La police des polices de Grande-Bretagne a annoncé lundi avoir ouvert une enquête pour répondre à 14 nouvelles plaintes accusant des policiers d’avoir couvert un réseau pédophile impliquant des responsables politiques et des institutions publiques entre les années 1970 et 2000.
Certains témoignages relativement récents, datant parfois de 2005, vont amener les enquêteurs à étudier plus sérieusement les témoignages précédents.
Huit des 14 accusations pointent directement des hommes politiques tandis que les autres mentionnent des « personnes importantes », des « personnes très en vue » ou des « membres de la classe dirigeante parmi lesquels des juges ». Une autre accusation ne semble impliquer que la police.
Les fonctionnaires de police sont soupçonnés d’avoir « supprimé des preuves, ralenti ou interrompu des investigations et couvert des délits du fait de l’implication de membres du Parlement ou d’officiers de police », écrit la Commission indépendante sur les plaintes à l’encontre de la police (IPCC) sur son site internet. « Ce sont des accusations parmi les plus graves », a jugé l’IPCC, qui compte désormais étudier chacune de ces plaintes.
L’annonce de cette nouvelle enquête de l’IPCC intervient alors que le site d’investigation Exaro News avait révélé en décembre dernier que des policiers avaient partagé des informations sur la couverture de certains politiciens pédophiles via un forum crypté. Tous décrivent des enquêtes empêchées par des interventions politiques ou venant des hautes sphères de la police.
En Grande-Bretagne, de nombreux cas de réseaux pédophiles impliquant des personnalités
Une enquête de la police est par ailleurs en cours sur des abus d’enfants qui auraient été commis ces dernières années. Une victime présumée et identifiée sous le nom de Nick avait raconté en décembre dernier aux enquêteurs comment il avait été conduit, avec d’autres garçons, à différentes adresses de Londres et de la périphérie de la capitale de Grande-Bretagne, y compris sur des bases militaires, pour y être abusé sexuellement par des groupes d’hommes. Il avait alors accusé des députés et autres personnalités d’être impliqués dans le meurtre de trois enfants âgés de 7 à 16 ans.
L’été dernier, des révélations médiatiques avaient permis de montrer que 114 dossiers relatifs à des accusations de sévices sexuels pédophiles infligés à des enfants entre 1979 et 1999 avaient disparu. Un de ces dossiers portait, selon la presse, sur l’implication de députés et de personnalités politiques. Ces révélations avaient été confirmées par les ministères britanniques concernés.
Les réseaux pédophiles de Grande-Bretagne couverts par la police
Lundi encore, la BBC diffusait une enquête montrant qu’une opération de police avait permis de recueillir des preuves concluantes d’abus sexuels commis par un parlementaire et par un membre des services spéciaux britanniques mais que l’affaire avait été étouffée. A l’époque, le député Cyril Smith avait été interpellé, avant d’être remis en liberté quelques heures plus tard.
Tous les éléments de preuve avaient alors dû être remis aux autorités et les policiers chargés de l’enquête avaient été priés de garder le silence. Ces scandales ont également été confirmés par un député conservateur, Rob Wilson, qui a affirmé avoir été menacé par des policiers qui voulaient le faire taire sur un cas d’abus sexuel sur mineur. Il a affirmé avoir reçu des menaces pour passer sous silence l’incapacité de la police à protéger un jeune garçon dont la mère travaillait avec un dangereux pédophile.
La femme s’occupait des deux enfants handicapés du pédophile connu, David Cullen, mais la police n’a pas jugé bon de protéger le propre fils de cette femme, qui a finalement été violé 25 fois en seulement six mois.
Un député menacé par la police alors qu’ils voulait révéler un cas de pédophilie
Parmi les personnes qui auraient menacé Rob Wilson figure la directrice de la police de la Thames Valley, Sara Thornton, qui nie désormais toute implication.
Pourtant le député insiste : il a été approché en 2008 par la mère de cet enfant, qui le priait alors d’exposer son cas devant le parlement. Le député raconte : « J’ai reçu les appels téléphoniques d’au moins deux policiers qui ont tenté de m’empêcher de porter l’affaire devant le Parlement, alors même que c’était la seule chose à faire (…) Ils m’ont dit des choses telles que : “Vraiment, M. Wilson ? Si tôt dans votre carrière parlementaire ? Voulez-vous faire une erreur en étant impliqué dans cette affaire ? (…) Vous pourriez vous retrouver dans une situation difficile.” »
La police de la Thames Valley avait déjà été accusée de n’avoir pas traité correctement des abus sexuels d’enfants par des gangs pakistanais à Oxford. Un récent rapport affirme que la police avait laissé ce gang violer 300 enfants…
A la suite de ces révélations de nombreuses affaires de pédophilie atteignant les plus hautes sphères de l’Etat britannique, la secrétaire d’Etat à l’Intérieur Theresa May, a reconnu dans un entretien accordé au Telegraph que le problème « est profondément enkysté dans notre société » et qu’il pourrait ne s’agir que de « la partie émergée de l’iceberg »…