Greenpeace se précipite sur un cas de cancer à Fukushima pour attaquer le nucléaire

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Les activistes de Greepeace n’ont pas perdu de temps : un ouvrier de Fukushima vient de découvrir qu’il avait un cancer ; pour l’association écologiste, c’est une preuve suffisante de la nocivité absolue du nucléaire.
 
Mardi, cet homme de 41 ans est devenu le premier ouvrier de Fukushima à être atteint d’une leucémie officiellement causée, selon le ministère japonais de la santé, par les radiations nucléaires. Cet homme faisait partie des 45.000 ouvriers envoyés après le tsunami destructeur pour nettoyer le site.
 
Pour Greenpeace, la maladie de ce pauvre homme est « un coup massif » porté contre l’industrie nucléaire. Mais les cancérologues et spécialistes de la maladie sont nettement plus prudents dans leurs conclusions et s’étonnent d’une telle précipitation.
 
Mais rien n’arrête Greenpeace, et certainement pas la prudence : l’association a immédiatement accusé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et les autorités japonaises d’avoir affirmé trop tôt que la présence sur le site de Fukushima n’aurait pas d’impact sur la santé.
 

Pour Greenpeace, un cas de cancer à Fukushima est « un coup massif » porté au nucléaire

 
Dans un communiqué, la branche japonaise de l’association internationale écrit : « C’est un coup massif porté à l’AIEA, qui affirmait en septembre qu’aucun effet sanitaire négatif causé par l’exposition aux radiations provoquées par l’accident n’était à prévoir. »
 
Jan Vande Putte, un expert en radiation attaché à la branche belge de Greenpeace, formule la même accusation et encourage les autorités à prendre leurs responsabilités : « L’affirmation lancée par l’AIEA selon laquelle le désastre de Fukushima n’aurait aucun effet négatif sur la santé était clairement prématuré. Les impacts tant des fuites initiales que de la crise nucléaire en cours doivent encore être attendus, comme nous le montre l’exemple historique de Tchernobyl. Greepeace appelle l’AIEA et les autorités japonaises à retirer leur déclaration sans fondement et non scientifique. » Pour lui, nier « la réalité » des conséquences désastreuses pour les ouvriers et les citoyens, c’est les empêcher de réclamer justice « pour eux-mêmes et pour leurs familles ».
 

Greenpeace de précipite sur une information incertaine pour attaquer le nucléaire dans son ensemble

 
Dix autres ouvriers ont déjà porté plainte contre l’opérateur de la centrale, la Tokyo Electric Power Company (Tepco) : sept cas ont été rejetés tandis que les trois autres sont toujours en cours d’examen.
 
Pourtant, les experts en cancérologie affirment qu’onze cas de cancer sur un groupe de 45.000 personnes pendant quatre ans relève de la moyenne normale. Au Japon, il existe en moyenne 217,11 nouveau cas de cancer pour 100.000 personnes chaque année, selon l’agence du cancer de l’Organisation mondiale de la Santé. Rien d’anormal à Fukushima, donc.
 
D’autres ont précisé que l’exposition très faible des ouvriers aux radiations était peu susceptible d’avoir des conséquences. Pour Gerry Thomas, professeur de pathologie moléculaire à l’Université de Londres, la décision du ministère japonais de la santé de reconnaître ce cancer comme une conséquence de l’exposition aux radiations nucléaires est étonnante : « Etant données les faibles doses auxquelles les ouvriers ont été exposés, le risque est très faible et il serait très difficile d’être certain que la maladie est la conséquence des radiations et non d’autres facteurs. »
 
La société Tecpo a refusé de commenter la décision du ministère japonais. Son porte-parole a simplement annoncé que la société allait continuer à réduire les radiations et l’exposition des ouvriers à ces radiations.
 

Béatrice Romée