De la surveillance au marketing : Tim Cook, patron d’Apple dénonce la vente de données personnelles par ses concurrents

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Lors d’une réunion de « Champions of Freedom », Les champions de la liberté, qui s’est tenue à New York mardi soir, le patron d’Apple est intervenu par vidéo depuis Silicon Valley pour dénoncer l’exploitation de données par les géants d’Internet. S’il n’a jamais nommé ses concurrents, tous ont compris qui sont visés : au premier rang d’entre eux, Google et Facebook qui considèrent leurs utilisateurs et clients comme de la marchandise et s’enrichissent de la vente de leurs données. On peut, cyniquement, rétorquer qu’Apple a tout intérêt à tenir ce langage, et que les mots ne donnent pas la garantie du respect de la vie privée de ses utilisateurs. Mais quelle que soit la vertu, ou non, du constructeur informatique, le fait est là : nos données valent de l’or pour les spécialistes du marketing. Et si ceux-ci y ont si facilement accès, ajouterons-nous, c’est que le potentiel de surveillance qui inquiète de plus en plus.
 
Tim Cook assure que tous les réseaux d’Apple sont « sectorisés ». « Notre équipements et nos logiciels utilisent des systèmes de cryptage », explique-t-il. Chez Apple, des équipes de sécurité veillent 24 heures sur 24. « Nous vendons les meilleurs produits au monde, pas vos données personnelles. »
 

Apple explique que ses concurrents vendent tous les types de données personnelles aux spécialistes du marketing

 
Tim Cook dénonce en creux les pratiques des concurrents :
 
« Nous ne vendons pas aux annonceurs quelque information que ce soit puisée dans vos messages, ou vos historiques de recherches, ni à propos des informations que vous stockez dans votre iPhone ou votre iCloud. Si nous vous demandons des informations, c’est pour vous assurer un meilleur service – et même dans ce cadre, vous avez le choix : c’est vous qui êtes à la place du conducteur pour décider combien d’informations vous voulez partager, et à quel moment vous voulez cesser de les partager.
 
« Aujourd’hui un très grand nombre de nos informations sont numériques : nos souvenirs de famille, nos souvenirs amicaux, nos photos, nos vidéos, nos dossiers médicaux et nos transactions financières, que ce soit à la maison ou au travail. Cela comporte des éléments très positifs : nos vies en sont améliorées, plus faciles, plus saines. (…)
 
« En 2013, plus de 13 millions d’Américains ont été victimes de vols d’identité, l’un des crimes qui progresse actuellement le plus vite aux Etats-Unis. Ces dernières années, des pirates ont réussi à infiltrer quelques-unes de nos plus grandes banques et sociétés, et à voler les informations de cartes bancaires de centaines de millions de personnes supplémentaires. »
 
Bref, Apple reconnaît les droits « constitutionnels » et « moraux » à la vie privée. Pour mieux enfoncer le clou, Tim Cook précisait : « Je vous parle depuis Silicon Valley ou quelques-unes des sociétés les plus en vue, les plus rentables ont développé leurs affaires en confortant leurs clients dans leur faux sentiment de sécurité à propos de leurs données. Elles engloutissent tout ce qu’elles peuvent apprendre à votre propos et elles essaient de le monétiser. Nous pensons que c’est mal. »
 

Tim Cook, patron d’Apple : le cryptage est dénoncé par le gouvernement qui veut universaliser la surveillance

 
« Nous pensons que le client doit avoir le contrôle sur ses propres informations. Vous aimez peut-être ces services supposés gratuits, mais nous ne pensons pas que cela vaille la peine qu’ils aient votre adresse courrielle, qu’ils aient accès à vos historiques de recherche et jusqu’à vos photos de famille pour y pomper les données et les vendre pour Dieu sait quelle opération de publicité. Et nous croyons qu’un jour, les clients comprendront exactement de quoi il s’agit », ajoute Tim Cook.
 
Ainsi Google Photos permet à l’utilisateur de télécharger gratuitement toutes ses photos vers le « Cloud » où l’application les classe, les répertorie et améliore l’accès à leur « histoire profonde » par des recherches « naturelles » – mais cela donne au géant de la recherche à une véritable mine d’informations, notamment par le biais de l’intelligence artificielle qui permet déjà aux algorithmes de mieux « comprendre » ce que les images représentent.
 
Pour ce qui est d’Apple, les mises en garde de Tim Cook gagnent en vraisemblance lorsqu’on sait que les autorités américaines tentent d’imposer la mise en place dans ses logiciels de clefs spéciales permettant aux autorités compétentes de contourner leur cryptage.
 

Anne Dolhein