La fraude du Parlement européen pour enclencher la procédure de sanctions contre la Hongrie sous le régime de l’article 7 du traité sur l’UE

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Pour adopter le lancement d’une procédure de sanctions contre la Hongrie pour atteinte à la démocratie et à l’état de droit, comme il l’a fait mercredi, le Parlement européen viole lui-même les règles de l’état de droit. Le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne est très clair pour le vote au PE d’une telle procédure : « Aux fins de l’article 7 du traité sur l’Union européenne, le Parlement européen statue à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés, représentant la majorité des membres qui le composent. » Or sur 693 votes exprimés lors du fameux vote de mercredi, il y a eu exactement 448 votes en faveur de la procédure de l’article 7 du Traité sur l’UE, soit… 65 % des voix. Avec 197 voix contre et 48 abstentions, le compte n’y est pas, car il aurait fallu 462 voix pour les sanctions : il en a manqué 14. Qu’à cela ne tienne ! Comme elle l’avait déjà fait pour un vote contre la Pologne, la présidence du PE a décidé de s’asseoir sur les traités européens et d’exclure les abstentions du calcul des votes exprimés. Ce n’est donc pas une surprise si le gouvernement de Viktor Orbán crie à la tricherie et conteste la légalité de la procédure engagée.
 
Cela commence à devenir une fâcheuse habitude pour les instances bruxelloises, volontiers donneuses de leçon de démocratie et d’état de droit, de violer elles-mêmes les règles quand cela les arrange.
 

Une procédure sous le régime de l’article 7 qui n’a aucune chance d’aboutir

 
La procédure sera donc engagée malgré tout, sauf si la Hongrie parvient à la faire invalider devant la Cour de Justice de l’UE, et le Conseil européen aura donc à juger de l’existence d’un risque pour la démocratie et l’état de droit à la fois en Hongrie et en Pologne. Ces procédures n’aboutiront bien entendu jamais puisqu’il faut au final un vote unanime de tous les pays sauf le pays incriminé. Dans la procédure concernant la Pologne, celle-ci aura forcément au moins le soutien de la Hongrie, et vice-versa. On entend malgré tout parler d’une procédure possible au titre de l’article 7 contre la… Roumanie. Les eurocrates et leurs amis européistes voudraient saborder l’UE qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.
 

Objectif : punir les électeurs hongrois d’avoir mal voté en avril

 
Les élites éclairées bruxelloises n’aiment pas la démocratie quand elle donne réellement la parole au peuple, elles viennent de le prouver une fois de plus. Rappelons en effet que le rapport de l’élue « verte » néerlandaise Sargentini, qui a servi de base au « débat » de mardi sur la Hongrie et au vote de mercredi, avait été présenté pour la première fois devant la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) quatre jours après les dernières élections législatives hongroises. Ce rapport demandait à la majorité Fidesz de revenir sur ses réformes alors que celles-ci venaient d’être approuvées massivement par les électeurs ! Il faut croire que les auteurs du projet de résolution attendaient de voir si les citoyens hongrois allaient bien ou mal voter avant de démarrer la procédure de sanctions.
 
Le député polonais du PiS Ryszard Legutko, qui s’exprimait mardi au nom du groupe des Conservateurs et réformistes européens (qui rassemble notamment le PiS et les Tories britanniques) a ironisé ainsi : « Depuis bientôt dix ans, le gouvernement du Fidesz bénéficie d’un énorme soutien. Il a été dit aujourd’hui que ce n’est pas une attaque contre la société hongroise mais contre le gouvernement hongrois. Pourtant, ce gouvernement a été choisi par quelqu’un et ce quelqu’un, ce n’était pas Blanche Neige et les sept nains. Si ce gouvernement vous déplaît, renversez-le et mettez à sa place quelqu’un de l’extérieur. Je pense que M. Timmermans prendrait volontiers cette charge. Et quand vous aurez fait cela, faites la même chose avec la Pologne, cela résoudra tous les problèmes. »
 

Le problème de la Commission européenne et du Parlement européen avec la démocratie et l’état de droit

 
Le Britannique Nigel Farage n’a pas manqué lors du débat de rappeler au socialiste néerlandais Timmermans, premier vice-président de la Commission européenne chargé de l’Amélioration de la législation, des Relations inter-institutionnelles, de l’état de droit et de la Charte des droits fondamentaux, qui était présent, la manière dont les règles ont été violées pour faire du bras droit de Juncker le secrétaire général de la Commission européenne. Ce scandale n’aurait en effet pas pu se dérouler sans l’aval de Timmermans.
 
Un autre exemple du manque de respect de la démocratie par les institutions européennes, c’est le temps de parole octroyé à Viktor Orbán lui-même pour présenter sa défense : 11 minutes. Le site Visegrád Post, qui a publié hier une analyse très instructive des votes, fait remarquer qu’un autre chef de gouvernement avait été convié le même jour pour un autre débat et qu’il avait pu, lui, s’exprimer pendant près d’une heure en tout. Il s’agissait du Premier ministre grec d’extrême gauche Alexis Tsipras. Le Premier ministre hongrois savait que le vote était bouclé d’avance – il l’a dit – mais cela ne l’a pas empêché d’assurer que les Hongrois continueraient de défendre leurs frontières et leurs droits, y compris contre la majorité immigrationniste du Parlement européen.
 
https://www.facebook.com/visegradpostfr/videos/2201386996852762/
 
(L’intervention sous-titrée de Viktor Orbán devant le Parlement européen)
 

Les partenaires des coalitions gouvernementales en Italie et en Autriche divisés sur les sanctions contre la Hongrie

 
Le Parti populaire européen (PPE) dont font partie les députés du Fidesz s’est scindé en deux sur ce vote et les LR français n’ont été que 9 sur 20 à voter pour le rapport Sargentini. C’est déjà un progrès par rapport aux votes précédents contre la Pologne. La délégation RN a massivement voté contre ce rapport. Chez les Italiens, le M5S a confirmé son idéologie immigrationniste en soutenant la procédure de sanctions au prétexte que la Hongrie refuse la relocalisation des migrants. La Ligue a bien entendu voté contre les sanctions puisqu’elle approuve les politiques mises en œuvre par le Fidesz. Pour ce qui est des Autrichiens, le FPÖ s’est montré solidaire de la Hongrie mais pas son partenaire au sein de la coalition gouvernementale, l’ÖVP du chancelier Sebastian Kurz. Le chef de la délégation de ce parti au PE l’a dit : « Notre Europe est celle de Juncker, pas celle d’Orbán ».
 
A bon entendeur, salut !
 
Le mot de la fin pour l’accusé : « Nous Hongrois sommes prêts pour les élections européennes de l’an prochain, où enfin les gens pourront décider du futur de l’Europe, et pourront ramener la démocratie dans la politique européenne. »
 

Olivier Bault