Des femmes attaquées par des gourous en Inde pour avoir prié au temple

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L’une des victimes.

 
Cela fait des mois que les femmes de la brigade Bhumata Ranragini – les « guerrières de la Terre mère » — réclamaient le droit de pouvoir prier au temple hindou de Mahalaxmi Kolhapour, à Maharastra en Inde, au cœur du sanctuaire qui abrite une statue de divinité. Pour la première fois dans son histoire, elles ont pu y pénétrer le 13 avril à la faveur d’un jugement de la Haute Cour de Bombay reconnaissant le droit des femmes de ne pas subir de discrimination. Elles devaient y pénétrer sous surveillance policière, par groupes de quatre. Le soir même, certaines d’entre elles ont été tabassées par des gourous et des fidèles, « coupables » qu’elles étaient de ne pas porter le sari, le vêtement traditionnel des femmes hindoues.
 
Trupti Desai, la dirigeante du groupe, est désormais hospitalisée, victime de blessures et de contusions heureusement sans gravité. Mais au moment de l’attaque, elle a eu très peur : les gourous et d’autres hommes lui ont tiré les cheveux et saisi ses vêtements. Elle raconte : « Je pensais qu’ils voulaient me tuer. Ils se sont jetés contre nous en hurlant : “Ne les laissez pas sortir d’ici vivantes !” »
 

Les femmes ont obtenu le droit de prier au temple en Inde

 
La victoire obtenue au bout de mois de protestations publiques prend ainsi un goût amer. C’est dans l’ensemble des temples hindous que les femmes n’ont pas le droit de pénétrer dans la partie intérieure des édifices, où les fidèles sont censés pouvoir apercevoir, à l’occasion, une « divinité ». Toutes les femmes âgées de 10 à 50 ans, en âge d’avoir des enfants, s’en voient interdire l’entrée au motif qu’elles sont considérées impures aux yeux des divinités.
 
La Haute Cour de Bombay vient de reconnaître leurs droits d’entrée au temple au motif que nul ne doit pouvoir les empêcher de pratiquer librement leur religion, et ce sous peine d’emprisonnement de six mois.
 
Ce jugement s’inscrit dans un cadre plus large d’autres procédures qui semblent vouloir tourner à l’avantage des femmes. Ainsi il y a quelques jours, la Cour suprême de l’Inde a invité les autorités d’un autre temple hindou, Sabarimala Ayyappa à Kerala, à s’expliquer sur les raisons des restrictions à l’égard des fidèles. Lesdites autorités s’étaient signalées en déclarant qu’il fallait inventer une machine capable de déterminer si les femmes sont « pures ».
 

Refusant de porter le sari, ces femmes sont attaquées par des gourous hindous

 
Dans le cas de Mahalaxmi Kolhapour, les femmes avaient obtenu le droit de se rendre au cœur du temple à condition de porter le sari, cette robe longue et tellement élégante qui recouvre les femmes indiennes jusqu’aux chevilles. Plusieurs membres du groupe avaient choisi de se revêtir plutôt du salwar kameez, un autre vêtement traditionnel féminin : c’est la chemise qui descend sous les hanches et se porte sur un pantalon. Celles-ci ont été retenues par la police ; ce sont elles qui sont revenues le soir pour braver l’interdit, et qui ont été agressées.
 
C’est bien sûr au nom des droits occidentaux comme la liberté de pratiquer la religion ou l’égal respect des hommes et des femmes que ces femmes hindoues essaient d’obtenir une modification de la structure traditionnelle de leur religion orientale. Ce n’est pourtant pas en modifiant une croyance erronée et des pratiques qui nous semblent d’un autre âge qu’elles atteindront la vérité qui libère véritablement. En revanche leur démarche se situe bien dans une logique de relativisation générale des croyances traditionnelles.
 

Anne Dolhein