Démission du gouvernement Valls, mort d’Ebossé : contradictions insolubles

La démission du gouvernement Valls fait les gros titres : elle n’est pourtant qu’une nouvelle illustration, un peu spectaculaire, des contradictions insolubles du socialisme français. La mort d’Ebossé, footballeur camerounais caillassé par des supporters en d’Algérie, signale, elle, l’explosion de la barbarie dans une mondialisation privée de repères.

La sortie de Montebourg à la fête de la rose de Frangy a matérialisé l’éclatement du PS et celui du gouvernement Valls. Et elle confirme les contradictions insolubles de la gauche, cent fois relevées, avec la réalité économique d’une part, et de l’autre avec les exigences des instances mondialistes, auquel Hollande pas plus que Sarkozy ou Merkel ne peut échapper. Avec leur folklore de zozos, Hollande et sa bande avilissent juste un peu plus la fonction politique sans même avoir besoin d’Ice Bucket Challenge.
 

La démission du gouvernement Valls due à des contradictions insolubles

 
Mais la vraie information du week-end, au-delà de la démission du gouvernement Valls, est la mort d’Ebossé, l’étoile camerounaise des JSK, les Jeunesses sportives kabyles, meilleur buteur du championnat d’Algérie, caillassé à mort par ses supporteurs à Tizi Ouzou après sa défaite devant l’USM Alger. C’était « leur joueur préféré ». Détail à noter, il y a eu plusieurs blessés, et la rixe a empêché les secours d’intervenir à temps.
Bien entendu, une enquête a été diligentée par le ministre de l’intérieur, et toutes les autorités compétentes (ou plutôt incompétentes) dénoncent la « honte », la « catastrophe », la violence qui « n’a pas sa place dans le football africain ». Le ministre des sports a ajouté le mot « crime », demandant que les responsables soient « sévèrement punis ». La FAF notamment, la Fédération algérienne de football, devra rendre des comptes.
Pourtant, d’après les joueurs, de tels comportements sont habituels et généralisés en Algérie. Le caillassage des joueurs est « rituel» même si « on avait jusque-là réussi à éviter » les jets de pierres. Et il ne s’agit pas de simples cailloux mais « de véritables parpaings ».
 

La mort d’Ebossé, signal du mélange postmoderne des barbaries

 
Bref, la mort de cet étranger n’est pas un simple malheur, mais la conséquence d’un système où « les stades servent d’exutoire à la colère des jeunes ». Autrement dit, l’étonnant est que le sang n’ait pas coulé plus tôt. On arrive au moment où le sport devient létal, comme dans ces anticipations tirées de l’antique du type Rollerball. La mort d’Ebossé est le signe d’une fin de civilisation. Symboliquement, elle a eu lieu au stade du Premier novembre 1954 qui commémore la libération qu’aurait prétendument été la fin de la colonisation française. Libération, en fait, des instincts les plus cruels des hommes : avant que Saint Augustin, évêque d’Hypone, actuellement Anaba, ne la civilise, la Numidie s’illustra par les barbaries d’un Jugurtha, symétriques à celle de la Rome païenne. L’Occident chrétien y a importé ses jeux sans assumer jusqu’au bout son devoir de civilisation : le pays se débat aujourd’hui dans ces contradictions insolubles, qui préfigurent les multiples barbaries de la mondialisation, dont le hooliganisme sans frontières est un fleuron.
Pendant ce temps-là, un supporteur japonais a été banni à vie par son club pour avoir agité une banane devant le Brésilien Renato. Ça, c’est grave.