Roy Moore, juge en chef (chief justice) de la Cour suprême de l’Alabama, est respecté par les chrétiens, les membres du Tea Party, les patriotes, les pro-famille, les partisans du strict respect de la constitution américaine et autres conservateurs. Dans une élection primaire où il était donné favori mais avait contre lui le candidat sortant Luther Strange et tout ce que compte l’Establishment, le juge Moore l’a largement emporté et il sera donc le candidat du Parti républicain à l’élection prévue pour le 12 décembre prochain. Le vainqueur occupera le siège laissé vacant au Sénat des Etats-Unis par Jeff Sessions, nommé au poste de Procureur général par le président Donald Trump.
Vu le profil conservateur de cet État, face à son opposant démocrate Doug Jones Moore a presque déjà la victoire dans la poche. En attendant cette élection, le gouverneur d’Alabama Robert Bentley avait justement choisi Luther Strange, procureur général de l’État, pour occuper provisoirement le siège de Jeff Sessions. Le Sénat, chambre haute du Congrès américain représentant les Etats fédérés, est composé de 100 membres, à raison de deux sénateurs pour chaque Etat.
Une primaire républicaine pour choisir le représentant de l’Alabama au Sénat
L’Establishment aura tout essayé pour faire perdre Roy Moore, y compris en cherchant à le discréditer auprès de ses partisans en mettant en doute son soutien au droit de posséder des armes à feu. Pour prouver son engagement en faveur de cette liberté inscrite dans la constitution américaine, le juge a sorti au cours d’un de ses derniers meetings de campagne son propre pistolet, choquant plus d’un journaliste favorable à des restrictions dans ce domaine.
Roy Moore a promis à ses électeurs qu’il œuvrerait à Washington au respect de l’intégralité de la constitution, accusant au passage le gouvernement fédéral de violer le texte fondateur de la fédération américaine. Un point important de son programme sera de combattre les tribunaux fédéraux qui prennent des décisions inconstitutionnelles. Aux États-Unis, le Congrès a le pouvoir de destituer les juges qui se placent eux-mêmes au-dessus de la Constitution en l’interprétant à leur guise.
Le juge Moore était soutenu par Steve Bannon et Ben Carson
Si Donald Trump a soutenu lors de cette primaire le candidat de l’Establishment face au juge Moore, il ne l’a fait qu’à reculons et avait déclaré que si Moore sortait vainqueur de la primaire, il le soutiendrait sans hésiter contre le candidat démocrate. De son côté, l’ancien conseiller et chef de la stratégie du président, Steve Bannon, qui revendique son populisme de droite, soutenait Roy Moore, de même que Ben Carson, le secrétaire au Logement et au Développement urbain des Etats-Unis connu pour ses positions conservatrices et pro-vie.
Le juge Moore est particulièrement respecté dans son État pour s’être opposé à la décision de la Cour suprême des Etats-Unis qui avait rendu la légalisation du « mariage » entre personnes du même sexe obligatoire dans l’ensemble du pays. Une décision qui avait été à juste titre qualifiée de « putsch judiciaire » par un des juges dissidents, Antonin Scalia. Roy Moore a quant à lui interdit aux juges de l’Alabama, en application de la loi de l’État, de célébrer des « mariages gays » malgré la décision de la Cour suprême des Etats-Unis, ce qui lui avait valu d’être suspendu de ses fonctions (pour la deuxième fois).