Les évêques d’Amérique latine dénoncent : « L’avortement de bébés atteints de microcéphalie ne guérit pas du virus Zika »

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Épandage d’insecticide dans une école du Venezuela pour lutter contre le virus Zika. Malheureusement, de l’insecticide à l’avortement, il n’y a qu’un pas à franchir pour ceux qui s’opposent à la vie.

 
L’utilisation de l’épidémie du virus Zika pour imposer à l’Amérique latine une libéralisation de ses lois pénalisant l’avortement a provoqué une réaction nette de la part des évêques catholiques du continent. Le cardinal Oscar Maradiaga, du Honduras – membre de la garde rapprochée du pape François – a rejeté l’idée qu’un avortement puisse être « thérapeutique », ou qu’il puisse constituer une solution au problème d’un virus soupçonné de provoquer la microcéphalie : « L’avortement thérapeutique n’existe pas. “Thérapeutique” désigne ce qui guérit, et l’avortement ne guérit rien du tout. L’avortement arrache des vies innocentes », a-t-il déclaré.
 

Cardinaux et évêques dénoncent les pressions pour la légalisation de l’avortement

 
L’archevêque de São Paulo au Bresil, le cardinal Odilo Sherer, a mis en évidence le caractère eugénique des avortements préconisés en cas de dépistage de microcéphalie de l’enfant : « Je crois que si l’humanité prend le chemin de privilégier seulement ceux qui sont en bonne santé, forts et puissants, nous nous dirigerons tout droit vers l’eugénisme. La loi de l’eugénisme, c’est d’éliminer. Ce raisonnement rapporté à l’être humain est absolument indigne d’une civilisation », a-t-il déclaré à la BBC, rappelant que l’éventuelle anomalie d’un fœtus est possible lors de toute grossesse, mais qu’il s’agit toujours d’un « être humain depuis le premier instant de sa conception ».
 
La Conférence des évêques du Brésil a indiqué qu’en tout état de cause, le lien possible entre le virus Zika et la microcéphalie « n’est pas une justification pour la défense de l’avortement », accusant ouvertement l’organisation qui a porté cette question devant le Tribunal fédéral suprême du Brésil d’un « total manque de respect à l’égard du don de la vie ». Elle appelle plutôt les autorités à intensifier la lutte contre le moustique aèdes aegypti, vecteur du virus Zika mais aussi de la dengue et du chikungunya, et à venir en aide aux bébés qui viennent au monde atteints de microcéphalie, ainsi qu’à leurs familles, en soulignant que la corrélation n’est pas certaine entre le virus et cette affection.
 

Le virus Zika provoque-t-il la microcéphalie ? 709 cas écartés au Brésil

 
On en sait davantage, par ailleurs, sur les cas de microcéphalie annoncés par les autorités sanitaires au Brésil qui avançaient un chiffre exceptionnel de quelque 4.000 cas. Elles enquêtent actuellement sur 3.670 cas signalés dans le pays. Sur le total, elles ont à ce jour pu établir que 404 d’entre eux correspondent à un diagnostic de microcéphalie ou bien d’une autre altération du système nerveux central ; 17 cas sur ces 404 sont effectivement liés au virus Zika, ont-elles précisé. 709 cas ont d’ores et déjà été écartés.
 
Il faut savoir que la microcéphalie ne se diagnostique pas avant quelque 30 semaines de grossesse : la presse colombienne rapporte qu’un premier enfant atteint vient d’être avorté dans le pays à 32 semaines. Le ministre de la santé de Colombie, Alejandro Gaviria, a beau être favorable à l’avortement libre, il a déclaré que cette pratique « ne doit pas être appliquée en tant que mesure préventive générale ». « Je ne crois pas que ce soit une recommandation de santé publique acceptable », a-t-il ajouté, signalant que de tels avortements n’entrent pas dans les « exceptions » mises en place par la Cour constitutionnelle.
 

L’Amérique latine invitée à reconnaître un « droit à l’avortement »

 
C’est pourtant tout le sens des interventions des organisations internationales dont le discours vise aujourd’hui à la fois la libéralisation de l’avortement tardif en cas de microcéphalie, la diffusion de la contraception et même un droit plus général à l’avortement du premier trimestre – avant même la possibilité d’un diagnostic, par conséquent.
 
Le Haut commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Zeid Ra’ad Al Hussein, vient ainsi de demander l’accès de toutes les femmes aux services de « santé reproductive » dans les pays d’Amérique, désignant notamment celui à l’avortement « dans le cadre de la loi », tandis que la porte-parole de cette même organisation de l’ONU, Cécile Pouilly, a formulé la demande de manière encore plus explicite.
 
« Nous demandons aux gouvernements qu’ils rétractent et changent ces lois… Non seulement elles ne permettent pas (aux femmes) d’accéder à toute l’information disponible, mais elles les privent aussi de la possibilité de mettre fin à leurs grossesses si c’est ce qu’elles désirent », a-t-elle dit, se joignant au concert de plusieurs organismes comme la Fédération internationale du Planning familial qui réclament le « droit à l’avortement ».
 

Anne Dolhein