il a appris le dessin ; et l’histoire de l’Art en cambriolant des villas sur commande de receleurs amateurs avertis. De même son incapacité à mener une vie ordonnée, à gérer son argent, car il en a eu beaucoup, toujours très vite dépensé, peut paraître une séquelle de cette éducation défectueuse. Son sens moral s’avère aussi souple, du moins pour son compte.
 
Toutefois le caractère irresponsable, peu stable, de beaucoup d’artistes plus reconnus et officiels, est avéré.
 
Le récit des aventures du vrai faussaire comprend une grande part de vérité. On ne croira pas forcément sur parole tout ce qu’il avance. Des enquêteurs, des membres des personnels de justice ou de police remettent son histoire en perspective, et démontent certaines de ses gasconnades par trop fortes. Enfin, on souhaite que le marché de l’Art ne soit pas effectivement inondé de faux, avec une complicité au mieux passive de ses acteurs, sans lesquels le faussaire ne serait effectivement rien. Mais Guy Ribes a réussi à accomplir sa vengeance en instillant un large doute dans l’esprit du spectateur et amateur d’Art.
 

Hector Jovien

 
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