La nouvelle loi de surveillance du Royaume-Uni : nulle part ailleurs Big Brother n’est aussi bien armé

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Jeudi dernier, le parlement britannique a adopté une nouvelle loi qui accorde au gouvernement ce qui constitue « peut-être les pouvoirs de surveillance les plus extrêmes du monde développé », selon le quotidien britannique The Independent cité par The New American. Avec des moyens techniques sans précédent, Big Brother s’arme ainsi grâce à des pouvoirs accrus, se voyant notamment accorder la faculté d’obtenir les détails de toute navigation Internet des utilisateurs particuliers au cours des 12 derniers mois. Les fournisseurs d’accès à Internet se voient aussi obligés de conserver toutes ces données afin de pouvoir les communiquer au gouvernement britannique en cas de demande.
 
La loi oblige également les fabricants de dispositifs électroniques à les rendre piratables dans le monde entier par les agences publiques, ce qui les rendra par la même occasion moins sûrs.
 
Selon Edward Snowden, qui a dénoncé les pratiques de surveillance tous azimuts de la NSA, cette loi met en place une surveillance par laquelle le Royaume-Uni « va plus loin que beaucoup d’autocraties ».
 

Theresa May, promotrice de la nouvelle loi surveillance

 
La loi a fait l’objet de plusieurs tentatives de mise en place au fil des ans, se heurtant dans un premier temps à l’hostilité du parlement britannique. C’est Theresa May, aujourd’hui Premier ministre, qui a de nouveau présenté le texte en tant que ministre de l’Intérieur l’an dernier, et il a franchi cette fois l’obstacle de la Chambre des communes comme celle des Lords en ne rencontrant qu’une opposition symbolique, largement commentée par la presse britannique.
 
Gus Hosein, répondant aux questions du Financial Times, affirme « n’avoir jamais vu un parlement plus docile » : le directeur de l’association Privacy International soulève là la question de la nature des pressions exercées sur le législateur qui par ailleurs, pas fou, a pris soin d’ajouter un amendement protégeant les élus de ces intrusions légales sans précédent. Et ce alors que les agences de sécurité et de surveillance sont actuellement sous le coup d’accusations portant sur la récolte illégale de données depuis 17 ans, s’il faut croire ce qu’en dit le Guardian.
 
La nouvelle loi oblige notamment les fournisseurs d’accès Internet non seulement à conserver et à transmettre les données de navigation, mais à retirer sans avis les services de cryptage qu’ils proposent sur demande des pouvoirs publics, et elle crée également de nouvelles règles pour déterminer qui est autorisé à intercepter des communications de toutes sortes.
 
Le Royaume-Uni est bien le pays de Big Brother
 
Le piratage direct et masqué des contenus des dispositifs tels les Smartphones les ordinateurs est explicitement autorisé pour les agences de renseignement, les services de police et les forces armées ; ces nouvelles autorisations permettent notamment de siphonner massivement de nombreuses données sur un nombre important de personnes – y compris des données médicales et fiscales.
 
Parmi les agences concernées, on note la présence de l’agence de qualité de la nourriture, la Food Standards Agency, ou encore celle de la commission chargée des paris, la Gambling Commission. La surveillance ne nécessitera pas toujours un mandat et pourra concerner des personnes innocentes, qui ne sont soupçonnées d’aucun délit.
 
Curieusement, les parlementaires britanniques n’ont guère résisté face à la mise en place de pouvoirs tellement larges qu’ils en deviennent totalitaires. Seules les sociétés technologiques comme Apple ont bruyamment contesté la nouvelle obligation de laisser une porte ouverte aux pouvoirs publics dans les dispositifs électroniques, soulignant notamment, comme le fait Apple : « Une clef laissée sous le paillasson n’y serait pas seulement à la disposition des bons. Les méchants la trouveraient aussi. »
 
Quant aux « bons », le sont-ils toujours ? Sous couleur de protéger les citoyens contre les attaques terroristes, ils viennent d’obtenir un statut de Big Brother à part entière, avec tous les outils de la tyrannie à leur disposition.
 

Anne Dolhein