Malgré le cardinal Zen, le pape François soumet l’église de Chine au pouvoir communiste : vers une synthèse maçonne mondialiste ?

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Le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong.

 
Malgré les objurgations désespérées du cardinal Zen, le pape François doit bientôt signer l’accord avec Pékin qui soumettra l’église de Chine au pouvoir communiste. Une rupture de la doctrine romaine qui manifeste l’alignement de François sur le projet mondialiste et illustre la grande synthèse maçonne en cours.
 
Au début du mois de juillet, la signature par le pape François d’un accord entre le Vatican et la Chine étant imminente, le cardinal Zen, évêque émérite de Hong Kong, mettait en garde les fidèles contre les dangers d’un tel accord, qui reviendrait à soumettre l’intégralité de l’église chinoise au pouvoir communiste. C’est déjà le cas aujourd’hui de l’église officielle chinoise, « l’association patriotique », dirigée par des laïques athées auxquels sont soumis les évêques nommés par Pékin, mais jusqu’à présent, depuis 1949, Rome avait toujours soutenu l’Eglise des catacombes, avec son clergé fidèle et ses fidèles dont certains ont connu le martyre, notamment durant la révolution culturelle.
 

Le cardinal Zen, sa conscience, et le pape François

 
Le cardinal Zen, dans son appel de juillet, demandait aux fidèles de l’église de Chine de ne pas tenir compte de l’accord s’il allait contre leur conscience et la foi catholique : « Nous ne pouvons pas suivre un éventuel accord s’il apparaît à notre conscience clairement contraire à la foi catholique authentique ».
 
Aussitôt, un journaliste connu de la Stampa, Gianni Valente, l’a vivement condamné dans le Vatican Insider. Présentant le cardinal Zen comme un « incorrigible combattant » opposé par système au « dialogue entre l’Eglise et la Chine », et l’a accusé de fomenter des dissensions, sinon un schisme. Ce dont Zen se défend, il préfère parler de « retrait en silence », et de l’impossibilité de suivre le pape François dans le cas, « par exemple, où il encouragerait à embrasser l’association patriotique et à rejoindre une église totalement asservie à un gouvernement athée ».
 

L’Eglise de Chine soumise à une constitution civile du clergé

 
Ce qu’exige le pape François en effet de l’église de Chine à travers l’accord négocié secrètement (les cardinaux chinois ont été mis sur la touche, la commission ad hoc supprimée : le pape François, si ouvert au dialogue interreligieux, ne dialogue pas à l’intérieur de l’Eglise, et la réforme de son gouvernement l’a entraîné en la matière à gouverner directement, sans passer par les institutions ordinaires, et sans beaucoup de respect des personnes), ce qu’il impose ressemble moins au ralliement demandé par Léon XIII à l’église de France qu’à la constitution civile du clergé décrétée par la Constituante en 1790. A la différence que celle-ci, instrument de soumission de l’Eglise par l’Etat, fut logiquement condamnée par Pie VI, et l’église de France se scinda entre clergé jureur et clergé réfractaire, dont beaucoup de membres furent martyrisés.
 
C’est le cas type d’empiètement du pouvoir civil sur le pouvoir religieux, de confusion du temporel et du spirituel au profit d’une dictature totalitaire. Ce qui était en germe en 1790 connut sa floraison en 1793 sous la terreur, et un plein épanouissement en Chine avec l’association patriotique installée et contrôlée depuis plus de soixante ans par le pouvoir communiste.
 

Ce que le pouvoir communiste a manqué, le pape François le réussit

 
Le cardinal Zen, qui se définit comme « la voix des sans voix », se pose des questions à propos des actions récemment vues en Chine qui « offensent la doctrine et la discipline de notre Eglise », et il en nomme quelques unes : « des évêques illégitimes et excommuniés officient dans des rites pontificaux et ordonnent des prêtres, des évêques légitimes assistent à des sacres illégitimes, (…) et Rome n’élève pas la voix. Nos frères de Chine n’ont-ils pas des raisons d’être troublés ? »
 
De voir les ouailles restées fidèles durant des décennies à Rome se retrouver soumises à l’église officielle et à ses procédures biaisées crève le cœur du cardinal Zen. « Les évêques choisis par une élection démocratique ? Il n’y a pas d’élection en Chine qui ne soit manipulée par le pouvoir. Approbation par la conférence épiscopale ? Il n’y a pas de conférence épiscopale en Chine, ce n’est qu’un nom ! Que va devenir l’Eglise souterraine fidèle à Rome ? Si tout le monde rejoint « l’Eglise chinoise », il n’y aura plus d’Eglise catholique en Chine. » Et Zen de constater : « Nous savons qu’en Chine le pouvoir athée a toujours voulu avoir la pleine maîtrise des religions. (…) Mais aujourd’hui (…) l’autorité de l’Eglise nous dit de changer d’orientation. Ce qui était déclaré opposé à la doctrine et à la discipline de l’Eglise va devenir légitime et normal, et chacun devra obéir à des évêques qui étaient jusqu’à aujourd’hui illégitimes et même excommuniés. » Et le cardinal Zen se remémore une phrase lue sur un site internet catholique : « Depuis longtemps nos ennemis n’arrivaient pas à nous tuer. Maintenant nous devons mourir des mains de notre père. »
 

En Chine le pouvoir communiste est impitoyable

 
Ce n’est pas le principe du dialogue que condamne Zen, c’est la rupture et la trahison auxquelles il amène. Il rappelle la première condition d’un dialogue sain posée par le pape François lors du colloque des évêques d’Asie en Corée, qui est « la cohérence avec sa propre identité ». Et de poser deux questions simples : « Un pouvoir totalitaire peut-il accepter une religion qui se prévaut de sa propre autorité suprême ? Une religion peut-elle se soumettre au pouvoir total d’un gouvernement athée ? » Et de rappeler pour l’occasion que le communisme existe toujours en Chine, qu’il constitue la pire forme de « dictature moderne », qu’il a tué des hommes par monceaux, et que s’il a peut-être moins besoin de tuer aujourd’hui, il demeure « un état de violence, la négation des droits de l’homme les plus fondamentaux ».
 
Poursuivant sur sa lancée, Zen constate que le pouvoir communiste est plus que jamais « arrogant à l’extérieur » et « oppresseur à domicile ». D’où cette question de bon sens : « Usera-t-il de gentillesse avec le Vatican ? Avec tout ce qui s’est passé récemment (enlèvement des croix, destructions d’églises, lavage de cerveau incessant sur le droit de l’Etat de guider, de diriger la religion), comment notre très éminent Secrétaire d’Etat dire que « les perspectives du dialogue sont prometteuses » ?
 

Le cardinal Zen fidèle au pape François malgré tout

 
Prometteuses pour qui ? En cas de rupture, le pouvoir communiste ne perd rien. Il attend tranquillement une signature, « la bénédiction finale du pape à l’anormale situation présente de l’église de Chine, qui, objectivement, est déjà schismatique. » La question est de savoir si le Vatican est prêt, pour conclure un accord à tout prix, à admettre « une église schismatique » ? Ce qu’il y a de frappant dans les propos du cardinal Zen, en dépit de l’interprétation qu’en donne Gianni Valente, c’est que, tout en décortiquant les erreurs du Vatican, et en refusant de s’y soumettre, il refuse clairement de se révolter contre le pape François. Il s’en explique par une sorte de comparaison : « Avez-vous remarquer qu’un enfant, quand sa mère lui donne la fessée, ne s’en va pas, il se cramponne à ses jambes, tout en hurlant et pleurant… il n’a nulle part pour s’enfuir de sa mère. » Et d’ajouter, la mort dans l’âme : « Nous ne devons pas critiquer ce que le pape approuve ».
 

Une rupture manifeste de la doctrine de l’Eglise

 
Le drame est qu’en fait de « fessée », l’accord préparé par le Vatican ressemble plus à un coup de couteau dans le dos. Et il est manifestement en rupture avec toute la tradition de l’Eglise catholique, constante, claire, et même récente. C’est d’ailleurs pourquoi le cardinal Zen a cité une lettre de Benoît XVI expliquant aux fidèles catholiques de Chine l’impossibilité pour eux de rejoindre l’association patriotique. Sans doute Valente parle-t-il « un résumé erroné du texte original », mais c’est lui apparemment qui n’a pas lu ledit original. On y trouve par exemple au chapitre VII, section 5 : « Il est clair que la prétention de quelques organismes, désirés par l’Etat et étrangers à la structure de l’Eglise, de se placer au-dessus des évêques et de guider la vie de la communauté ecclésiale, ne correspond pas à la doctrine catholique ». Et à la section six : « l’objectif déclaré des organismes mentionnés plus haut de mettre en œuvre les principes d’indépendance et d’autonomie, de direction par soi-même et de gouvernement démocratique de l’Eglise est incompatible avec la doctrine catholique ». Pour ceux qui n’auraient pas compris, l’association patriotique est nommément citée en note de bas de page. La cause est entendue et elle n’avait d’ailleurs pas besoin de l’être, quiconque suit, même de très loin, l’actualité catholique en Chine, sait que la doctrine de l’Eglise est sans ambiguïté ni variation, et que l’accord que la diplomatie du pape François s’apprête à signer est une rupture sans précédent, assortie d’une tête à queue complète.
 

Les habiletés du pape François

 
Ici, contrairement à d’autres cas qui se sont trouvés dans l’histoire contemporaine, et dans l’histoire récente de l’Eglise, il n’est pas « plus facile de faire son devoir que de le connaître », le devoir et la doctrine crèvent les yeux, les textes ne sont pas douteux, complexes ou mal connus. Il n’y a ni doute ni controverse. Il y a une doctrine raisonnée, étayée, constamment rappelée, et sur laquelle le pape François et ses assistants ont décidé de s’asseoir.
 
Rien, apparemment, ne justifie leur décision. Il n’y a pas de demande du clergé de Chine, ni des fidèles. Alors quoi ? Les optimistes prétendrons que le pape François, ayant pris la mesure du rapport des forces sur le terrain, officialise un schisme de fait pour empêcher un schisme formel. Effet de « l’habileté jésuite », cette politique de Gribouille serait une catastrophe morale et doctrinale pour l’Eglise mais aurait l’excuse de la « bonne volonté ». L’hypothèse ne vaut pas grand chose, le pape François étant beaucoup trop intelligent pour donner dans de pareilles illusions. Alors, il faut malheureusement penser à une solution beaucoup plus simple.
 

La grande synthèse maçonne et mondialiste

 
Le pape François, que l’on a vu sinueux sur la théologie de la libération, manifeste une tendance nette à s’aligner, sinon sur la théorie marxiste, du moins sur la diplomatie communiste. On l’a vu à Cuba, on le voit avec la Chine. Le communisme existe encore, il n’est pas mort, il régit encore et asservit entre un cinquième et un sixième de l’humanité, et le pape François, dans son opposition très vive à la puissance américaine et à sa théorie du choc des civilisations, a choisi le camp communiste.
 
C’est sa façon à lui de participer à la dialectique mondialiste, avec aussi ses flamboyantes déclarations en faveur de l’invasion de l’Europe par les migrants. Son action à peine masquée contre le mariage traditionnel dans l’affaire du synode de la famille, et dans la déclaration Amoris Laetitia, la porte ouverte à la communion pour les divorcés remariés, les déclarations floues sur les homosexuels, tout indique un gentlemen’s agreement du pape François avec la pensée franc-maçonne et le projet mondialiste, comme aussi d’ailleurs son encyclique verte Laudato Si. La torpeur du mois d’août lui permet de faire tranquillement un nouveau pas dans cette direction. Un pape obligeant les fidèles catholiques de Chine à se soumettre au pouvoir communiste, quelle meilleure image du fait qu’il n’y a plus ni amis ni ennemis, quelle meilleure synthèse maçonne ?
 

Pauline Mille