Toute la mémoire du monde : les mitochondries

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Tout notre corps est formé de cellules centrées par un noyau. Autour, dans ce qui est appelé le cytoplasme, se situent de petits organites appelés mitochondries. Il y a quarante ans les savants considéraient qu’ils étaient une sorte de batterie, de pile électrique donnant l’énergie à la cellule. Avec l’avènement de la génétique une toute autre vision est donnée.
En effet les mitochondries sont indestructibles et se reproduisent elles-mêmes. Elles remonteraient à deux milliards d’années. Elles portent donc toute la mémoire du monde. Les chercheurs en ont trouvé dans les tombes des pharaons.
 
Apparemment elles portent un potentiel génétique d’ADN qui peut lentement évoluer avec le temps. Des chercheurs ont pensé qu’il était possible de cloner le Christ à partir des mitochondries qui se trouvaient sur le linceul de Turin. Idée farfelue dans la mesure où il est impossible de rétablir un génome complet à partir de ce simple ADN. Des recherches sont entreprises actuellement pour cerner les facteurs de longévité. En stimulant les mitochondries, il serait possible d’allonger l’espérance de vie.
 

Mitochondries et manipulations génétiques

 
Quoiqu’il en soit, si l’ADN du noyau peut porter des informations génétiques faussées aboutissant aux maladies, il en est de même avec celui des mitochondries. Il a été remarqué que de très rares maladies dites orphelines peuvent être causées par des anomalies mitochondriales. Mais émerge aussi une variété de stérilité féminine génétique. Que faire ? Nous allons prendre une comparaison.
 
Supposons que nous ayons une voiture ayant un moteur d’une qualité parfaite et exceptionnelle. Malheureusement elle tombe en panne continuellement et sans raisons détectables. Que fera-t-on ? On extraira le moteur pour le replacer dans une autre voiture ; laquelle aura elle-même été débarrassée de son moteur.
 
Chez l’humain, le moteur précieux est le noyau avec ses chromosomes, les gènes et l’ADN. On va donc l’enlever de l’ovule féminin et l’installer dans un autre ovule qui lui-même aura été énucléé ; c’est-à-dire débarrassé de son noyau. Puis interviendra une fécondation in vitro avec le sperme du mari. Enfin, l’ovule fécondé sera déposé dans l’utérus de la mère où il se développera en tant qu’embryon puis fœtus. On sait qu’à l’hôpital universitaire de Saint Barnabas dans le New Jersey aux Etats-Unis, une trentaine d’enfants sont nés de cette manière. Ce sont des mutants dans la mesure où ils ont eu une modification de leur potentiel génétique.
 

Deux mamans pour un bébé

 
Mais quand on y pense, il apparaît que ces enfants sont issus en partie de l’ovule d’une femme dans lequel a été placé le noyau ovulaire d’une autre femme. En pratique cela signifie que deux femmes se pencheront sur leurs berceaux, car ils ont bien deux mamans génétique. Ce qui pose un problème éthique très grave.
 
Avec inconscience et dans des circonstances curieuses, s’appuyant sur un sondage internet, le gouvernement britannique a autorisé les manipulations de cette nature. Moyennant quoi il s’est fait rappeler à l’ordre par l’Europe qui a voté depuis 1998 le principe de la non-brevetabilité du génome humain. Sans brevet il est hors de question de faire connaître des travaux en biotechnique. Ceci a été confirmé en France par la loi du 6 août 2013. En revanche aux Etats-Unis la législation reste floue malgré la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme de 1997 ; celui-ci stipule qu’il y a lieu de « respecter le caractère unique de chacun ».
 
Dr Jean-Pierre Dickès