L’Irlande du Nord, moyen de chantage de l’UE pour garder le Royaume-Uni dans son union douanière après le Brexit

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L’Union européenne va menacer ce mercredi de mettre en échec le plan de sortie du Premier ministre britannique Theresa May en exigeant que l’Irlande du Nord continue de se soumettre aux lois et règlements de Bruxelles si le Royaume-Uni veut quitter l’Union douanière et le marché unique – pour le réduire aux frontières de la Grande-Bretagne. Un véritable chantage territorial dans le cadre du Brexit de cette nation la plus récalcitrante à la domination globaliste de la nouvelle « prison des peuples » qu’est l’UE, qui est dévoilé par le Daily Telegraph. France et Allemagne semblent vouloir entraver la tactique de Londres pour esquiver le problème irlandais et exigent désormais un accord en bonne et due forme qui amorcerait dans la foulée une série de bombes politiques. Le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, qui soutient le gouvernement conservateur minoritaire aux Communes, s’opposera fermement aux exigences de l’UE, sur la même ligne que les conservateurs favorables au Brexit.
 

L’UE veut transférer sa frontière avec le Royaume-Uni au milieu de la mer d’Irlande

 
Les négociateurs britanniques du Brexit, rapporte le Daily Telegraph, confient que la ligne dure choisie par Bruxelles ne leur permet plus de négocier. Selon le quotidien conservateur londonien, cette doctrine européenne sera développée dans le texte d’accord de retrait proposé par la Commission européenne dont on attend la publication ce mercredi. Or ce texte transférerait la frontière entre le Royaume-Uni et l’Union européenne au milieu de la mer d’Irlande au cas où Londres s’émanciperait des lois européennes, expliquent des sources bien informées qui y ont eu accès. Une véritable appropriation par l’UE de l’Irlande du Nord avec, à terme, l’accélération de son intégration à la république l’Irlande. De quoi ulcérer les loyalistes nord-irlandais majoritaires et poser l’Union européenne comme nouveau fauteur de guerre. Un comble.
 
Le texte de l’accord de « Brexit de décembre » devrait ainsi gommer tout compromis considéré comme incontournable par Theresa May, en exigeant « de nouvelles barrières de régulation » entre la Grande-Bretagne proprement dite et l’Irlande du Nord une fois le Brexit accompli. Après des semaines passées à tenter d’adoucir les exigences de l’UE sur la question de la frontière inter-irlandaise, les négociateurs britanniques semblent de plus en plus résignés à un rejet du projet européen et de la ligne dure imposée par l’ultra-européiste Emmanuel Macron à Paris et Angela Merkel à Berlin.
 

Theresa May continue de refuser l’union douanière, l’UE menace d’une frontière « dure » avec l’Irlande

 
La stratégie européenne semble s’appuyer sur le fait que Jeremy Corbyn, dirigeant gauchiste du parti travailliste, a engagé son parti à maintenir la Grande-Bretagne dans l’Union douanière européenne après le Brexit s’il devenait Premier ministre. Les sources européennes disent exiger comme contrepartie à tout accord de commerce cette union douanière que Theresa May, elle, continue de refuser. Le texte européen exclurait la solution de compromis sur la frontière inter-irlandaise proposée par Londres en décembre. En menaçant d’ériger une frontière « dure » entre les deux parties de l’Irlande, Bruxelles joue avec cynisme l’option d’un renoncement britannique avec alignement complet sur l’UE. Au grand dam des négociateurs britanniques, la proposition européenne qui va être dévoilée sera inspirée par la volonté d’obtenir ce renoncement, c’est-à-dire un alignement commercial complet totalement inacceptable pour la partie britannique.
 

L’UE exigerait que la Cour de Justice européenne conserve sa juridiction sur l’Irlande du Nord malgré le Brexit

 
Une source ayant eu accès au texte bruxellois explique : « En pratique, l’UE exige que la Cour de Justice européenne conserve sa juridiction sur l’Irlande du Nord, qui resterait ainsi un sujet de droit pour des pans entiers de la législation européenne ». Il s’agit d’une approche « humiliante », selon une autre source britannique citée par le Daily Telegraph, dont la brutalité ne saurait surprendre de la part de l’équipe en place à Paris autour d’Emmanuel Macron.
 
Une source européenne confie que l’UE considère qu’elle ne peut plus laisser le Royaume-Uni esquiver la question irlandaise au risque de faire capoter les négociations ultimes en octobre prochain. La Commission européenne a refusé de transmettre aux négociateurs britanniques le projet d’accord, finalisé à Bruxelles ce mardi, et dont l’adoucissement est fort peu probable.
 

Matthieu Lenoir