L’obsession Trump chez les media : 88% des reportages sont hostiles !

Trump media reportages hostiles
 
C’est une étude du Centre de recherche sur les médias (Media Research Center, MRC) qui le révèle : 88 % des couvertures médiatiques du président Donald Trump et de son administration sont négatives et hostiles. Une proportion qui a l’âcre parfum du scandale quand on songe que le président a … gagné les élections – la démocratie se mord la queue. Trump a de quoi répliquer.
 
La guerre aura bien lieu.
 

88 % des reportages sont hostiles

 
En général le premier mois, on laisse tranquille le président « en pleine lune de miel »… tout frais émoulu et passablement éprouvé par sa longue campagne. Mais certains semblent ne pas le mériter.
 
C’est en examinant le contenu des trois grands journaux du soir, le « Big Three » (à savoir ABC, CBS et NBC) que le MRC est arrivé à ces chiffres frappants : sur les trente premiers jours de la présidence Trump, du 20 janvier au 18 février, ce réseau a consacré 16 heures de reportages à la Maison Blanche, soit 54 % de l’ensemble de ses nouvelles.
 
Et pas pour en dire du bien, on s’en doute : 88 % de ces reportages étaient hostiles, soit presque autant que pendant la campagne présidentielle qui accusait 91 % de couvertures négatives… Le MRC a trouvé jusqu’à 674 déclarations négatives visant Trump alors que seulement 88 déclarations ont été jugées positives.
 
A noter que le MRC a exclu les prises de positions de partisans identifiés comme tels, se concentrant sur les personnalités supposés relativement impartiales, à savoir les journalistes et les présentateurs télé non engagés – apparemment, ça n’a pas suffi !
 

Ce qui a fait couler le plus d’encre : le décret migratoire anti-terroriste et … la Russie

 
Les personnalités médiatiques n’ont pas hésité à « injecté leur propre tonalité éditoriale anti-Trump dans leur reportage ». Scott Pelley, par exemple, sur CBS, commence son journal par : « Cela a été une journée bien remplie pour les déclarations présidentielles en divorce avec la réalité ». Hallie Jackson, sur NBC, parle des « fausses allégations du président Trump »…
 
La plus grande controverse a été générée par le décret migratoire promulgué à l’encontre des ressortissants de sept pays musulmans et des réfugiés : les trois bulletins du soir ont dépensé plus de 3 heures (188 minutes) sur ce seul sujet, soit 1/5 de toute la couverture de l’administration Trump.
 
62 minutes de temps d’antenne ont été consacrées à ses autres initiatives anti-immigration, comme le mur avec le Mexique, l’augmentation de l’expulsion des étrangers illégaux criminels etc…
 
La Russie ainsi que l’éviction du conseiller de sécurité nationale de Trump, le général Michael Flynn, soupçonné d’une connexion russe, ont occupé, quant à elles, 92 minutes de temps d’antenne.
 
Facile de distinguer les sujets qui fâchent.
 

Les media « mainstream » matés ?

 
La consécration au siège de la Maison Blanche n’a donc quasiment rien changé aux hostilités médiatiques. Le site d’investigation The Intercept (cofondé par Glenn Greenwald, le révélateur des documents d’Edward Snowden dans l’affaire de la NSA) a carrément invité ses lecteurs à reconnaître les personnalités ou quidam bien placés à l’inauguration de Trump et à dire leur nom…
 
Le nouveau président avait compris, bien avant son élection, la bataille à laquelle il aurait droit et ne cesse de fustiger les « media malhonnêtes », en qualifiant même certains d’« ennemis du peuple ». « Ils ne disent pas la vérité » et sont « un grand danger pour notre pays », a affirmé le chef d’État sur Twitter.
 
Le 24 février, la Maison Blanche a interdit l’accès à un point presse organisé par le porte-parole de la présidence à plusieurs médias américains parmi lesquels la chaîne CNN, le New York Times, le Los Angeles Times, le Guardian, Politico et BuzzFeed – l’agence AP, USA Today et le magazine Time ont refusé de s’y rendre en signe de solidarité.
 
Le même jour, s’exprimant à la grand-messe annuelle des conservateurs américains (Conservative Political Action Conference), Trump a dénoncé, non pas l’hostilité finalement, mais les « fake news » que diffusent les dits media : « Je suis contre les gens qui inventent des histoires et inventent des sources ».
 
Et le lendemain, il annoncé tout de go qu’il ne participerait pas au traditionnel dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche, organisé le 29 avril – ce qui n’était jusque-là jamais arrivé sans motif sérieux. Cette soirée, instituée en 1921, réunit chaque année dans un hôtel de Washington, le gratin de la presse, du monde politique américain ainsi que des célébrités. Trump y était, en 2011… et s’était vu d’ailleurs moqué par le sieur Obama.
 

Le « Trump bashing »

 
La guerre aura donc bien lieu – elle est déjà ouverte – entre Trump et les media « mainstream », sans oublier bien sûr Hollywood.
 
Et elle est instructive. L’honnêteté journalistique, la déontologie professionnelle, un certain fair-play tout simplement, ne sont plus de mise. Le pare-feu entre les nouvelles et les opinions a sauté : le « trumpbashing » a tout envahi.
 
C’est aussi un hallucinant déni de démocratie, car enfin celui que Les Échos, chez nous, n’hésitent pas à qualifier de « extrêmement impopulaire » a bien été démocratiquement élu… Serait-ce que ce système sacré, quand il exprime une voix du peuple discordante, ne trouve plus sa raison d’être ? Le raisonnement a déjà été entendu et fait montre d’une considération très très totalitaire…
 

Clémentine Jallais