WESTERN/ POLICIER
Free Fire ♥

 
Free Fire – feu à volonté – est un film très particulier, bâti autour d’une intrigue policière, dans le cadre des années 1980, et qui tient surtout du western. Free Fire a pour cadre de vastes entrepôts à demi-abandonnés du port de Boston. Il doit s’y tenir, au cœur de la nuit, une livraison d’armes pour des terroristes de l’IRA, opérée par un trafiquant d’armes américain. Le lieu ne doit pas étonner. Historiquement, l’IRA a su largement s’appuyer sur tout un réseau d’Américains d’origine irlandaise –très nombreux – et sympathisants du nationalisme irlandais.
 
Cette livraison, opération délicate entre des criminels et des terroristes, ne tournera pas comme prévu. On est certes très loin du western au sens strict, avec pour cadre la conquête de l’Ouest de 1840 à 1890. L’essentiel de l’action est une très longue fusillade de près d’une heure, qui constitue un exercice de style original, relevant, lui, de l’irréel du western. En cas d’affrontement réel, avec des pistolets, des fusils, et même de rares fusils-mitrailleurs, il semble que toute l’affaire serait réglée en moins de deux minutes, avec un carnage assez semblable. Pour les besoins de l’intrigue, et selon une grande tradition du western, les personnages blessés font preuve d’une endurance plus que surprenante ; certains blessés, que l’on a tout lieu de croire morts, se relèvent sans prévenir, et surprennent protagonistes comme spectateurs. La présence d’une femme apporte une touche féminine plus que bienvenue dans cet univers très masculin. On déplorera cependant le langage « fleuri » des bandits, concession au réalisme particulièrement inutile dans le contexte de Free Fire, qui se montre parfois grossier, usant et abusant de métaphores sexuelles relevant de l’argot des prisons.
 
Les personnages apprennent en fait à se connaître durant cette fameuse fusillade. Les complices de hasard d’un échange a priori tranquille doivent se confronter à leurs forces, leurs faiblesses, et décider d’accorder leur confiance ou non à tels ou tels des protagonistes. Comme dans un western, l’incident déclencheur est un coup violent donné par un bandit à un membre de l’autre camp : l’un avait violenté, et même défiguré, au cours d’une rixe dans un bar, la cousine adolescente de l’autre. La vengeance personnelle, inattendue, dégénère en bataille générale. Nous ne révélerons pas ici toutes les péripéties de la bataille. Réussir à l’animer pendant une heure, dans le huis-clos, certes relativement vaste, mais tout de même, d’un hangar, est une performance qui devrait réjouir les amateurs de westerns populaires. Pour tous les autres, l’intérêt de Free Fire serait des plus limités.
 

Hector Jovien

 
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