L’ONU sur le banc des accusés : un rapport du Parlement britannique dénonce les abus sexuels dans l’aide humanitaire

aide humanitaire abus sexuels ONU ONG rapport Parlement britannique
 
Le rapport publié le 31 juillet par la Commission du développement international de la Chambre des Communes du Parlement britannique est accablant à la fois pour les agences de l’ONU et pour les ONG. C’est l’ensemble du secteur de l’aide humanitaire qui est accusé d’avoir laissé se produire des abus sexuels de nature « endémique » à la fois contre les personnes qu’il était censé aider et contre ses propres travailleurs, ou plutôt travailleuses. Le rapport parlementaire britannique montre en effet que dans leur très grosse majorité, les abus sexuels sont le fait d’hommes contre des femmes et des filles, âgées principalement de 13 ans et plus.
 

Le rapport du Parlement britannique parle d’abus sexuels « endémiques » dans l’ensemble du secteur de l’aide humanitaire

 
Les auteurs des abus sexuels sont des Casques bleus ainsi que des personnels locaux et étrangers des agences de l’ONU et des organisations humanitaires. Si les auteurs du rapport estiment qu’il n’est pas possible de donner des chiffres, leur enquête a révélé que le phénomène était de nature « endémique dans le secteur de l’aide internationale » et qu’« un large éventail d’organisations étaient impliquées ». Les membres de la commission d’enquête assurent qu’« aucun recoin du secteur de l’aide ne semble épargné : ce problème est un problème collectif ». Et cela alors qu’ils ont acquis la certitude de n’avoir vu que « la pointe émergée de l’iceberg » et que « tous les cas ne sont pas notifiés ».
 
C’est ainsi que pour la Syrie, par exemple, le rapport parlementaire britannique estime qu’« il était clair que l’exploitation sexuelle et les abus sexuels, entre autres par les travailleurs humanitaires, sont une caractéristique bien ancrée dans la vie des femmes et des filles en Syrie pendant ces huit ans de conflit ».
 

Les auteurs des abus sexuels protégés, leurs victimes et les dénonciateurs systématiquement punis

 
Pire encore, le rapport britannique confirme qu’il existe une forte tendance de la part de l’ONU et des organisations humanitaires à punir les victimes et les dénonciateurs plutôt que les auteurs des abus sexuels. Ces auteurs d’abus sexuels ont toujours pu passer sans difficulté d’une ONG à l’autre ou d’une agence de l’ONU à l’autre. Dans le cadre de leur enquête sur les abus sexuels dont sont régulièrement victimes les réfugiés « aidés » par l’ONU et les organisations humanitaires, les parlementaires britanniques se sont aussi aperçus que le harcèlement sexuel était une plaie à l’intérieur de ces organisations et que la hiérarchie avait jusqu’ici généralement préféré fermer les yeux sur le problème.
 
Le président de la commission d’enquête, Stephen Twigg, s’est dit « profondément troublé par le fait que les précédentes tentatives [pour régler ces problèmes] n’ont débouché que sur des actions limitées visant à calmer les protestations dans les médias ». On sait d’ailleurs, depuis les révélations des journaux britanniques en mai, que les responsables de l’ONU et des nombreuses ONG impliquées étaient au courant de ce grave problème au moins depuis le début des années 2000 mais n’ont rien fait, mis à part éviter que cela ne perce dans les médias. Dans son rapport, la commission parlementaire en appelle aux donateurs des ONG pour qu’ils les obligent à mettre en place des solutions efficaces.
 

Conditionner les financements en faveur de l’ONU et des ONG à des mesures efficaces pour mettre fin aux abus sexuels

 
Le journaliste Alex Newman du New American en profite une fois de plus pour demander que les Etats-Unis, principal bailleur de fonds de l’ONU, se retire des Nations unies, ou qu’au minimum le Congrès cesse de rendre tous les Américains complices de ces pratiques en votant les financements pour les agences de l’ONU sans rien exiger en retour. Le président Donald Trump a déjà claqué la porte de l’UNESCO, du Conseil des droits de l’homme et des négociations sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, et il a coupé plusieurs financements à des agences de l’ONU. À quand la suite ? Pour des pays comme le Royaume-Uni ou la France, on n’ose même pas en rêver…
 

Olivier Bault