Israël, l’allié des Etats-Unis au Proche-Orient, soigne les combattants d’Al-Qaïda

Israël soigne combattants Al Qaïda
Commando israélien au secours de combattants syriens blessés le long de la frontière.

 
Le plus proche allié des Etats-Unis au Proche Orient, Israël, ne cache pas son aide médicale apportée aux combattants du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, dont les blessés sont déposés chaque nuit à la frontière syro-israélienne, face au plateau du Golan. Au contraire, Tel-Aviv invite les médias occidentaux à s’immerger au cœur de son action humanitaire, comme les journalistes britanniques du Daily Mail, afin de filmer le sauvetage de ces « ennemis jurés ». Le reportage britannique publié le 12 décembre montre la périlleuse mission de récupération d’un combattant d’Al-Qaïda en lutte contre le régime de Bashar al-Assad, avec force moyens militaires. Pourquoi le meilleur allié des Etats-Unis vient-il donc si ouvertement en aide à des groupes armés appartenant à la même mouvance que ceux qui ont perpétré les attentats du World Trade Center, le 11 septembre 2001 ?
 

Israël pactise avec le diable Al-Qaïda

 
Le reportage mis en ligne n’est qu’un exemple de l’aide médicale apportée depuis trois ans aux membres d’Al-Qaïda, pour un coût avoisinant les 13 millions de dollars. Plus de 2.000 Syriens ont ainsi été soignés. 80 % d’entre eux sont des hommes jeunes en âge de combattre, le reste étant des civils. Les blessés sont traînés de la frontière barbelée jusqu’à un véhicule blindé où ils reçoivent les premiers soins d’urgence, avant d’être transportés vers les hôpitaux israéliens, tel le Rambam Medical Centre de Haifa, qu’ils soient « sunnites modérés » ou djihadistes. Il semblerait qu’Israël ait conclu un pacte avec le diable en venant en aide aux factions sunnites qui combattent le régime syrien.
 

Soigner les combattants d’Al-Qaïda ? Une mission d’ordre humanitaire pour Israël

 
Pour Tel-Aviv la mission est strictement à but humanitaire, à l’instar d’un engagement mondial des médecins israéliens dont on retrouve les équipes de secours depuis le Népal jusqu’en Haïti. L’Etat hébreu met en avant le fait que ses médecins soignent aussi ceux qui veulent l’abattre : le beau-frère du président palestinien Mahmoud Abbas ou encore la sœur du leader du Hamas, Ismail Haniyeh ont été soignés sur le sol israélien.
 
Mais les analystes ne croient guère à une opération pro bono, surtout dans une région aussi dure où tout est sujet à contrepartie. Alors, vaste propagande en faveur de l’image de marque d’Israël ou tentative d’achat d’une certaine paix au Proche-Orient ?
 

Al-Qaïda et Israël contre l’alliance chiite

 
Israël est déjà en butte à une épidémie de poignardages sur son territoire et essuie toujours des tirs de roquettes sporadiques depuis la bande de Gaza. Aussi, pour certains experts, semble-t-il souhaiter éviter tout embrasement sur sa frontière nord. Pour d’autres en revanche, Israël poursuivrait des ambitions géopolitiques beaucoup plus terre-à-terre. Tel-Aviv ne veut pas que le Hezbollah prenne le pouvoir de l’autre côté de la frontière, alors que les combattants sunnites syriens combattent aussi le Hezbollah. Ils se retrouvent alliés de fait contre le croissant chiite qui regroupe l’Iran, le Hezbollah et l’armée de Bachar al-Assad.
 
Cette alliance constitue une menace bien plus grande pour Israël que quelques milliers de combattants même sunnites, qui par ailleurs peuvent apporter des renseignements sur la Syrie aux services israéliens déjà bien informés. Il est intéressant de noter à ce propos les déclarations d’un porte-parole israélien confirmant qu’aucun soin n’a été prodigué à un quelconque militant de l’alliance chiite. Avec la disparition du Hezbollah, l’Iran tant honni par Israël n’existera plus dans la région. L’aide humanitaire revendiquée par Tel-Aviv serait dès lors une couverture bien commode et peu susceptible de réprobation pour réaliser des objectifs stratégiques mutuels.
 

La politique des Etats-Unis au Proche-Orient contestée

 
A la lumière de ces analyses, comment les Etats-Unis peuvent-ils encore continuer leurs relations de proximité avec Israël sans craindre pour la sécurité de leurs troupes dans la région ou de leurs citoyens sur le sol américain, demandent des groupes conservateurs américains. Le Congrès décidera-t-il de cesser de verser annuellement des milliards de dollars à l’Etat hébreu sur les dos des contribuables américains, au risque de financer indirectement Al-Qaïda ? Les Etats-Unis ne sont-ils pas en train d’imiter leur allié du Proche-Orient en jouant double jeu, soutenant à la fois Israël et les terroristes en vue de préparer l’après-Assad ?
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle