Opposition au TTIP : Cecilia Maltröm, commissaire chargé du Commerce pour l’UE répond que son « mandat ne provient pas du peuple européen »

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Jamais aucun accord de libre-échange n’avait rencontré d’opposition aussi massive. Le 10 octobre dernier, il y avait entre 150.000 et 250.000 personnes dans les rues de Berlin pour protester contre le traité transatlantique de libre échange (TTIP) négocié entre l’UE et les Etats-Unis. Quelques jours plus tôt, une pétition signée par plus de 2,5 millions d’Européens était remise à la Commission européenne… Et c’est en raison de cette mobilisation populaire massive que John Hilary, directeur de l’organisation caritative socialiste War on Want, engagée en première ligne contre le TTIP, a rencontré le commissaire européen chargé du Commerce Cecilia Malmström à Bruxelles. A la question de savoir comment elle pouvait poursuivre son offensive sur le TTIP malgré cette opposition populaire considérable, Cecilia Malmström a froidement répondu : « Mon mandat ne provient pas du peuple européen ».
 

Les opposants au TTIP dénoncent des institutions de l’UE dirigées par les lobbyistes d’entreprises

 
John Hilary a commenté : « En réalité, comme un nouveau rapport de War on Want le montre, Malmström reçoit directement ses ordres de lobbyistes d’entreprises qui gravitent autour de Bruxelles. La Commission européenne ne cache même pas le fait de recevoir ses ordres de lobbies industriels comme BusinessEurope ou le European Services Forum, comme une secrétaire prendrait une dictée. Ce n’est pas un secret que les négociations du TTIP sont faites pour servir les intérêts des entreprises plutôt que l’intérêt public ».
 
Cette indifférence de Cecilia Malmström à l’égard des peuples européens pourrait être un élément clé pour les opposants de gauche à l’Union européenne, notamment en Grande-Bretagne où la question d’une éventuelle sortie de l’Union européenne se pose.
 

Cécilia Malström, commissaire chargé du Commerce, attise le feu

 
Le nouveau responsable du parti travailliste, Jeremy Corbyn, a ainsi exprimé de vives réserves au sujet de l’Union européenne par le passé. Sa position est incertaine toutefois : tout récemment encore, il militait pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Pour ne pas laisser l’actuelle majorité prendre les choses en main ? Mais il est sous la pression de la campagne anti-UE de la part de ces groupes socialistes opposés au TTIP, et rien n’empêche une nouvelle volte-face dans ce petit théâtre à l’intention du public. Or l’idée devient de plus en plus probable, à mesure que l’Union européenne affiche ostensiblement son alignement sur les exigences des grosses entreprises, au détriment des peuples européens.
 

Le mandat de Malström « ne provient pas du peuple européen », avoue-t-elle

 
« La question sera posée lors du référendum de savoir si nous voulons rester Européens, comme si cette question pouvait avoir un sens. De manière plus réaliste, on nous demandera si nous voulons rester soumis aux institutions de l’Union européenne, y compris à la Commission non élue », a commenté John Hilary au nom de War on Want. « Comme les Grecs l’ont durement appris, ces institutions ne toléreront pas de réforme ou de déviation par rapport à leur plan d’austérité permanente et aux exigences des entreprises. » Une déclaration qui laisse envisager une campagne en faveur de la sortie de l’Union européenne.
 
Mais de là à imaginer que les organisations de gauche et d’extrême gauche ont réellement à cœur les intérêts des peuples, il y a une marge – que Syriza a mise en exergue.
 

Béatrice Romée