Le point de vue des « migrants » musulmans

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L’Europe subit de plusieurs mois un phénomène de vagues de migrations massives en provenance de tout le continent africain, à travers la Méditerranée, et surtout du Moyen-Orient, de la Syrie à l’Afghanistan, suivant les routes traditionnelles d’invasion des Balkans utilisées par les Turcs ottomans du XIVème au XVIIIème siècle.
 
On parle à ce titre de crise de « migrants ». Ce glissement sémantique est tout sauf innocent et veut éviter la définition exacte d’« immigration clandestine ». Actuellement, la propagande massive et désinformatrice tient à promouvoir, plus encore que « migrants », le terme de « réfugiés ». Ce dernier vocable impose des obligations aux Etats membres de l’ONU, dont font partie tous les Etats de l’Europe, y compris la Suisse, depuis 2002. Un réfugié, pour bénéficier de ce statut, doit craindre pour sa vie dans son pays de départ effectif. Les clandestins levantins, qui déferlent actuellement sur l’Europe, proviennent massivement de camps de réfugiés situés en Turquie, ou de l’ensemble du territoire turc. Or, chose heureuse, les réfugiés syriens, qui peuvent peut-être craindre pour leur vie en Syrie, résident en toute sécurité en Turquie. Craignent-ils d’ailleurs vraiment pour leur vie en Syrie s’agissant, pour la grande masse des immigrés clandestins, de musulmans sunnites ? Le Califat de Mossoul est certainement pénible et entend exterminer Chrétiens et Yézidis, mais non les musulmans sunnites, qu’il prétend au pire rééduquer et non tuer. Quoiqu’il en soit, la Turquie est sûre pour eux ; il s’agit donc bien d’immigrés clandestins, et certainement pas de réfugiés en Europe.
 
Les hommes d’Eglise, de façon très générale, encouragent aujourd’hui l’accueil des « réfugiés ». Il y a donc déjà une erreur manifeste, dénoncée par les évêques catholiques de Hongrie, les premiers concernés et observant de visu le phénomène. Cette erreur générale comporte de rares exceptions, comme pour les Chrétiens d’Irak et de Syrie, soit une infime minorité de ces vagues migratoires, d’ailleurs persécutée durant le trajet par les membres de la majorité, souvent islamistes, dans la sensibilité dominante des Frères Musulmans. Il y a aussi des erreurs liées à la méconnaissance volontaire et totale du cadre culturel musulman.
 
Si le point de vue des autorités politiques ou morales des pays d’accueil visés paraît peu pertinent, c’est entre autres causes parce qu’il ignore volontairement et complètement le point de vue des fameux « migrants », qu’il faudrait considérer également. Quel est-il ?
 

PEUT-ON FAIRE L’IMPASSE SUR LA CULTURE MUSULMANE DES MIGRANTS ?

 
Le comportement des immigrés musulmans des années 1970 en France, encore nettement minoritaires dans le pays d’accueil, était différent de celui d’aujourd’hui. L’influence d’un certain libéralisme occidental, héritage de la colonisation, se manifestait malgré tout – quel que soit l’avis que les catholiques puissent poser dessus. Depuis les années 1970-1980, le monde musulman sunnite a subi un véritable retour aux fondamentaux religieux, en suivant les traditions des premiers califes, qui auraient été « bien guidés » par Allah en personne, s’il faut en croire les pieuses légendes musulmanes. L’Histoire a conservé le souvenir de conquérants fort peu délicats. Les descendants de ces premières vagues sont eux-mêmes largement réislamisés, et plus distincts que leurs parents de la société française.
 
Les musulmans, déjà fort nombreux en Europe suite à des siècles d’occupation turque dans les Balkans et à l’immigration massive en cours depuis la seconde moitié du vingtième siècle, déclarent rarement ces choses hors de leur cercle communautaire. Ils mentent largement aux « impies » et en ont parfaitement le droit selon les traditions musulmanes, avec la théorie de la dissimulation ou taqiyya. Tous les discours ouverts, tolérants, claironnés par les médias désinformateurs ne relèvent le plus souvent de cette taqiyya : on s’en rend vite compte lorsque l’on comprend l’arabe, avec un discours dans la langue de Mahomet fort distinct de son adaptation française ou anglaise.
 
Le plus souvent ne signifie pas toujours, on voudra bien le concéder. Il existe certes des musulmans libéraux. Dans le contexte européen, sont même vraiment libéraux, mais ils sont très minoritaires, marginaux, et tiennent lieu de repoussoir aux grandes masses musulmanes installées en Europe. Ils sont facilement qualifiés de « traîtres ». Sur le plan intellectuel, le musulman libéral est avant tout un libéral, voire un maçon, dans un processus de sortie de sa croyance religieuse ancestrale, parallèle à celui observé chez les chrétiens libéraux.
 
Le Califat de Syrie et d’Irak domine la région de départ des « migrants » sunnites. La majorité des départs devrait être liée au peu de perspectives économiques du Califat, ou de la fuite de la conscription pour ces masses d’hommes jeunes et en parfaite santé. Rien n’indique une opposition idéologique. Quel a été le sort des chrétiens dans les terres du Califat ? L’Etat islamique a tout simplement « purifié » – c’est son vocabulaire – son territoire de tous les Nazaréens, par des massacres, expulsions et conversions forcées. Le Califat n’est pas un cas aberrant, outré ou marginal, puisqu’il est également présent en Libye, au Yémen, au Nigéria, en Somalie, en Afghanistan, et dans nos banlieues françaises… Parmi les « migrants » actuels, les forces de police ont déjà arrêté quelques terroristes.
 

RECLAMATIONS AGRESSIVES ET QUESTION DES PROPRIETES

 
Pour les musulmans « orthodoxes », tous les biens du monde sont des dons qu’Allah a faits aux musulmans. Nos biens, en Europe non-musulmane, sont en un sens pris aux musulmans, seuls détenteurs légitimes, ou du moins détenus provisoirement, de manière illégitime, et devront être restitués à leurs légitimes propriétaires. D’où l’attitude a priori surréaliste de tant de « migrants » qui se conduisent en propriétaires furieux devant des voleurs.
 
Selon eux, les êtres humains doivent obéissance à Allah. N’étant pas musulmans, les Européens sont rebelles à Allah et doivent restituer leurs biens, donnés par Allah, aux musulmans, serviteurs d’Allah. Les non-musulmans offensent Allah en ne l’adorant pas. Ils se servent donc chez des criminels – les pires, ceux qui offensent Allah – qu’ils détestent. Les Européens n’auraient peut-être pas volé des musulmans, au sens strict, mais offensé Allah. Ils opéreraient une restitution par rapport à l’offense; ils en sont les bénéficiaires terrestres, au nom d’Allah. Une telle action est tout sauf nouvelle. Sans remonter à Mahomet et aux premiers califes, c’est, par exemple, le point de vue des Tatars de Crimée qui, en pillant Moscou en 1571, ont, dans cette perspective, posé une bonne action.
 

LES MIGRATIONS MASSIVES COMME DJIHAD ?

 
Le djihad, ou guerre sainte musulmane, considéré souvent dans les années 1970 comme un thème d’universitaires spécialisés, de rares médiévistes arabisants s’intéressant à un monde disparu depuis longtemps, est devenu une réalité très actuelle depuis les années 1980. La guerre sainte musulmane sunnite a réussi à triompher de l’URSS en Afghanistan à cette époque. L’URSS, régime communiste, athée, était absolument détestable. Il reste que le gouvernement américain du président Reagan (1981-1989) a joué, pour une bonne cause – vaincre l’URSS – avec le feu et manqué de vision de long terme. Réalisé sous la direction morale et financière de l’allié saoudien, le régime sunnite salafiste le plus dur de l’époque, ce nouveau djihad s’est répandu dans tout le monde musulman, de la Mauritanie à l’Indonésie.
 
Le djihad est désormais connu de tous, dans le monde musulman comme ailleurs. Cette guerre sainte vise à restaurer le pur islam, que certains estiment dévoyé, dans des territoires déjà musulmans, comme le Califat de Mossoul, en Irak ou en Syrie, ou à étendre le territoire de l’islam. Cette extension du territoire musulman peut passer par un djihad classique de conquête armée : ainsi les djihadistes dominent toujours la moitié orientale de la Centrafrique, conquise lors de l’offensive de la SELEKA, en principe dissoute. L’armée française, dans le cadre de Sangaris, veille scrupuleusement au désarmement des milices chrétiennes d’autodéfense à l’ouest, et à l’est laisse ces djihadistes s’imposer sur le territoire conquis, le piller et l’islamiser. Les moyens de l’armée française aujourd’hui sont très limités ; peut-être ne peut-elle pas sauver la Centrafrique, et elle devrait d’abord certainement sauver la France. Mais cette partialité scandaleuse n’est jamais dénoncée.
 
A ce djihad classique, guerrier, que l’art tactique pratiqué soit conventionnel, mixte, ou de guérilla, s’ajoute un djihad non-armé, celui qui mènerait une conquête sans combats sanglants, et dans l’idéal sans combat. Tout ceci paraît tenir de la pure utopie. Quel territoire se laisserait envahir sans se défendre ? Mêmes les Centrafricains, aux moyens dérisoires, se sont défendus. Eh bien l’Union Européenne, en cours d’invasion pacifique, ne se défend pas ! Au contraire la Commission Européenne à Bruxelles, et les principaux Etats, avant tout l’Allemagne, ou la France, promettent de sévères sanctions contre les Etats-membres qui n’acceptent pas d’être envahis pacifiquement, de manière sauvage ou vaguement organisée dans le cadre de « quotas » de migrants, irréalistes au regard des masses humaines concernées.
 
Le but est pourtant de submerger démographiquement l’Europe. Cette dernière financerait elle-même sa disparition, par tous ses dons et aides. Ce suicide collectif absurde manifesterait la volonté d’Allah : il imposerait une telle conduite aux impies, et indiquerait ainsi la voie à suivre à ses fidèles. Le rôle des forces maçonniques, qui manipulent l’islam comme une marionnette pour essayer de détruire l’Eglise, leur échappe totalement.
 
De par leur agressivité, leurs discours, les « migrants » relèvent au minimum de l’univers culturel des Frères Musulmans, sinon franchement de celui du Califat. L’organisation des Frères Musulmans syriens, forte de décennies de lutte, habituées à des encadrements souterrains, discrets, pourrait non seulement se glisser en Europe dans le chaos apparent, mais aussi le diriger. Ce combat permettrait également de prendre une revanche sur la nette défaite subie en Syrie face au Califat.
 

REFUSER L’INVASION PACIFIQUE, RESISTER

 
Le chrétien ne doit pas répondre par une sauvagerie équivalente à celle de l’agresseur, ou par des violences disproportionnées. Mais il doit se défendre. Les vagues de « migrants » doivent être renvoyées dans les pays d’origine, dans des zones sûres de refuge pour civils, civils authentiques, sous protection internationale ou, à défaut, dans des pays proches géographiquement et surtout culturellement.
 
Les Syriens musulmans sunnites doivent donc retourner, sinon en Syrie, du moins en Turquie. Les Pays du Golfe doivent aussi accueillir des migrants sunnites, ce qu’ils refusent absolument sous des prétextes souvent peu crédibles, d’une inexistante différence culturelle à un risque sécuritaire, pourtant faible et gérable.
 

Octave THIBAULT