Une jeune fille de Halesowen, près de Birmingham en Angleterre, s’est pendue plutôt que de s’entendre traiter de « raciste », rapporte la presse britannique alors que l’audience d’enquête publique à la suite de sa mort le 7 juillet dernier s’est tenue il y a quelques jours. Phoebe Connop, gymnaste de talent, rêvant de faire de bonnes études pour devenir sage-femme, avait seulement 16 ans. Elle s’est suicidée par peur des conséquences de la diffusion d’un photo-montage d’elle-même qu’elle avait mise en ligne sur Instagram, visage noirci et la tête couverte envelopée d’un foulard.
La photo n’était qu’une plaisanterie destinée à son cercle privé. Phoebe Connop, une jeune fille blanche, « fréquentait » un jeune homme « asiatique » depuis quelques mois. Elle avait retouché l’image pour que sa peau paraisse plus sombre et s’était enveloppé la tête d’un foulard, avec ce commentaire facétieux : « Voilà à quoi je devrais ressembler pour que les parents de mon petit ami m’acceptent. »
Le poids du politiquement correct sur Phoebe Connop, 16 ans
Il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Mais une des amies de la jeune fille a trouvé amusant de rendre la photo publique, à la suite de quoi Phoebe Connop a commencé à recevoir des commentaires très négatifs. L’enquête policière a permis d’établir que la photo a circulé bien plus loin qu’elle ne l’aurait voulu. Comme l’explique la police : « Elle s’est confiée à son amie, qui a bien enlevé la photo à sa demande, disant qu’elle avait peur de la réaction de la communauté asiatique de sa région. » Asiatique, dans ce contexte, est un euphémisme pour « islamique ».
La jeune fille, qui venait de prendre un travail dans l’entreprise de son père pendant l’été pour se faire un peu d’argent de poche, devait peu après, l’après-midi du 7 juillet, dire à celui-ci qu’elle ne se sentait pas bien. Il l’avait reconduite à la maison, la laissant seule avec l’intention de la récupérer le soir pour l’emmener dîner. « Elle n’avait rien laissé paraître au cours des semaines qui ont précédé sa mort, et encore moins que quoi que ce soit puisse la conduire à poser un tel acte », a-t-il témoigné.
Suicidée pour ne pas passer pour raciste…
Son histoire est tristement exemplaire à plus d’un titre. D’abord, on apprend que Phoebe Connop n’avait jamais rencontré physiquement le « petit ami » dont elle avait parlé à son groupe Instagram : les deux jeunes communiquait « régulièrement » par le biais des réseaux sociaux et leurs relations se bornaient à cela. C’est dire si la jeune fille évoluait dans un monde virtuel.
Deuxièmement, la pression du politiquement correct a certainement joué dans sa décision d’en finir avec sa propre vie. Comme le suggèrent bien des commentateurs anglophones, elle a eu peur de paraître comme une « raciste », prête à se moquer d’une communauté dont elle se sentait à titre personnel si proche.
Et la peur de la réaction de la communauté musulmane, alors ?
Peut-être. Mais aucun compte rendu de l’audience publique d’enquête qui fait partie de la procédure anglo-saxonne en cas de mort violente ne met en avant ce mot de « raciste » : c’est la presse qui s’en est chargée.
Non : elle a parlé de sa « peur » devant la réaction de la « communauté asiatique » – ce qui revient à dire sa peur devant la réaction de la communauté musulmane. Dès lors, peut-être faut-il comprendre l’affaire d’une autre façon : Phoebe Connop s’est sans doute d’une certaine manière sacrifiée sur l’autel du politiquement correct, mais n’a-t-elle pas avant tout craint les violences possibles de la part de musulmans susceptibles, furieux de voir moqués de leur couleur de peau et leur manière d’habiller les femmes ? Violences à côté desquelles la pendaison pouvait paraître douce ? Voilà qui n’est pourtant pas invraisemblable.
Le fait que la question n’a pas été posée en dit long en tout cas sur le politiquement correct de la presse britannique.