Attentats de Paris : et voilà que l’on accuse le manque d’action militaire des Etats-Unis en Syrie

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Une tribune publiée le 27 novembre dernier par le New York Times accuse les tergiversations américaines et les promesses non tenues d’action militaire de Barack Obama de porter la responsabilité des attentats terroristes de Paris du 13 novembre dernier. Sous la plume de Peter Wehner, ancien des équipes de Reagan et de George Bush, jadis à la tête de l’Office of Strategic Initiatives, c’est la doctrine des « neocons » qui se déroule dans un des médias les plus influents des Etats-Unis. Obama n’as pas rempli sa promesse d’augmenter la présence militaire en Syrie, même lorsque Bachar el-Assad a été estimé coupable d’avoir « franchi la ligne rouge » en utilisant des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles en 2012.
 
« Le président, craignant peut-être d’offenser le gouvernement iranien pro-Assad avec lequel il tentait de négocier un accord sur le nucléaire, a choisi de ne rien faire alors qu’une catastrophe humanitaire se développait », écrit Wehner.
 

Davantage d’action militaire des Etats-Unis, pour faire ressembler la Syrie à l’Irak ou la Libye ?

 
Alors, quoi ? Il manque un nouvel Afghanistan, un nouvel Irak, une nouvelle Libye ? Oui, répond sans hésiter le « faucon » conservateur, qui développe en même temps l’idée selon laquelle Obama n’a pas à recueillir l’approbation du Congrès au titre de ses pouvoirs de chef de guerre, qui lui permettraient de déployer l’armée pendant 60 jours avant de rechercher un vote des élus américains.
 
Wehner apporte ainsi de l’eau au moulin de ceux qui prétendent que le seul moyen de mettre fin au cycle de violence armée et terroriste, au Proche-Orient et ailleurs, est une intervention armée.
 
Mais, rappelle The New American, ce sont précisément ces interventions qui ont jeté de l’huile sur le feu : une erreur d’attaque par drone au Yemen, 12 personnes tuées lors d’un mariage… « Je ne serais pas surpris si une centaine de membres de la tribu rejoignaient les lignes d’Al-Qaeda : cette partie du Yemen prend la vengeance très au sérieux », avait ainsi déclaré Nasr Abdullah, un « militant » de la région à la presse occidentale.
 

Les attentats de Paris accusent le manque de souveraineté des Etats

 
La lutte contre les « extrémistes » a ainsi la particularité des gonfler leurs rangs, ce qui a incité le libertaire et ancien candidat à la présidence Ron Paul à annoncer la probable expansion de l’extrémisme si les politiques actuelles sont maintenues. « Il y aura bien plus de retombées », a-t-il déclaré, citant les attentats de Paris, si les Etats-Unis ne mettent pas fin à leur politique étrangère interventionniste qui s’est poursuivie tranquillement pendant que les administrations changeaient.
 
Paul a critiqué une politique étrangère américaine « d’occupation, de frappes aériennes, de tueries constantes, qui engendre cette haine à notre égard », rappelant qu’elle est à l’inverse de ce que voulaient les Pères fondateurs des Etats-Unis. Il a également souligné l’intérêt qu’ont les marchands d’armes –contrôlés par la haute finance – à faire perdurer cette situation.
 
Ce n’est pas le seul. L’instabilité est un contexte rêvé pour les « sauts qualitatifs brusques » de l’idéologie marxiste et permet seule les « avancées révolutionnaires ».
 
En attendant, loin de suivre les recommandations de George Washington qui mettait en garde contre les « alliances étrangères, les attachements et les intrigues », les Etats-Unis aujourd’hui n’agissent pas dans leur propre intérêt mais comme les Etats européens, abandonnent une bonne part de leur souveraineté, y compris militaire, entre les mains d’organisations internationales qui n’ont aucun devoir de responsabilité à l’égard des peuples.
 
Et qui n’ont jamais réussi à acheter la paix, comme le démontrent les attentats sanglants de Paris et d’ailleurs.
 

Anne Dolhein