Le livre de Hollande : du président normal au président pipelette, l’abaissement de la politique nationale par un homme d’État mondial

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François Hollande fait enfin l’unanimité : son livre, Un président ne devrait pas dire ça consterne tous ceux qui l’ont lu. Le « président normal » récemment primé « homme d’État mondial » s’y révèle une pipelette plus occupée de son nombril que de son pays. Il y concourt à l’abaissement de sa fonction et de la politique nationale.
 
Soixante-et-une réunions de travail, huit dîners privés au domicile des journalistes du Monde qui l’ont interrogé, Gérard Davet et Francis Lhomme, c’est le temps que François Hollande a consacré au livre paru hier, Un président ne devrait pas dire ça. A se demander, comme Marine Le Pen : « Quand travaille-t-il ? » Ou à se lamenter, comme Christian Paul, le chef de file des frondeurs qu’il n’a reçu qu’une fois : « Si seulement il nous en avait accordé autant, sa majorité ne serait peut-être pas disloquée ».
 
En tout cas la condamnation est générale : un président ne devrait pas faire écrire ça. Les 663 pages de confidences suscitent l’accablement de tous : « Consternant ». « Pitoyable ». Ses meilleurs amis le massacrent. « Je viens de finir ma boîte de prozac ». « Comment il peut faire un truc pareil ? Je lui en veux… » « C’est horrible, horrible. Il va avoir du mal à s’en remettre ».
 

Hollande, candidat normal ou président pipelette ?

 
La droite jubile et se donne les gants de ne pas réagir tout de suite. Raffarin seul est préposé aux constatations d’évidence : « C’est un bavardage désespérant ». Parmi les fidèles de Hollande, ceux qui veulent encore croire à sa candidature et à sa victoire, on déplore une « communication de Gribouille ». Le livre du président gâche complètement l’interview donnée juste avant à l’Obs pour préparer sa campagne. Le bouffon Triboulet se lance sur la scène et y fait sa pipelette au moment où le roi s’apprêtait à y entrer. Mais on espère que ses effets négatifs resteront purement « parisiens ». Certains font même mine de penser que le futur candidat « occupe le terrain » opportunément. Et Jean-Christophe Cambadélis ose même, pince sans rire : « Tout cela me paraît plus intelligent qu’il n’y paraît ».
 

Narcisse n’a pas une minute pour la politique nationale

 
Mais quand on lit les quelques bonnes feuilles disponibles, on tombe d’accord avec ce jugement d’un ami du président normal qui a tenu à conserver l’anonymat : « Hollande donne une image assez pitoyable de lui-même ». L’homme de l’Élysée fait quelques confidences, lance quelques piques aux uns et aux autres, et commente longuement son action – son inaction. Deux choses frappent. D’abord, le bilan qu’il s’efforce de dresser par petites touches n’a rien à voir avec ce que les Français ont pu voir et ce que l’on retiendra, l’homme est complètement hors du réel. Ensuite, il ne prend pas le point de vue d’un homme d’action, mais celui d’un diariste égocentrique, ou pour mieux dire égotique. Il « ne s’intéresse pas beaucoup au pays », comme l’a noté Marine Le Pen, il s’intéresse à lui-même. Les frondeurs sont plus sévères : « Le mec n’a toujours pas acté qu’il est président de la République. C’est crépusculaire ». Un vilain petit Narcisse se met en abyme : il se voit se voyant se voir, et ça lui plaît, il s’aime, il s’admire, il se loue. Pathétique. Ce qui l’intéresse dans la politique nationale, c’est qu’elle est menée de la façon la plus « courageuse » par un chef d’État mondial primé à l’international.
 

Le livre de Hollande est celui d’un voyeur pathologique

 
Si l’on écarte la bourre, l’excipient, l’expression de l’immense considération que François Hollande se porte à lui-même, le principe actif du livre tient en une ou deux pages. Tout n’y est pas faux, on peut y lire que l’islam pose « problème », qu’il y a « trop d’arrivées », que les juges ne brillent pas par leur courage et que les footballeurs pourraient faire des efforts côté jugeote – en trois phrases, voilà deux coteries et un puissant lobby dressés contre lui.
 
Même quand il veut dire du bien de quelqu’un, il est désagréable et maladroit. Ainsi de Julie Gayet (« Belle femme, fille bien » : quelles trouvailles !), notre amoureux pas très normal lui conseille de « vivre par elle-même » ! Pauvre trésor, va ! Sans doute se prend-il pour le soleil, lui qu’on connaît plutôt comme la lune.
Mais au-delà du ridicule de l’homme, de son enflure, qui lui ôte toute faculté d’apprécier la réalité, la sienne et celle du monde qui l’entoure, la question politique que pose ce cas pathologique est : à quoi sert-il ? Et donc, qui sert-il ?
 

L’homme d’État mondial sert à l’abaissement de la France

 
Il ne suffit pas d’ironiser sur François Hollande, calamiteux président normal primé homme d’État mondial. De déplorer que la politique nationale soit aux mains d’un jeune écornifleur de la cour des comptes vieilli mais non mûri dans des sinécures publiques, resté l’étudiant rigolard des soirées d’après examen, de remonter l’itinéraire catastrophique d’un voyeur de la politique, d’un petit véhicule zen vers le déclin, d’une voie minuscule vers le grand remplacement. Son livre est l’occasion de se demander pourquoi il est là.
 
Oui, il ridiculise la France face à Poutine, non, il n’a « pas de bol » avec le chômage. Il abaisse notre pays chaque fois qu’il en a l’occasion, et ce n’est pas par hasard. Valérie Trierweiler, qu’il a traitée de la façon la plus vile et la plus sotte (on peine à déterminer s’il fut plus odieux ou plus impolitique), savoure sa vengeance cuillerée après cuillerée. Elle vient de donner la preuve, un courriel conservé sur son téléphone portable, qu’il a bien appelé les pauvres des « sans-dents », et qu’il est donc, outre un imbécile sans cœur, un parjure.
 

Le mépris de l’humanisme mondial pour les Sans dents

 
La presse aux ordres n’avait pas en 2014, quand sortit le livre de l’abandonnée (Merci pour ce moment), donné à ce mot et à l’usage qu’en fit François Hollande toute l’importance qu’il me semble avoir. Il est pourtant significatif, représentatif du mépris dans lequel les élites politique, même (surtout?) de gauche tiennent le peuple qu’elles sont censées protéger – et le phénomène est mondial. Or, si le président ne sert pas le peuple, qui sert-il ? Réponse, les maîtres qui l’ont poussé là et dont il satisfait les désirs, réalise les projets. Le bilan sociétal de François Hollande dit clairement qu’il travaille pour l’humanisme mondial, pour la maçonnerie internationale. Sa politique étrangère aussi, elle lui a valu son titre d’homme d’État mondial. Et en discréditant la fonction de président, et la politique nationale, il œuvre toujours pour le même humanisme mondial.
 

Le président normal attentif à l’abaissement de l’État

 
On n’a pas pris garde à l’urgence qu’il y avait pour le président normal de régler par décret la diminution des avantages consentis par l’État aux anciens présidents. Parmi tant de promesses non encore tenues, pourquoi se hâter ainsi de tenir celle-là ? Précisément pour bien montrer que les hommes d’État, à l’inverse de la vieille tradition français et régalienne, sont des gens comme les autres. Pour aligner notre pratique sur celle du Nord, où les premiers ministres ont le train de vie et le niveau de vie du père de famille moyen, où la liste civile consentie aux rois n’a rien de comparable à ce qui se fait en France ou en Grande Bretagne. La tradition politique nationale des grands États doit être abandonnée au profit d’un monde où les représentants de la politique nationale sont de simples quidam. En France, François Hollande, président normal, restera le précurseur de cette mutation : pour cela aussi il a bien mérité son titre d’homme d’État mondial de l’année.
 

L’homme qui ne devait pas être là

 
Patrick Buisson révèle dans son dernier livre que Nicolas Sarkozy était parfaitement au courant, comme tout Paris, des frasques de Dominique Strauss-Kahn, et qu’il attendait qu’il soit désigné candidat socialiste à la présidentielle pour le tirer au vol et se trouver ipso facto président. Ce dont n’a pas finalement profité Sarkozy, c’est Hollande qui en a bénéficié. Ce pauvre petit chose, dont le talent se résumait à régler les bisbilles du parti socialiste et dont l’expérience ne dépassa jamais celle de président du conseil général de Corrèze, n’aurait pas dû entrer à l’Élysée. La lecture de Un président ne devrait pas dire ça en convaincra les moins déliés. Ceux qui l’y ont poussé le savaient, et c’est bien pour cela qu’ils l’y ont poussé. Il a parfaitement « fait le job », comme ils disent. Est-ce avoir trop d’imagination que de constater qu’à la place d’un juif représentant la haute finance, nous avons eu un normal représentant la maçonnerie ? Les deux voies vers le gouvernement mondial sont en concurrence, mais l’arrivée est la même.
 

Pauline Mille