L’autoroute A 9 et les routes du Gard et de l’Hérault voient opérer une bande de pirates qui s’en prennent aux automobilistes : pendant que les victimes des braquages n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, Macron exerce l’autorité de l’Etat sur le budget des communes et celui de l’armée. A la grande satisfaction du FMI.
Tout est une question de choix. Macron a fait les siens. Avec ses conseillers en communication, il exerce à grand fracas son autorité dans les domaines où il estime son action indispensable. L’Etat c’est lui et l’Etat aujourd’hui s’occupe d’économie, notamment de fiscalité, il s’applique à prévenir la fronde qui ne saurait manquer de se lever quand le peuple connaîtra l’ardoise à payer après cinq ans de Hollande et un printemps électoral perdu en plein rêve.
Derrière Villiers, le message de Macron : une autorité sans pitié
Si le jeune Macron a recadré le CEMA (chef d’état-major des armées) avec une raideur digne d’un CP (chef de patrouille) débutant (Hé, les gars, l’autorité, c’est moi !), ce n’est pas exactement pour des prunes, ni pour huit cent malheureux millions d’euros. C’est d’abord pour envoyer un message à la gauche antimilitariste (elle existe plus qu’on ne le croit), ensuite pour prévenir les violences d’un automne chaud, quand prendront corps les inévitables réformes économiques, sociales et fiscales qu’il va servir aux Français. Derrière le képi du général de Villiers, ce sont les syndicats, les grévistes, les maires, les contribuables, bref, tous les Français qu’il vise. Avec un message simple : si quoi que ce soit ou qui que se soit se met en travers des nécessaires réformes, l’Etat mettra toute son autorité, tout de suite, à le réduire.
En soi, la démarche n’est pas condamnable. Sauf que pendant ce temps là l’autorité de l’Etat ne s’exerce pas ailleurs : une barre de béton a été déposée sur les rails du TGV sud-ouest et des braquages ont lieu sur les routes du midi. L’ère des pirates est revenue.
Les pirates : hier dans la Caraïbe, aujourd’hui sur nos routes
Les pirates. Ils traînent dans notre mémoire imaginaire. Sinbad le marin les affrontait du golfe Persique à Bombay, et Lord Jim en mer de Chine. Il en est de toutes sortes, malais avec leurs kriss, chinois avec leurs longues moustaches tressées, ou bien de la Caraïbe, de l’île de la Tortue, avec leurs viandes boucanées, sans compter le terrible et ridicule Rackham Le Rouge, dont l’ancêtre du capitaine Haddock creva le bidon. Plus récemment ils se sont rapprochés, la marine française est allée les réduire en Somalie, et maintenant ils sont chez nous. Tel est l’effet sans doute des migrations, avec la galle, la tuberculose, la rascasse volante (pterois volitans), le robinier pseudo-acacia et les punaises de lit.
J’ignore au moment où j’écris à quoi ressemblent les pirates qui opèrent sur nos routes. Sans doute ne diffèrent-ils de la population qui les entoure que par leurs cagoules, leurs armes, leurs mauvaises intentions, leur façon de percuter les voitures qu’ils prennent pour cible, les forcer à s’arrêter et leur promptitude à dépouiller leurs occupants de leurs objets de valeur. C’est du moins ainsi qu’ils agissent depuis quelques jours du côté de la Grande Motte et du Grau du Roi. Les gendarmes ont bien tenté de les prendre en chasse mais pour l’instant cela n’a rien donné.
Des braquages qui signalent la fin de l’Etat
Vu de l’Elysée, vu de Sirius, ce n’est rien. Juste quelques téléphones portables, sacs à main et portefeuilles qui changent de main, une petite frayeur, un souvenir de vacances moins terne que le rosé frelaté et moins lourd que l’huile de friture des poissons. C’est là qu’on voit que Manu Macron, malgré les efforts de maman Brijou, n’est pas bon en philosophie de l’histoire. Il saurait autrement que les pirates, comme les grandes compagnies ou les petits seigneurs voleurs, pullulent en période de décadence, ils s’infiltrent dans la société quand l’autorité de l’Etat ne s’y exerce plus : exactement comme les multinationales et les immigrés, ils sont le marqueur du déclin de la souveraineté, le signe que le bien commun ne prévaut plus sur les intérêts particuliers des prédateurs. Des braquages sur les routes de l’Hérault, c’est comme des barrages de migrants sur l’autoroute à Calais, c’est comme le rachat d’Arcelor par Mittal, c’est un petit bout de France qui s’en va.
Les automobilistes ne sont pas les seules victimes
Mais enfin, Pauline, calmez-vous, me dira-t-on : ce ne sont que quelques braquages, sans trop de violence, le fait peut-être de quelques individus isolés, il y a plus grave. Sans doute. Mais le vieux Taine le savait, certains petits faits sont significatifs. C’est comme cette barre de béton sur les rails du TGV de la Rochelle. Fut-elle oubliée par des ouvriers ? C’est possible. Il y a des ânes partout. Mais c’est peut-être un acte malveillant. Parlez-en à des contrôleurs, agents techniques et syndicalistes de la SNCF : depuis des dizaines d’années, depuis le début des années quatre-vingt et l’invasion massive de la France, le nombre des sabotages sur les voies a explosé. Il est à l’origine d’un grand nombre de retards que la direction camoufle, leur inventant d’autres causes, de la dégradation d’un important matériel et de grosses pertes financières, dont l’addition n’a pas été faite. Il faut compléter le tableau par des attaques de trains en règles par des bandes de pirates qui dépouillent les passagers.
Avec Macron l’autorité de l’Etat ne protège plus les Français
Ce qui est intéressant dans l’affaire des braquages de l’Hérault, c’est que le phénomène s’étend maintenant à la route, ce qui est important du point de vue psychologique : jusqu’à présent les automobilistes se sentaient à l’abri dans leur voiture, comme à domicile, c’est d’ailleurs l’une des principales raisons de l’usage du véhicule personnel en région parisienne. Cet asile se trouve aujourd’hui violé. Avec Macron, l’autorité de l’Etat s’exerce agressivement pour adapter la France à la gouvernance mondiale, non pour protéger les Français : ils deviennent les victimes désignées des pirates et autres prédateurs, parmi lesquels figurent bien sûr les envahisseurs.