En Europe, la révolution sociétale est en marche. François de Rugy est élu au perchoir, le comité d’éthique ouvre la PMA aux couples de lesbiennes. Et le premier ministre suédois veut forcer les « prêtres » luthériens à bénir le mariage homo. Le grand remplacement moral ne se cache plus.
François de Rugy est une figure représentative de la révolution menée par Emmanuel Macron. Certains voudraient chercher dans son parcours politique la preuve que c’est un simple arriviste, pur produit de l’opportunisme de la « gauche plurielle », tirant des bords avec adresse entre l’écologisme et le socialisme de gouvernement. Ce serait réduire l’homme à ses ambitions et le dépouiller de sa cohérence idéologique, qui est grande et constante.
François de Rugy, de la pastèque à l’arc-en-ciel et au perchoir
Il a commencé militant écologiste avec Brice Lalonde. Pas furieusement à l’extrême gauche. Il s’est accommodé du socialisme pour grimper les échelons de sa carrière, tout en se disant « plutôt libéral en matière économique ». Ce qui signifie que c’est un mondialiste adhérent à l’économie sociale de marché qui permet à la fois le profit des multinationales et la péréquation socialiste des richesses qui rabaisse le Nord au niveau du Sud.
François de Rugy a donc participé à la fusion de l’écologisme pastèque (vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur) issu de soixante-huit en Europe, avec l’écologisme arc en ciel : la révolution ainsi visée est moins sociale (appropriation des moyens de production) que sociétale (bouleversement des normes éthiques associé à un grand remplacement des populations).
L’écologisme politique, moteur de la révolution éthique
C’est pourquoi l’écologisme d’aujourd’hui s’occupe moins d’environnement que d’immigration et de morale. Et François de Rugy en est une figure : seul des candidats à la primaire de gauche, il proposait d’instaurer en France la GPA (il l’a notamment expliqué au magazine Têtu le 20 janvier) s’il était élu, de même qu’il est évidemment partisan de la légalisation du cannabis, de l’extension du droit à l’avortement, du « droit à l’enfant » et du « mariage universel ».
Idéologue de la mondialisation par le libre échange et de la subversion éthique, il s’est parfaitement reconnu dans le macronisme et c’est pourquoi, reniant son engagement solennel de se rallier au vainqueur de la primaire de gauche, a-t-il soutenu Emmanuel Macron dès le premier tour, ce dont il se trouve aujourd’hui récompensé par le perchoir. C’est donc à la fois un extrémiste de la révolution éthique et un arriviste parjure qui préside aujourd’hui l’assemblée nationale.
Un comité national d’éthique normalisé par Hollande
Coïncidence, le comité national d’éthique vient d’émettre un avis favorable à l’extension de la PMA aux femmes seules et aux couples de lesbiennes. Cela clôt un débat long de quatre ans au sein d’un de ces machins non élus créés par la démocratie expirante pour donner une apparence de sérieux et d’impartialité à ses coups de force moraux. Le comité national d’éthique a été créé en 1983 en plein triomphe idéologique mitterrandien pour opérer la révolution éthique préparée dans les loges. Mais, concession tactique à la réalité, des représentants des principales religions pratiquées en France y étaient entrés, ce qui freinait un peu la frénésie « progressiste » de la chose. C’est pourquoi en 2013, François Hollande procéda à une vague de nominations visant à éliminer les « obscurantistes » coupable de s’être opposé au « mariage pour tous ». 22 nouveaux membres sur quarante, tous de gauche, étaient nommés par le gouvernement, renouvelant de fond en comble le comité national d’éthique et le préparant aux réformes souhaitées par les « progressistes ».
En cheville avec les LGBT l’Etat promeut la PMA pour toutes
Le résultat est conforme aux attentes des lobbys. Le don du sang est ouvert aux homo depuis l’été dernier. Et le comité national d’éthique préconise l’extension de la PMA aux femmes seules et aux couples de lesbiennes, ce que le candidat Macron avait promis pendant sa campagne.
Citons le quotidien gratuit 20 minutes : « Le comité a décidé dans sa majorité l’ouverture à ces demandes sociétales, c’est-à-dire non médicales, de recours à l’assistance médicale à la procréation », a déclaré son président, le Pr Jean-François Delfraissy. Une telle autorisation « peut se concevoir pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles », explique le CCNE. L’organisme préconise ainsi d’élargir la PMA aux femmes célibataires et aux couples de femmes, qui en étaient jusqu’alors exclues. Une décision saluée par les associations LGBT et par le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) ».
François de Rugy veut la GPA, Macron la PMA
Ce texte est un modèle de journalisme. Tout y est montré en peu de lignes. La langue de coton hydrophile utilisé par le comité d’éthique pour faire passer en douceur une décision contraire à ce qui fut des siècles durant la morale admise et qui reste celle de la majorité des Français. Le motif de la décision : satisfaire la demande d’un groupe de pression caractérisé par des « orientations personnelles ». Sa justification éthique : réduire la « souffrance ». Enfin le jeu de larrons en foire entre le comité d’éthique, le lobby LGBT et l’autre machin d’Etat, le HCE.
Reste que Macron ne juge pas la question prioritaire politiquement, et que Mgr d’Ornellas l’adjure au nom de l’Eglise qui est en France de ne pas « réveiller les passions » en la traitant tout de suite : elle viendra donc sur le tapis lors de la révision de la loi bioéthique prévue en 2018, ce qui donnera le temps de régler certaines questions, comme le remboursement intégral de la PMA pour toutes, y compris pour les couples de lesbiennes afin d’éliminer toute « discrimination établie sur l’orientation sexuelle ».
Le premier ministre suédois assimile les « prêtres » aux sages-femmes
On voit que la France avec Macron et François de Rugy est en train de s’aligner sur le modèle suédois, sur les démocraties avancées du Nord, comme en avait rêvé Giscard voilà 40 ans. Le premier ministre suédois, le chef du parti social-démocrate Stefan Löfven vient d’affirmer au journal de l’Eglise de Suède Kyrkans TIdning « qu’aucun prêtre de l’Eglise suédoise ne peut refuser de marier deux personnes de même sexe ». Et il justifie ainsi sa décision : « Si vous travaillez comme sage-femme, vous devez pratiquer des avortements ou bien vous devez faire un autre métier. Il en va de même pour les prêtres qui ne veulent pas marier les homosexuels ».
Ancien ouvrier, syndicaliste, Stefan Löfven passe pour pragmatique en matière économique, favorable au commerce des armes, mais c’est aussi un enfant abandonné par ses parents, placé en famille d’accueil, un célibataire à qui l’on ne connaît pas de liaison féminine, et un athée. Bref, un idéologue LGBT.
Eglise suédoise : évêques lesbiennes et mariage homo
Ce « modéré » a donc pris résolument pris position pour la révolution éthique et montré dans les faits que celle-ci n’est pas négociable. En Suède comme en France elle procède par petits pas, en saucissonnant les questions, et en finissant toujours par aller au bout des conséquences des principes posés, sans égard pour les prétendus « garde-fous » posés à chaque tranche de saucisson.
Lorsqu’elle cessa d’être une église d’Etat, en 2000, l’Eglise suédoise pensait avoir retrouvé son autonomie, libérée des contraintes qui la liaient à l’Etat suédois. En 2009, réunie en synode, elle décidait d’autoriser le « mariage » religieux homo. En 2009 aussi, l’une de ses « évêques » s’affichait en couple de lesbiennes. Mais elle réservait aux « prêtres » qui le désiraient une sorte d’objection de conscience, la possibilité de ne pas célébrer de mariage homo. Voilà ce dont ne veut plus le premier ministre suédois. Il préconise au nom de l’amour une « Eglise démocratique ouverte qui défend l’égalité des droits pour tous. Les gens qui s’aiment, quel que soit leur sexe, doivent avoir le même droit au mariage ». C’est la logique même de l’humanisme, de la laïcité positive, qui met la loi civile au-dessus de tout, et qui finit donc par l’imposer à toutes les religions, dont les convictions doivent se conformer aux valeurs maçonnes.