Synode sur la famille : nouvelles révélations sur les manipulations et la saisie du livre “Demeurer dans la vérité du Christ”, le cardinal Marx prêt à s’opposer à Rome

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Qui a empêché l’envoi du livre Demeurer dans la vérité du Christ aux pères synodaux à l’occasion du synode extraordinaire sur la famille à Rome, en octobre dernier ? Selon le site pro-vie et pro-famille américain LifeSiteNews cette nouvelle manipulation de la part des partisans d’une plus grande ouverture aux divorcés « remariés », aux couples homosexuels et aux union de fait serait à mettre sur le compte du cardinal Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques. Il est accusé d’avoir fait « saisir » l’ouvrage de réponse aux propositions du cardinal Kasper auquel ont notamment participé cinq cardinaux : Burke, Brandmüller, de Paolis, Müller et Caffarra. L’information arrive au moment même où le cardinal Reinhard Marx, président de la conférence des évêques d’Allemagne et chaud partisan de Walter Kasper, vient de faire des déclarations fracassantes où il annonce d’avance la révolte des évêques allemands au cas où Rome tarderait à revoir la pastorale à l’égard des familles et des divorcés « remariés ».
 
Sur le blocage du livre Demeurer dans la vérité du Christ (publié en France chez Artège, il vaut largement le détour avec ses réponses documentées et sa très grande hauteur de vue sur le mariage et la pastorale) peu de choses ont été dites jusqu’à présent. C’est le vaticaniste américain Edward Pentin, réputé pour son sérieux, qui a invoqué mercredi sur Newsmax des « sources fiables et de haut niveau » selon lesquelles le livre a été « intercepté » sur ordre du cardinal Lorenzo Baldisseri, au motif qu’il risquait de créer une « interférence » par rapport au synode. Ces sources non identifiées assurent qu’il était « furieux » devant la tentative de les faire distribuer aux participants au synode.
 

“Demeurer dans la vérité du Christ” : une bombe en faveur de la vérité

 
La traduction française du livre, disponible chez Artège dès avant le synode, avait déjà permis à de nombreux lecteurs de constater, notamment, le caractère convainquant de son argumentation pour contrer les assertions du cardinal Kasper et de ses soutiens qui prétendaient affirmer l’existence d’une possibilité de remariage après divorce au cours des premiers siècles du christianisme. Cosigné par plusieurs spécialistes aux côtés de cardinaux qui ne le sont pas moins, le livre pouvait en effet apparaître comme une bombe aux yeux des « progressistes » partisans d’une pastorale dissociée de la doctrine.
 
Le cardinal Baldisseri aurait, selon les sources citées, affirmé que les livres destinés aux pères synodaux avaient été distribués de manière « impropre », ce fait justifiant leur confiscation. Mais les responsables de la distribution assurent que les livres sont passés par les circuits réguliers des postes vaticanes, bénéficiant à ce titre de la protection légale des envois qui leur sont confiés. Les postes vaticanes avaient été choisies en raison de leur meilleure réputation que celle de la poste italienne.
 

Rumeurs sur la saisie du livre des cardinaux aux postes vaticanes

 
Tout au long du synode, signale Hilary White de LifeSite, des rumeurs ont circulé parmi les journalistes présents : on racontait que les livres n’étaient pas parvenus à leurs destinataires et avaient été confisqués par les dirigeants du synode, sans que le fait fût confirmé par les responsables de la publication et de la diffusion de Demeurer dans la vérité du Christ. Les demandes réitérées de LifeSite auprès des auteurs et des éditeurs du livre pour savoir ce qui s’est réellement passé se sont heurtées à un mur de silence – même s’il semble que des propos « off » aient été tenus sur l’affaire. « Il est de notoriété publique, cependant, que seule une poignée d’évêques a pu se procurer un exemplaire du livre au cours du synode ».
 
Et la rumeur a continué de circuler dans Rome, malgré le démenti officiel du porte-parole du Vatican, le P. Féderico Lombardi lors d’une conférence de presse en décembre. « Depuis lors ces allégations ont été connues d’un plus grand nombre et ont été corroborées au plus haut niveau de l’Eglise », écrit Edward Pentin, selon qui ses sources croient savoir que les livres saisis ont probablement été détruits.
 
Si c’est le cas, aussi bien la saisie que la destruction des livres confiés aux postes vaticanes entraînerait une responsabilité pénale, à l’aune des règles de l’Union postale universelle. Une source vaticane a déclaré à LifeSite qu’une première tentative d’empêcher l’envoi des livres par les postes vaticanes avait été contrée par le refus des employés d’obéir aux ordres, au motif qu’il serait « contraire à l’éthique » de toucher aux envois.
 

Baldisseri, Kasper, Marx : les cardinaux et les manipulations du synode sur la famille

 
On connaissait l’engagement du cardinal Baldisseri en faveur des propositions du cardinal Kasper : n’a-t-il pas déclaré le mois dernier que « le dogme peut évoluer » ?
 
Le cardinal Reinhard Marx vient quant à lui de s’engager un peu plus avant dans la contestation du dogme. Le cardinal-archevêque de Münich n’entend pas se laisser lier par Rome en matière de pastorale individuelle. « Le synode ne peut pas prescrire dans le détail ce que nous devons faire en Allemagne », a-t-il déclaré. Autrement dit : si le synode, et encore plus l’exhortation post-synodale qui lui fera suite sous l’autorité du pape, ne vont pas dans la direction souhaitée par le cardinal Kasper et la hiérarchie catholique allemande, celle-ci n’entend pas accepter leur enseignement.
 
« Nous ne sommes pas des filiales de Rome. Chaque conférence épiscopale est responsable de la pastorale dans le cadre de sa propre sphère culturelle et chacune a sa mission unique de prédication de l’Evangile. Nous ne pouvons pas attendre qu’un synode nous dire comment nous devons assurer le soin pastoral des familles et des personnes mariées », a déclaré le cardinal Marx à la presse allemande jeudi.
 

Le cardinal Marx annonce sa propre lettre post-synodale

 
Réclamant l’ouverture de « ouvelles portes  » et de « nouveaux chemins », le cardinal Marx affirme que l’on peut « rester en communion avec l’Eglise sur le plan de l’enseignement », sans que le synode puisse prétendre prescrire « en détail » l’attitude pastorale qu’il faut avoir en Allemagne.
 
Refusant d’attendre, donc, un éventuel désaveu des positions les plus progressistes à la suite du synode, et même un document post-synodal tout court, le cardinal Marx a annoncé la prochaine parution d’un document à l’initiative des évêques allemands.
 
Toute cette effervescence, qui ressemble fort à de l’agit-prop, ne permet pas de préjuger du tour que prendront les choses lors du deuxième épisode du synode sur la famille à l’automne. Que le cardinal Marx choisisse de prendre ainsi les devants en annonçant d’ores et déjà un possible rupture – qu’il ne reconnaît d’ailleurs pas comme telle – indique au moins que le parti de Kasper n’est pas sûr de l’emporter : c’est la bonne nouvelle du jour. Qu’il y ait dans cette affaire matière à division, voire à schisme, c’est l’autre enseignement de ces faits qui demeurent inquiétants.