L’Etat islamique toujours financé et renforcé par la vente du pétrole exploité en Irak et en Syrie

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Dans l’est de la Syrie, les camions s’alignent sur des kilomètres pour aller chercher le pétrole de l’Etat islamique, alors même que le groupe est un ennemi bien souvent combattu par ses propres clients. La situation est telle que les habitants n’ont pas le choix. Sans essence, la vie s’arrête dans des villes privées d’électricité ou d’eau comme c’est le cas pour Alep. Et ainsi l’Etat islamique est-il sans cesse renforcé par ces ventes de pétrole exploité là où il règne en maître, en Irak et en Syrie.
 
L’or noir acheté dans les zones où flotte le drapeau noir est facilement revendu, sur les marchés locaux ou par les petits transporteurs eux-mêmes, sur le bord de la route.
 
Lors de la création de leur coalition internationale, les Etats-Unis avaient annoncé que le commerce de pétrole allait être la cible principale des forces militaires. Un an et demi plus tard, il est toujours aussi florissant. Les trafics se poursuivent sans le moindre accroc, permettant la poursuite du financement de l’organisation islamiste.
 

La vente du pétrole d’Irak et de Syrie rapporte chaque jour 1,5 million de dollars à l’Etat islamique

 
On estime que l’exploitation du pétrole rapporte quelque 1,5 million de dollars par jour à l’Etat islamique. Selon la coalition, y toucher s’avère difficile. L’Etat islamique gère huit champs de pétrole : comment détruire le « califat » sans déstabiliser la vie des millions de gens vivant dans les zones qui se trouvent sous son contrôle ? Le prétexte ne convainc guère : le marché noir aurait très vite fait de fournir de nouvelles voies d’approvisionnement et les misères des populations civiles n’ont jamais arrêté les politiques.
 
Quelques tentatives ont été menées par les armées locales et leurs alliés pour mettre fin au trafic.
 
Mais les experts sont formels : malgré tous ces efforts, l’Etat islamique s’est développé comme une compagnie pétrolière d’Etat, et a grandi en taille et en expérience malgré les tentatives de destruction alléguées. Il ne cesse d’embaucher des ouvriers qualifiés et bien payés, des ingénieurs, des formateurs ou des managers. La production et l’exploitation sont prises aux sérieux, et professionnellement menées. Certains spécialistes arrivent même depuis les monarchies pétrolières du Golfe, avec un savoir-faire indispensable.
 

L’Etat islamique financé et renforcé parce qu’on a besoin de son pétrole

 
Le pétrole a toujours fait partie des stratégies de l’Etat islamique pour parvenir à devenir un véritable « Etat ». Son pétrole est aujourd’hui consommé par « sa » population mais également à l’extérieur. Pour y avoir accès, il faut bien passer par Daesh…
 
Le pétrole est d’ailleurs géré au niveau le plus élevé de l’Etat islamique, tout comme les opérations militaires, la grande communication ou la sécurité des opérations, contrairement aux autres domaines traités localement au sein de l’organisation.
 
La gestion de l’exploitation et de la vente du pétrole est gérée par l’Amniyat, la police secrète de l’Etat islamique, qui s’assure que les revenus arrivent bien là où ils doivent arriver. Personne n’a très envie de goûter à leurs atroces châtiments.
 
Depuis peu, les chauffeurs qui viennent régulièrement chercher de l’essence sont même enregistrés dans une base de données avec la capacité de leur camion, pour plus d’efficacité.
 
La seule menace pour l’Etat islamique est aujourd’hui l’état des raffineries qu’il possède, souvent assez vétuste. Mais en attendant, la production est massive, et la demande permanente.
 

Béatrice Romée