Pour se convaincre de ce qu’un gouvernement peut faire avec les technologies de surveillance modernes couplées à l’intelligence artificielle, il suffit de regarder ce qui se passe dans la Région autonome ouïgoure du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Sous le noble prétexte de lutter contre l’islamisme et le risque terroriste, Chen Quanguo, devenu en 2016 secrétaire du Parti communiste chinois au Xinjiang après avoir sévi au Tibet, a mis en place un système très efficace fait de milliers, voire de dizaines de milliers de caméras de surveillance avec des logiciels de reconnaissance faciale. Le résultat ? Des milliers de gens disparaissent sans laisser de trace, détenus sans procès. Pour se retrouver dans le collimateur des autorités dans cette région gouvernée par Big Brother, il suffit parfois d’avoir voyagé à l’étranger, fréquenté certaines personnes ou avoir lu ou dit des choses suspectes aux yeux du Parti qui a instauré une surveillance digitale tous azimuts. Face au « risque terroriste », tout est permis…
Il n’y a pas qu’en Chine que Big Brother se développe grâce aux technologies de surveillance et à l’intelligence artificielle
Cela peut nous sembler loin… Mais, prévient Selwyn Duke dans The New American, Big Brother ne se développe pas seulement en Chine. La ville de New York, par exemple, se vante d’avoir aussi un très grand nombre de caméras de surveillance : plus de 17.000. La « ceinture d’acier » londonienne, destinée à combattre le risque terroriste, a une caméra pour 14 personnes, c’est-à-dire environ un demi-millions d’yeux électroniques. Et tout cela n’est rien par rapport aux systèmes de surveillance continue déployés dans le ciel au-dessus de certaines zones ; selon le Washington Post, ces aéronefs équipés de caméras peuvent suivre un véhicule ou un individu à la trace pendant plusieurs heures dans une petite ville.
Ce que vient faire la moralité dans cette équation…
Imaginons, écrit The New American, ce qu’aurait été la Révolution américaine si le roi George III avait pu tout observer par vidéo en temps réel et geler les comptes en banque des révolutionnaires en appuyant sur un simple bouton. Pour le peuple, se débarrasser d’un pouvoir despotique pourrait bien devenir de plus en plus difficile. Or Benjamin Franklin, l’un des Pères fondateurs des Etats-Unis, l’avait remarqué : « Un peuple vertueux peut seul être libre. Plus les nations sont corrompues, plus elles ont besoin de maître ». Avec le déclin de la moralité de nos sociétés, le besoin en surveillance de masse augmente.
« Un peuple vertueux peut seul être libre. Plus les nations sont corrompues, plus elles ont besoin de maître »
Prenons l’exemple des peines infligées aux délinquants. Ce qui peut dissuader les délinquants, c’est à la fois la peine encourue et le risque de se la voir infliger. Si la peine est plus légère, il importe, pour compenser, d’accroître la probabilité pour le délinquant de se faire prendre. Les peines encourues pour les petits délits étant de moins en moins sévères et les mœurs de plus en plus délétères, la société est de plus en plus demandeuse d’une surveillance totale. Cela illustre bien comment l’absence de vertu d’un peuple favorise le développement d’un pouvoir omniprésent, car il est dans la nature humaine de préférer la sécurité à la liberté.
Alors, nous prévient The New American, avant de renoncer à Dieu au profit de l’Etat, à la droiture au profit du relativisme et à la vertu au profit des « valeurs », souvenons-nous qu’une nation n’acquiert la liberté qu’en s’exerçant à la moralité – et qu’il lui sera toujours beaucoup plus facile de se faire mettre des chaînes.