Sputnik au secours de Cuba face à Donald Trump

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« L’ignorance et l’arrogance personnifiées » : quoi qu’on pense de Sputnik, agence d’informations très proches du Kremlin, sa version anglophone ne fait aucun mystère de ses opinions, ce qui vaut certainement mieux que de prétendre à une fausse neutralité. Mais il est intéressant de noter que le média russe prend fait et cause pour Cuba la communiste, dénonçant la récente attaque verbale de Donald Trump contre la dictature des Castro. Avis à tous ceux qui accusent (ou félicitent !) les médias pro-poutine de rouler pour « l’extrême-droite » : il est grand temps de relativiser cette affirmation.
 
John Wight, auteur de l’article, signe fréquemment des tribunes sur Sputnik et rt.com. Le média les assortit du traditionnel avertissement annonçant que les opinions mises en avant ne reflètent pas nécessairement celles de la rédaction. Cela dit, consentir à publier une tribune à ce point favorable à Cuba est au moins révélateur d’un état d’esprit. Wight, quant à lui, est un collaborateur habituel de la grande presse, depuis la BBC et le Huffington Post au London Progressive Journal. Son orientation est clairement à gauche, fût-ce une gauche anti-Soros : ses plus récentes chroniques saluent le marxiste Jeremy Corbyn, glorifient Union soviétique pour son rôle au cours de la Seconde Guerre mondiale et qualifient le Royaume-Uni du Brexit de « navire en perdition ».
 

Sputnik, le média russe qui publie des tribunes à la gloire de Cuba

 
Pour Wight, donc, la présidence de Donald Trump n’est plus qu’une « farce », celle d’un pays aux antipodes du caractère « digne » des nations qu’il « diabolise en tant qu’ennemies de tout ce que la Rome de notre temps chérit : le pouvoir sans limite, la cupidité, la domination ». Intéressante, cette comparaison avec Rome : elle sera toujours dénoncée pour des raisons qui tiennent autant de la religion que de la politique et de l’histoire. Le journaliste compte Cuba au nom des vertueux pays injustement visés par Donald Trump qui n’a de cesse de « démanteler l’héritage de son prédécesseur, Barack Obama ».
 
Savourez ceci : « Cuba peut bien être un tout petit pays de quelque 11,3 millions d’habitants, en comparaison avec la superpuissance qui l’avoisine à 145 km au nord, mais à l’aune de ce qu’il a apporté à l’humanité, son statut de phare de la justice, de la solidarité et de la dignité face à l’agression des Etats-Unis, c’est un véritable géant. Là où les Etats-Unis envoient des missiles et des Marines vers les pays pauvres en vue de tuer leurs habitants, Cuba envoie des médicaments et des médecins pour les guérir. Cela marque la différence entre la culture de mort et une culture de vie, entre des valeurs culturelles d’oppression et de domination et des valeurs culturelles de solidarité et d’internationalisme. »
 
C’est de la propagande pur jus. Oubliée, la persécution politique et religieuse connaturelle au communisme. Oubliées, les décennies de pauvreté et de socialisme débilitant. Oubliées les prisons et la police politique, qui fonctionnent encore…
 

Donald Trump ridiculisé sur SputnikNews pour ses attaques contre le castrisme

 
Tout ce qui est excessif est insignifiant. John Wight n’a semble-t-il pas lu Talleyrand, puisqu’il écrit : « Soyons honnête, car il n’y a pas d’autre manière de le dire : Donald Trump est un clown. C’est un milliardaire qui a la sagesse d’une planche de bois de taille moyenne ; sa capacité à se faire élire comme le président du pays accuse une société dont les valeurs anti-humaines de la renommée, de la célébrité et de la richesse incontrôlée sont souveraines. »
 
Commentant le discours où Trump dénonçait la politique de Barack Obama à l’égard de Cuba, cette négociation « avec un gouvernement qui a répandu la violence et l’instabilité dans la région », Wight observe : « La manière dont le président a cherché à obtenir les bonnes grâces des exilés cubains à Miami en adoptant sa position rétrograde sur Cuba, en dit très long sur sa conception du “leadership”. Cela confirme qu’il n’y a pas de limite à la bassesse à laquelle il consentira en vue d’apaiser l’assemblage de réactionnaires, d’hypocrites et d’idéologues de l’ultra-droite qui composent sa base électorale. »
 
Sputnik publie sans hésiter cette tribune qui attribue à la révolution cubaine d’« énormes progrès dans le domaine de la santé, de l’alphabétisation, de l’éducation, de la biomédecine » : « Le crime de Cuba, aux yeux de Washington, n’est pas du tout d’avoir mal agi, hier ou aujourd’hui, mais tout ce qu’il a fait de bien, puisqu’il représente un modèle social et économique qui met l’homme au-dessus des profits. »
 

Sputnik au secours de Cuba – comme la Russie

 
L’article s’achève sur une citation admirative de Fidel Castro dénonçant les prétentions des États-Unis en matière de droits de l’homme alors que c’est une nation où « le millionnaire et le mendiant coexistent, où l’Indien est exterminé, où l’homme noir est victime de discrimination, où la femme est prostituée, où les grandes masses des Chicanos, des Portoricains et des Latinos sont méprisées, exploitées, humiliées… Où la CIA organise des plans de subversion globale et d’espionnage, où le Pentagone crée des bombes à neutrons capables de préserver les biens matériels et d’exterminer les êtres humains. »
 
Et le bilan du communisme ? Bilan inachevé, puisque le communisme n’est pas mort ? Passé par pertes et profits, englouti par le mensonge qui se justifie au nom de la progression du communisme. On en rirait si ce n’était pas tragique.
 

Jeanne Smits