L’ONU rejette le projet de résolution de la Russie contre la Turquie

ONU résolution Russie Turquie
Session du Conseil de sécurité de l’ONU.

 
Ce samedi, la Russie a exprimé ses regrets après le rejet, par le Conseil de sécurité de l’ONU, de son projet de résolution visant à faire cesser les opérations militaires de la Turquie en Syrie. Pour autant, Moscou n’entend pas baisser les bras, et assure qu’elle va continuer, comme elle l’a fait jusqu’ici, d’aider le régime syrien à combattre les terroristes.
 
« Nous ne pouvons qu’exprimer nos regrets que ce projet de résolution ait été rejeté », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en soulignant que la Russie poursuivrait sa politique afin d’assurer « la stabilité et l’intégrité territoriale » de la Syrie face aux actuelles violations turques, qui justifiaient, selon le Kremlin, une réunion d’urgence du Conseil afin de voter un texte demandant à Ankara de cesser ses tirs sur les milices kurdes dans le nord de la Syrie et d’abandonner en outre ses projets d’offensive terrestre.
 

L’ONU rejette le projet de résolution de la Russie

 
L’ambassadeur turc auprès des Nations unies Yasar Halit Cevik a rétorqué à ces propos que la Turquie « n’entrerait en Syrie avec des troupes terrestres que dans le cadre d’une action collective » menée par la coalition internationale, ou alors sous le couvert d’une résolution du Conseil. Il a néanmoins affirmé que son pays avait « le droit de se défendre », notamment contre les forces kurdes accusées d’être à l’origine d’un attentat meurtrier mercredi à Ankara, et qui a été revendiqué par un groupe proche du PKK. En conséquence de quoi, la Turquie a étendu ses bombardements à plusieurs secteurs de la province d’Alep.
 
Cette « explication » a suffi à plusieurs des membres du Conseil de sécurité – et notamment la France et les Etats-Unis – pour rejeter le projet de résolution russe.
 

La Turquie soutenue par ses alliés

 
Il faut dire que le point de vue turc sert les visées des alliés dans la coalition internationale sur la Syrie. Ce qui ressort clairement des propos de l’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, accusant la Russie d’avoir « cherché à faire diversion ». Ou ceux de son homologue français, François Delattre, affirmant que Moscou chercher à provoquer une « dangereuse escalade » en soutenant le régime syrien.
 
Quoi que l’on puisse penser de la situation syrienne par ailleurs, il est très net que de tels propos ne peuvent qu’exacerber davantage la tension entre Moscou et Ankara. Et lorsque François Hollande affirme qu’il existe un « risque de guerre » entre la Turquie et la Russie, il parle en connaissance de cause.
 
On peut ensuite, comme le président américain Barack Obama, appeler chacune des parties à la paix, il n’y a dans ces propos guère autre chose qu’une moquerie. Il va de soi, en effet, que les intérêts d’Ankara et de Moscou sont aujourd’hui contradictoires, et que chacune des parties peut, de bonne foi ou par calcul, invoquer son bon droit.
 
Mais sans doute la Maison Blanche tient-elle à apparaître, une nouvelle fois, comme le médiateur indispensable et le gendarme de la planète. En prenant chaque fois davantage le risque de voir le pétard lui exploser à la figure…
 

François le Luc