La Russie a permis à el-Assad de gagner la guerre en Syrie avec l’aide de l’Iran, la Chine va assurer la reconstruction

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« L’entrée du dragon : le rôle crucial de la Chine pour gagner la paix en Syrie ». Tel est le titre d’un éditorial sorti de la plume de Finian Cunningham pour le média de l’Etat russe RT (ex-Russia Today). RT a ceci d’intéressant que ses articles reflètent généralement la vision et les intérêts du Kremlin et permettent donc de mieux les connaître. Ce n’est donc pas un hasard si cet auteur originaire d’Irlande du Nord qui écrit pour les médias publics russes (RT, Sputnik, Strategic Culture Foundation) et iraniens (Press TV) met l’accent sur le rôle que doit jouer la Chine dans l’effort de reconstruction en Syrie alors que les Occidentaux, après avoir échoué à faire renverser Bachar el-Assad, refusent de négocier avec le président syrien et de mettre la main au portefeuille. Une aubaine pour la Russie qui peut ainsi conforter sa présence militaire et son contrôle des routes existantes et potentielles d’acheminement du gaz vers l’Europe par gazoducs. Une aubaine également pour la Chine, ainsi que le souligne à juste titre Cunningham, puisqu’elle va pouvoir bénéficier des contrats de reconstruction et assurer son emprise économique sur un pays qui se trouve sur la Nouvelle Route de la Soie.
 

La Chine peut faire perdre aux Occidentaux le seul argument qui leur restait face à el-Assad en Syrie : les fonds nécessaires à la reconstruction

 
Outre la puissance financière et économique de la Chine, qui fait défaut à la Russie et à l’Iran, les deux alliés militaires du gouvernement légitime syrien face à des mercenaires armés par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, « l’autre chose qui joue en la faveur de la Chine, c’est sa longue histoire de relations amicales avec la Syrie. Comme la Russie, pendant les décennies de la Guerre froide la Chine a maintenu une alliance étroite avec le père d’el-Assad, Hafez, dans le cadre d’un bloc socialiste international. Cette relation prévaut encore aujourd’hui. » Puisque c’est le correspondant des médias d’Etat russe et iranien qui le dit…
 

La Russie grande gagnante du conflit syrien

 
Dans le même temps, la Russie est parvenue à mettre la Turquie de son côté en exploitant son obsession contre les Kurdes alliés des Occidentaux et ces derniers sont donc en mauvaise posture. Les bombardements sous prétexte d’attaques chimiques réelles ou supposées imputées à tort ou à raison à l’armée syrienne ont rendu Bachar el-Assad encore plus dépendant de la présence militaire russe et de l’argent chinois puisqu’ils ont réduit les possibilités de négociations directes avec le président syrien. Cela fait déjà plusieurs mois que les représentants de la Syrie et de la Chine s’envoient des signaux concernant leur intérêt mutuel pour une large implication de la Chine dans l’effort de reconstruction du pays.
 
Si les intérêts russes et chinois sont clairs, ceux qu’ont les Américains, les Britanniques et les Français à vouloir absolument faire partir Bachar el-Assad le sont moins, et l’implication chinoise aux côtés de la Russie pourrait bien les obliger à reconnaître qu’ils ont perdu la partie en Syrie et à revoir leurs positions. A moins qu’ils ne souhaitent entretenir une guerre sans fin avec toutes les souffrances humaines que cela implique. Par exemple pour maintenir les flux de l’immigration illégale vers l’Europe ?
 

Olivier Bault