Aveu dans le 93 : la justice victime de ses contradictions et du vivre ensemble

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La procuratrice du tribunal de Bobigny, dans le 93, en a fait l’aveu plein de réticences : la justice française, gauchie par les préjugés du syndicat de la magistrature, est rattrapée par ses contradictions et se trouve incapable de donner des solutions aux conséquences du vivre ensemble qu’elle a promu.
 
Il est des moments solennels, distribution des prix jadis, discours de la reine d’Angleterre aujourd’hui, où une institution, quelle qu’elle soit, aime à se donner en spectacle pour affirmer à la fois son identité, son autorité et ses principes : la rentrée solennelle d’un tribunal en est un, et celle de Bobigny n’a pas fait exception à la règle. Fabienne Klein-Donati, la procuratrice, y a fait ce que notre confrère Le Monde, qui lui a donné une extraordinaire publicité, a nommé un « appel au secours », c’est-à-dire un exposé magistral de l’idéologie et des revendications du système judiciaire et politique qui règne sur la France.
 

La procuratrice du 93 est une pointure politique

 
Fabienne Klein-Donati n’est pas n’importe qui. Avant d’atterrir en 2014 dans le 93 et de prendre les commandes du deuxième parquet de France après Paris, elle a eu une carrière brillante. Entrée dans la magistrature en 1984 à Epinal en pleine affaire Grégory, elle a été mutée à Melun, successivement substitut et président du tribunal pour enfant, avant d’entrer au cabinet d’Elisabeth Guigou, garde des sceaux, de 98 à 2002, puis procuratrice à Fontainebleau et adjointe à Evry, et conseillère auprès du premier ministre Jean-Marc Ayrault de 2012 à 2014. C’est une politique, amie de Christiane Taubira, qui fait partie de ces magistrats membres ou proches du syndicat de la magistrature qui ont inspiré et suivi sa réforme pénale. Elle est le bon sujet, l’exacte expression du système dominant. Elle s’est réjouie de sa nomination dans le 93, où l’on fait vivre ensemble 170 nationalités : « On a le monde entier ici. Il n’y a pas de guerre entre communautés, ni religieuse, ni ethnique ».
 

L’aveu : le 93 est sinistré, la justice inefficace

 
Trois ans et demi plus tard, elle rend un autre son de cloche. Selon elle, la justice ne peut plus fonctionner dans le 93. Le département est victime d’un cancer social généralisé. « Ce département est le département le plus en difficulté du territoire national (excepté certains DOM). C’est de notoriété publique ! Personne n’ignore que tous les indicateurs sont dans le rouge (…) la délinquance en 2017 ? Le nombre de faits constatés par les services police a augmenté de 3,28 %, celui des mis en cause de 6 %, celui des mineurs de 4,5 % (…) Les contentieux de masse sont toujours de masse. Les trafics de stupéfiants demeurent à un très haut niveau. (…) La délinquance économique et financière prospère (…) La violence est présente partout (…) Parmi ces violences, celles dirigées à l’encontre des forces de l’ordre, des services de police ont augmenté l’année dernière de 17,4 %. (…) Ici, on ne veut ni être contrôlé ni être interpellé ! » Et Fabienne Klein Donati de donner quelques exemples d’agressions de policiers ou de meurtres gratuits particulièrement gratinés, représentatifs de la dégradation du 93.
 

La justice sans espoir devant les conséquences du vivre ensemble

 
On est loin des discours sur « l’hystérie sécuritaire » si chère naguère au syndicat de la magistrature : ce constat chiffré de la réalité de l’insécurité dans le 93 ressemble presque à un réquisitoire du Front national ! Mais cet aveu inhabituel a pour intention de justifier les états d’âme des magistrats et leurs revendications. La procuratrice les félicite de tenir bon « en dépit d’une délinquance quotidienne qui désespère, tant le sentiment est fort de vider un puits sans fond ». Elle décrit une justice victime du trop-plein d’affaires que le département lui déverse sur la tête et incapable d’y faire face : « Quand le taux national des poursuites est de 50 % des affaires poursuivables (sic), il est de 31 % ici ». La « réponse pénale » est donc « peu audible » aux victimes et aux enquêteurs, « par contre très audibles aux délinquants ».
 

Victime de son idéologie, la procuratrice réclame de l’argent

 
Le résultat mène la procuratrice à faire l’aveu de l’impuissance de la justice dans le 93 : « Il est illusoire d’imaginer une quelconque influence de l’intervention judiciaire sur l’état de la délinquance de ce département ».
 
A cette situation, qui « use moralement », selon les mots qu’elle a choisis dans la lettre qu’elle a envoyée au procureur général de la république, Mme Klein-Donati ne voit qu’un remède, plus d’argent, plus de personnel : « la remise au niveau des effectifs et leur renfort significatif sont impératifs ». Pourtant, il n’y a presque pas de sièges vacants, le tribunal du 93 compte 130 juges sur un effectif théorique de 135, et le parquet est lui aussi complet avec 57 postes. Mais partout en France, les magistrats du parquet se plaignent de traiter en moyenne trois mille dossiers par personne contre cinq cents en Allemagne.
 

La justice aveugle devant les contradictions du vivre ensemble

 
Nulle part la procuratrice ne se demande la ou les raisons de cet engorgement de la justice. Or deux d’entre elles au moins sont visibles comme le nez au milieu de la figure. D’abord, un bon nombre de réformes dites sociétales voulues par la gauche et le syndicat de la magistrature, et la réforme pénale, ont eu pour conséquence de surcharger les tribunaux d’affaires qui n’existaient pas avant elles. Ensuite, les illusions de la même gauche et du même syndicat de la magistrature sur l’immigration et ses effets engendrent, elles, l’essor incontrôlé, et difficilement contrôlable aujourd’hui, de la délinquance et de la criminalité. C’est le vivre ensemble qui engorge les rôles des tribunaux, dans le 93 d’une manière caricaturale, mais ailleurs aussi, à peine moins fort dans certaines banlieues, à Lyon, à Marseille. C’est la promiscuité des 170 nationalités et de leurs particularités culturelles qui provoquent le mal-être social permanent qui empêche les magistrats de gauche de dormir. Et quand ils se mettent en arrêt maladie, ils sont forcés de reconnaître une réalité qu’ils niaient de toutes leurs forces. C’est ici qu’apparaissent les contradictions du système. Elles se résument en quelques mots : on ne peut à la fois détruire une société par l’utopie qu’on propage et s’étonner de ne pouvoir remplir sa fonction, qui est de protéger cette même société. Les juges roses foncés, ayant déchaîné les forces de la barbarie, s’en découvrent victimes collatérales.
 

La justice, victime de ses contradictions, n’en fait pas l’aveu

 
C’est pourquoi la justice, tout en faisant l’aveu de son impuissance, continue à mentir. D’abord, son impuissance est relative. Le racisme, le sexisme et les outrages à magistrat sont punis fort et vite. Ensuite, si Madame la procuratrice reconnaît le pullulement des zones de non droit dans le 93 (elle « ne compte pas moins de 240 cités ou quartiers, dont un quart où la population se sent piégée »), elle ne veut pas en voir les vraies causes. Elle nous parle en effet de « drogue », comme si la solution était policière, de « ghetto », de stratégie « de survie », de « pauvreté et de chômage » comme si la solution était sociale. Elle méconnaît, ou elle cache, la question fondamentale, anthropologique. Tout en décrivant assez justement une part des symptômes qui frappent la France en général et le 93 en particulier, elle ne veut, ou ne peut, porter un diagnostic juste sur le mal, qui est l’utopie mortelle du vivre ensemble, que les élites maçonnes engagées dans leur projet de république mondiale imposent aux peuples. Ce que la France d’en bas subit depuis des décennies, et qu’elle décrit sans relâche sans être entendue, les petites dames du syndicat de la magistrature s’en rendent compte parce qu’elles n’ont plus le temps de s’occuper d’elles ni de leur famille à cause d’horaires surchargés. La justice est d’abord victime des idéologues qui y portent la Révolution depuis plusieurs décennies et de leurs contradictions. Madame la procuratrice est coupable du crime qu’elle impute à l’Etat.
 

Pauline Mille

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