GUERRE La bataille de la montagne du tigre ♥♥


 
La bataille de la montagne du tigre est un film de guerre chinois. Il faut le voir dans toute la mesure du possible en mandarin, très bien prononcé dans le film (contrairement aux productions de Hong-Kong), excellent pour les apprentis sinisants. En 1946, un bataillon de l’armée chinoise, en Mandchourie du Nord, près de la frontière soviétique, affronte une petite armée de bandits. Le message explicite est celui du pur patriotisme chinois. Les villageois locaux doivent être protégés des bandits et la patrie mise à l’abri, par la stabilité et l’unité, de toute menace russe ou japonaise. L’action se situe en effet un an après la capitulation de septembre 1945, qui a mis fin à presque quinze ans d’occupation nipponne en Mandchourie. Le spectacle, aux confins du film de guerre et du western, fonctionne parfaitement, distrait les amateurs. Le réalisme est certes plus que relatif en bien des scènes, mais les armes et le contexte ne sont pas absurdes.
 

La bataille de la montagne du tigre

 
Au second degré, La bataille de la montagne du tigre ne présente pas d’intérêt particulièr. Quel message en effet véhicule ce film produit en Chine ? Un patriotisme intransigeant, l’éloge de l’honnêteté, du courage, des valeurs familiales… Elles sont d’ailleurs universelles, contrairement aux théories des folies déconstructrices, type gender. Il n’y a rien, strictement rien d’explicitement communiste dans le film. L’APL (Armée Populaire de Libération) de 1946, bras armé des communistes chinois, est simplement décrite comme d’un patriotisme intransigeant, à opposer aux nationalistes, compromis avec les bandits. Il n’est fait aucune mention non plus de Mao Zedong. On en conclut que le communisme strict a été un échec, chose implicitement admise par ces silences assourdissants. Pourtant la Chine n’en est aucunement débarrassée, le Parti contrôlant la totalité de la société et en particulier l’économie par le biais d’oligarques aux fortunes colossales. C’est le concept de socialisme de marché. La vie politique et religieuse est également complètement bridée : rappelons le planning familial imposé, des persécutions religieuses et la « démocratie chinoise » à Hong Kong. Si l’on veut bien garder ces choses à l’esprit, le film reste un spectacle réussi.
 

Hector Jovien