La diffusion de la presse magazine, miroir de la droitisation de la France

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Yves de Kerdrel, directeur général du groupe Valmonde et propriétaire de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, à Paris le 23 septembre 2016.

 
La diffusion des magazines d’information en France est un indicateur précieux pour appréhender l’évolution de l’opinion. Acheter un journal, sous la forme papier ou numérisée, est un acte volontaire qui démontre un réel engagement du lecteur. Les derniers chiffres de diffusion payée en France livrés par l’ACPM, l’ancien OJD, organisme officieux de justification de la diffusion et, désormais, de l’audience (diffusion multipliée par le nombre moyen de lecteurs par exemplaire) sont révélateurs. Malgré les divers aléas commerciaux, et en particulier les évolutions des ventes en nombre qui affectent de façon souvent aléatoire les chiffres de diffusion payante, la tendance démontre une évolution profonde de l’opinion délaissant la doxa de gauche. Un organe d’information est, rappelons-le, d’abord un contenu culturel et politique avant d’être un support publicitaire.
 

Le droitier Valeurs Actuelles fait exception dans les chiffres de diffusion de la presse magazine

 
Les chiffres semestriels livrés par l’ACPM sont les suivants. L’hebdomadaire d’information générale (newsmagazine pour les professionnels anglomaniaques) Valeurs Actuelles poursuit sa puissante croissance avec une diffusion en progression de 5,01 %, à 118.753 exemplaires en moyenne par livraison. Dans le contexte d’une presse imprimée en baisse globale de 2 %, c’est de toute évidence un chiffre exceptionnel. L’orientation droitière, conservatrice et ouverte aux débats avec la base catholique plus qu’aux hiérarques à la langue de buis sont clairement à l’origine de cette performance.
 
A l’inverse, la presse magazine d’information générale inféodée à la pensée unique, au politiquement correct et aux théories du journalisme « sociétal » s’effondre littéralement. C’est particulièrement le cas de L’Express, toujours mené par le pontifiant Christophe Barbier, qui dévisse de… 22,52 % à 300.120 exemplaires.
 

Le tournant malheureux du Point

 
Le Point, jadis issu d’une scission de la rédaction du précédent menée par Claude Imbert, journaliste épris d’un honnête conservatisme de bon sens, puis longtemps dirigé par le très germanopratin Franz-Olivier Giesbert qui vient de tirer sa révérence devant l’ampleur des dégâts, dégringole de 7,73 % à 348.791 exemplaires. Le virage libéral-bobo imprimé par Giesbert a probablement été vécu par de nombreux lecteurs comme une forme d’abandon. Au bénéfice de Valeurs Actuelles, peut-on déduire de cette série de chiffres.
 
Mais il en reste un, dont nous n’avons pas encore parlé. C’est feu Le Nouvel Observateur, organe central du socialisme béat, de la gauche multiculturaliste, maçonnique, bobo, caviar et nihiliste, devenu par un choix inexplicable L’Obs. Voici qu’il ne figure même pas dans la liste des derniers chiffres de diffusion de l’ACPM ! Lors de la dernière livraison, début 2016 pour les statistiques de l’année 2015, il affichait déjà une chute brutale de 12,96 %, à 414.583 exemplaires. Cette fois-ci l’organisme de certification n’a rien reçu et pourrait radier le magazine de ses listes. Une menace lourde de conséquences pour le budget publicitaire d’un journal emporté par le naufrage idéologique de la gauche française.
 

Droitisation de la France : l’effondrement de l’Obs, futur ex-numéro un ?

 
Entre 2011 et 2015, le Nouvel Observateur devenu L’Obs, est passé de 525.040 exemplaires à 414.583 exemplaires, soit une chute de plus de 21 % de sa diffusion. Malgré les innombrables abonnements de faveur des municipalités, bibliothèques éducatives et autres institutions qui privilégieront toujours ce (futur ex-) numéro un de la diffusion des magazines d’information en France. Et qui se garderont bien d’offrir à leurs lecteurs l’infréquentable Valeurs Actuelles.
 
Notons que le très prudent Figaro Magazine, dont une large part est consacrée à des articles non politiques, baisse de 2,62 % à 395.605 exemplaires, tendance qui est, ni plus ni moins, celle de la presse écrite en général. Les hebdomadaires de la droite radicale, Minute ou Rivarol, n’adhèrent pas à l’ACPM et n’y sont pas référencés, pas plus qu’ils ne publient leurs chiffres de diffusion. A gauche, le Canard Enchaîné, passage obligé pour les règlements de comptes internes à la nomenklatura ce qui rend l’analyse politique moins pertinente, connaît une légère érosion de sa diffusion sur le long terme, passée de 420.276 exemplaires en 2005 à 392.214 en 2015, soit une baisse de 6,7 % en dix ans. Mais les chiffres, qu’il fournit lui-même hors ACPM, sont erratiques. Sur cinq ans, après un plus haut de 504.748 exemplaires en 2011, année préélectorale il est vrai, sa diffusion baisse de 22,3 %.
 

Matthieu Lenoir