DRAME SOCIAL Belgica •


 
Belgica est un drame social belge, construit autour d’un bar de ce nom à Gand. Le film est à voir absolument en flamand ; cette langue, proche de l’allemand et compréhensible pour les germanistes attentifs, forme un élément essentiel de l’ambiance, avec son néerlandais particulier, multipliant les emprunts au français – prononcé avec l’accent belge – et à l’anglais. On regrettera seulement que le vocabulaire flamand des protagonistes ne soit pas toujours littéraire, mais ce vocabulaire peu élégant colle au choix délibéré de réalisme, ou de crédibilité, qui forment des piliers du genre. L’histoire est centrée sur les retrouvailles de deux frères, séparés depuis plusieurs années, qui décident de gérer ensemble le bar Belgica.
 
Or la gestion n’est pas la fête permanente. Un bar est une entreprise, à l’équilibre financier guère facile à conserver. En outre, et c’est là une spécificité de ce type de métier, la clientèle n’est pas toujours facile à gérer ; un client, même ivre, voire agressif, est à ménager tout de même, mais doit être expulsé au besoin pour assurer la sécurité des autres. Est-il souhaitable de faire des affaires en famille, en y associant des amis ? Peut-être pas, car les sources de tension se multiplient.
 

Belgica intéresse par son aspect quasiment documentaire

 
On regrettera les mauvaises mœurs communes d’aujourd’hui. De plus, il n’y a vraiment pas besoin de montrer autant de sensualité au cinéma. Toutefois, surnage dans le personnage le plus positif un noyau de valeurs morales : avorter est mal, il faut s’occuper d’un enfant et non l’assassiner ; ce meurtre détruit forcément le couple des parents. De même, un père de famille doit rester auprès des siens, et ne pas tromper sa femme, encore moins sans aucune discrétion ni retenue. Certes, cette morale reste limitée, qui estime que les serveuses ne doivent pas se droguer au comptoir devant les clients, mais qu’ailleurs c’est leur affaire. Les ravages de la drogue chez les différents protagonistes sont pourtant évidents. La proximité géographique et linguistique des Pays-Bas, particulièrement laxistes en la matière, n’aide certainement pas à contenir ce fléau social.
 
Un des aspects les plus intéressants de Belgica réside dans ce qu’il montre de la gestion d’une entreprise artisanale belge d’aujourd’hui. Les employés ne sont pas déclarés pour toutes leurs heures de travail. Mais le patron doit payer la police et les pompiers pour recevoir les autorisations nécessaires à son ouverture. Le pays est considéré comme « pourri » par les protagonistes. Il y a là une part de vérité, attestée par des scandales réguliers. Cela fait d’autant plus douter de la survie de la Belgique. Belgica intéressera ainsi des adultes avertis pour son aspect quasiment documentaire.
 

Hector Jovien

 
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