Manifestations contre les ayatollahs en Iran : certains réclament le retour du chah Reza Pahlavi

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Près de quarante ans après la révolution islamique (appuyée par l’URSS) qui a renversé la monarchie en Iran et l’a remplacée par le régime théocratique des ayatollahs et la charia, l’on voit apparaître dans les récentes manifestations antigouvernementales des slogans en faveur d’un retour du chah. Il semblerait, d’après le Telegraph, que certains membres de la jeune génération, qui n’ont pas connu le règne du dernier chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi, en veuillent aujourd’hui à leurs parents pour leur rôle dans la révolution iranienne de 1979 ! Reza chah Pahlavi, héritier du trône perse, se voit-il en nouveau chah d’Iran ? « Mon seul souci aujourd’hui est de prendre la tête d’un mouvement vers la révolution et le renversement du régime actuel », se défend-il, et « Seul un processus démocratique peut décider de la forme finale que prendra le nouveau système ».
 

Le retour du chah Reza Pahlavi, revendication entendue lors des manifestations en Iran

 
Avec les répressions et les arrestations, les manifestations semblent toutefois s’être calmées, mais Reza Pahlavi, installé au Maryland aux Etats-Unis où il mène un mouvement d’opposition, se dit plein d’espoir : « C’est le début d’une révolution, j’en suis sûr, et les révolutions ne se font pas du jour au lendemain. Regardez celle de 1979, elle a mis un an pour arriver à son point culminant. Ces mouvements ont des hauts et des bas, mais nous devons être patients. J’attends déjà depuis 38 ans. » Car le fils aîné du dernier chah d’Iran est persuadé que les manifestations de ces derniers temps sont différentes du « mouvement vert », ces émeutes de 2009 causées par ce que l’opposition réformiste avait considéré comme une élection frauduleuse destinée à maintenir au pouvoir le président Mahmoud Ahmadinejad. A l’époque, les leaders du mouvement insistaient pour dire que leur but n’était pas de renverser la République islamique. Aujourd’hui, écrit le Telegraph, la foule crie « Mort au dictateur ».
 
Pour Reza Pahlavi, les élections présidentielles en Iran n’ont rien de démocratique puisque seuls des candidats approuvés à l’avance par le pouvoir islamique peuvent concourir et les électeurs ne peuvent donc choisir que le moins mauvais des candidats proposés par les ayatollahs. « Les gens pensaient que cette fois [le président] Rohani pourrait faire des réformes. Après tout, c’est ce qu’il avait promis », dit l’héritier du trône perse, « mais les réformes n’ont pas eu lieu et les gens ont perdu toute illusion, ils ont perdu tout espoir que le régime actuel puisse être réformable. »
 

Contre les ayatollahs et la charia en Iran, certains sont prêts à accueillir le chah Reza Pahlavi

 
Les partisans du chah en Iran font remarquer qu’à l’époque de la monarchie le pays avait de bonnes relations avec l’Occident, qu’il jouissait d’une économie forte et s’industrialisait rapidement. La jeune génération – qui ne l’a jamais connu – ne voit plus l’ancien chah comme un dictateur, mais ceux qui ont ouvertement demandé le retour de la dynastie Pahlavi lors des manifestations récentes restaient minoritaires.
 
Selon le Telegraph, l’intelligentsia de Téhéran conserve une opinion défavorable de la monarchie, de même que les catégories plus âgées de la population qui se souviendraient encore ce que l’on reprochait à la famille royale dans les années 1970 : excès, corruption, inféodation aux puissances étrangères. Et une répression brutale de la police secrète du chah dans le cadre de sa lutte contre les communistes et les islamistes. Car un anticommuniste ne saurait être un chef d’Etat recommandable.
 
Un spécialiste de l’Iran cité par le Telegraph estime toutefois que les jeunes Iraniens ont tendance à ne pas voir le chah tel qu’il était réellement mais tel qu’ils voudraient qu’il ait été : le chah représente à leurs yeux tout ce que l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, n’est pas, et c’est déjà beaucoup !
 

Olivier Bault