Donald Trump réduira l’OTAN s’il est président des Etats-Unis

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Donald Trump a donné sa première grande interview depuis qu’il est intronisé candidat républicain à la présidentielle : s’il est élu président, les Etats-Unis n’assureront pas automatiquement leurs devoirs envers leurs alliés, ce qui signifie pratiquement la fin de l’OTAN. Une provocation ?
 
Pour sa première sortie de candidat officiel, Donald Trump n’a pas mis d’eau dans son vin ni abandonné son style provocateur : ce sont carrément les fondamentaux de la politique étrangère des Etats-Unis depuis 1945 qu’il a jetés aux orties, dans une sortie ultra-isolationniste. S’il est élu président, il ne remplira pas les obligations des Etats-Unis pour faire des économies. « Les traités appartiennent à l’ère des largesses américaines », a-t-il expliqué au New York Times. « Nous dépensons des fortunes en crédits militaires, huit cent milliards de dollars par an. Et ce n’est pas très malin »
 

Selon Donald Trump l’OTAN est un poids pour les Etats-Unis

 
La question est : pourquoi cette provocation manifeste ? Pour récupérer l’électorat de gauche ? En effet, c’est une véritable déclaration de guerre au complexe militaro-industriel, dont on sait qu’Hillary Clinton est une représentante, ce qui peut pousser vers Donald Trump une part des Démocrates.
 
Mais le détail de l’interview donne à penser que le candidat républicain cherche en fait, suivant sa tactique permanente, à conquérir l’Américain moyen qui s’abstient ordinairement à la présidentielle (soit plus de la moitié du corps électoral). Il a résumé sa position en quelques mots qui rappellent, en plus lapidaire, la doctrine Monroe : « Amérique d’abord », et « Occupons-nous de nos propres affaires ». Concernant l’aide que les Etats-Unis seraient tenus d’apporter à la Lithuanie, l’Estonie, la Lettonie, récemment entrés dans l’OTAN, au cas où elles seraient attaquées, il a répondu que cela dépendrait « de la façon dont elles auraient rempli leurs obligations envers » les Etats-Unis.
 

Donald Trump veut être le président des Américains

 
Et pour rassurer les partisans de l’OTAN, Donald Trump a fait un petit salut à la Turquie, qui en est le pilier en Méditerranée orientale. Il a solennellement refusé de condamner la reprise en main du pays par le président Recep Erdogan, y compris les arrestations, l’état d’urgence, les restrictions de déplacements des universitaires. Il a même félicité le président turc d’avoir « été capable de déjouer le coup d’Etat » et pense s’il est élu président des Etats-Unis l’encourager à mieux combattre Daech. De toutes façons a-t-il ajouté, les Etats-Unis n’ont pas « à faire la leçon » au monde entier, alors que « des gens y abattent des policiers de sang-froid ». De quoi satisfaire à la fois les isolationnistes et l’Américain moyen avide de sécurité. Un discours finalement assez habile, un franc-parler nouveau au service d’une realpolitik assez classique.
 

Pauline Mille