Mondialisme : dans un entretien avec Russia Today, le globaliste Noam Chomsky se plaint de l’impossibilité d’imposer la loi internationale aux grandes puissances

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Il prône des solutions de gauche, revendique toutes les « internationales » socialistes et se veut le champion de la cause ouvrière : dans un entretien réalisé par Russia Today et retranscrit sur le site du média russe, Noam Chomsky s’en prend vigoureusement aux Etats-Unis en se plaignant de l’impossibilité d’imposer la loi internationale aux grandes puissances. Le ton de l’entretien est très nettement orienté en faveur de la Russie de Poutine et de tous les pays sous la sphère d’influence de l’ancienne Union soviétique. Et ce qui en ressort – même si ce n’est pas dit de manière explicite, c’est qu’il faut arriver à ce qu’une force globale plus importante que celle des grandes puissances – mais en fait, plus importante que les Etats-Unis – puisse réguler le monde et éviter des catastrophes capables d’anéantir l’humanité.
 
C’est un autre alarmisme que celui lié au climat (que l’interviewé évoque en passant seulement). Noam Chomsky dresse un catalogue partiel des manœuvres américaines pour imposer sa domination mondiale, aux effets criminels.
 

Russia Today et Noam Chomsky dénoncent la toute-puissance américaine face à la Russie

 
Cuba ? L’administration Kennedy a lancé une « guerre terroriste très sérieuse » contre le régime de Castro, et pendant cinquante ans ce sont les Etats-Unis qui ont isolé l’île, notamment par le biais d’un embargo dont l’hémisphère occidental ne voulait pas, pour y asseoir sa domination. Chomsky fait le parallèle avec la guerre contre la drogue, qu’il accuse les Etats-Unis d’avoir menée pour ses propres intérêts alors que les nations américaines concernées voulaient répondre à cette question par la dépénalisation. Ce rôle et ces actions néfastes, assure Chomsky – saluant discrètement l’action d’Obama dans ces domaines – sont tabous dans les grands médias américains qui restent au service de la domination américaine.
 
Ces grands médias, précise-t-il, sont utilisés comme des « armes » par les Etats-Unis : Chomsky cite en premier lieu le New York Times pour ridiculiser les accusations lancées contre l’utilisation des médias comme armes de désinformation par d’autres nations – comme la Russie. Petits joueurs !
 

La loi internationale au service du mondialisme : le globaliste Chomsky mène sa guerre

 
De même Noam Chomsky accuse les Etats-Unis d’être à l’origine de la crise ukrainienne et responsable d’une guerre qu’ils imputent aujourd’hui à la Russie – avec les conséquences que l’on sait – alors que tout vient de l’expansionnisme de l’OTAN, dit-il, et donc de la volonté de domination américaine. Il ajoute foi en passant à l’idée qu’une guerre des deux blocs : Etats-Unis contre Russie, dans cet ordre bien sûr – menace la paix mondiale et même la survie de l’humanité d’une manière quasiment sans précédent. Le Bulletin of Atomic Scientists a avancé son horloge du « Jugement dernier » à minuit moins trois. C’est le même niveau que celui du début des années 1980 où la guerre était imminente explique Chomsky : l’une des raisons majeures de cette alerte est « la détérioration des relations entre les Etats-Unis et la Russie ».
 
Il y a encore l’Iran et, souligne Noam Chomsky, les appels répétés et impunis d’une partie de l’établissement et de ces fameux journaux « armes de guerre » à le bombarder préventivement plutôt que d’arriver à un accord sur le nucléaire. Preuve que la « communauté internationale » – définie comme toute nation inféodée aux Etats-Unis – s’aligne sur leur volonté au mépris de la loi internationale.
 
Quant à la réponse des Etats-Unis à l’Etat islamique, qui passe notamment par des bombardements décidés de manière unilatérale, elle caractérise elle aussi selon Chomsky le refus des Etats-Unis de se soumettre à la loi internationale et d’accepter les résolutions de l’ONU. Sans quoi ils seraient traduis, tout comme les « dictateurs africains », devant le tribunal pénal international pour ses diverses interventions armées et « crimes », dont le « plus important de ce millénaire », « l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis ».
 

Un entretien qui accuse les Etats-Unis de criminalité internationale pour mieux promouvoir le mondialisme

 
« Il se trouve qu’il y a une charte de l’ONU qui, dans son article 2, bannit la menace d’utiliser la force, et l’utilisation de la force elle-même, dans les affaires internationales. Y a-t-il des personnes qui s’en soucient ? Non. La loi internationale est un peu comme les Nations unies. Elle peut fonctionner jusqu’au point où les grandes puissances veulent bien le permettre. Au-delà, malheureusement, elle ne peut rien », regrette Chomsky.
 
On sort de la lecture de cette interview avec les idées suivantes, suggérées plus qu’elles ne sont dites : il y a des grands blocs opposés qui menacent la survie de l’humanité ; les Etats-Unis sont de loin les plus dangereux et les plus méchants ; la Russie et sa sphère d’influence en sont les premières victimes ; pour que la paix puisse s’installer dans le monde, il faudrait que l’ONU et la « loi internationale » aient des pouvoirs accrus et réels ; Obama mène au moins partiellement une politique favorable à cela ; la globalisation véritable est un bien et elle est au service de la véritable démocratie.
 
Que les Etats-Unis et la Russie ne s’entendent aujourd’hui finalement pas si mal (comme au temps du communisme d’ailleurs) n’apparaît guère dans cette interview, dont le but est clairement de favoriser la progression du mondialisme tout en instillant l’idée qu’il doit se faire dans le sens international-socialiste.
 

Anne Dolhein