Tony Blair s’excuse pour les erreurs de la guerre d’Irak qui ont contribué à la montée de l’Etat islamique

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L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, interrogé par CNN, a avoué que des « erreurs » ont été faites au moment de la guerre d’Irak qu’il avait soutenue au nom des « armes de destruction massive » dont l’existence n’a jamais été démontrée. Et il a ajouté qu’il y a des « éléments de vérité » pour fonder l’opinion selon laquelle cette invasion a provoqué la montée de l’Etat islamique » – ou à tout le moins contribué à son expansion.
 
Qualifiée de « candide » par la presse, l’entretien accordé par Tony Blair n’est pas pour autant un mea culpa et encore moins l’aveu d’une volonté des forces qui ont attaqué l’Irak de Saddam Hussein de déstabiliser volontairement le Proche-Orient. On reste dans le registre de l’erreur et du manque de prévoyance, et donc dans une volonté de minimiser les choses. Cela n’empêche pas l’interview d’avoir son intérêt.
 

En avouant ses erreurs en Irak, Tony Blair essaie de limiter les dégâts

 
C’est sur interpellation du journaliste politique américain Fareed Zakaria que Tony Blair a tenu ces propos : il s’agissait de se défendre d’avoir été « le caniche de George Bush ».
 
« Je présente mes excuses pour le fait que les renseignements étaient erronés. Je présente également mes excuses, soit dit en passant, pour certaines erreurs de planification et certainement pour notre erreur de compréhension de ce qui allait se produire, une fois le régime écarté. Mais je trouve difficile de m’excuser pour avoir déboulonné Saddam », a-t-il déclaré.
 
A propos de la montée de l’Etat islamique et du rôle joué dans son avènement par l’invasion de l’Irak, Tony Blair a déclaré : « Je crois qu’il y a là des éléments de vérité. Il est évident qu’on ne peut pas dire que ceux d’entre nous qui avons écarté Saddam en 2003 ne portons aucune responsabilité quant à la situation de 2015. »
 
L’aveu – tout relatif – de Tony Blair vient à point nommé alors que le rapport Chilcot sur le rôle des personnages clef du conflit irakien doit être publié l’année prochaine. Comme d’autres hommes politiques travaillistes, Blair sera sous le coup des projecteurs. Et il semblerait que toutes les personnalités mises en cause par le rapport ont déjà reçu ses conclusions à leur propos. Si faute avouée est à demi pardonnée, il pourrait bien s’agir pour Tony Blair de faire du « damage control » : limiter les dégâts.
 

La guerre d’Irak a contribué à la montée de l’Etat islamique, avoue Tony Blair

 
C’est en tout cas pour lui une nouveauté : en 2004, interpellé par des membres du parlement, il avait déclaré : « Je ne m’excuserai pas pour ce conflit. Je crois qu’il était justifié. » Et de nouveau en 2007 : « Je ne crois pas que nous devions nous excuser pour tout ce que nous faisons en Irak. »
 
Le Daily Telegraph souligne que l’enquête sur le rôle des travaillistes dans la guerre d’Irak a été marquée par des rebondissements qui l’ont compliquée et ralentie : ainsi on a trouvé un mémorandum de Tony Blair acceptant de participer à l’invasion un an avant qu’elle n’eût lieu. Il est aussi avéré que le ministre de l’Intérieur d’alors, Dalunkett, avait mis Blair au défi de répondre comment il allait éviter le chaos en Irak si Saddam devait tomber.
 
Tony Blair va devoir également s’expliquer sur le rôle qu’il a joué dans des négociations avec le colonel Kadhafi sur le dédommagement de victimes du terrorisme.
 
C’est en fin de semaine dernière que cette nouvelle accusation a été rendue publique, alors que l’ex-Premier ministre venait de refuser de respecter une date-butoir pour apporter des éléments de réponse.
 

Tony Blair accusé d’avoir menti sur son rôle dans des négociations avec Kadkafi : il ne s’est pas (encore) excusé

 
L’accusation d’une commission parlementaire porte sur un voyage secret de Tony Blair à la Maison Blanche en 2008 dans le cadre des négociations avec l’ancien chef d’Etat de la Libye où il servait d’intermédiaire pour présenter le point de vue de Kadhafi qu’il venait de rencontrer en Libye, afin de déterminer les sommes que celui-ci aurait à payer pour dédommager des victimes d’attentats engageant la responsabilité libyenne. Kadhafi était alors en danger de voir des milliards de dollars d’avoirs gelés en raison de poursuites engagées à son encontre aux Etats-Unis.
 
Aux termes de l’accord qui devait s’ensuivre avec le président américain George Bush, le montant total des dédommagements a été fixé à 1 milliard de livres, en échange de quoi toutes les procédures engagées par des victimes aux Etats-Unis ont été annulées.
 
De nombreuses victimes ou ayants-droits de victimes Britanniques qui avaient engagé des procédures aux Etats-Unis ont été privés d’indemnités de ce fait, puisqu’ils n’étaient pas désignés par les accords. Il s’agit notamment de quelque 200 familles de victimes d’attentats terroristes de l’IRA dans lesquels la Libye était impliquée.
 
Tony Blair a toujours soutenu qu’il n’avait « jamais eu le moindre rôle dans les lois de dédommagement signées par le président Bush ».
 

Anne Dolhein