Le Conseil d’Etat était appelé à statuer aujourd’hui, après de nombreuses expertises médicales, sur le cas Vincent Lambert. Il rendra son arrêt le 24 juin. Avec le débat sur l’euthanasie en toile de fond, mais d’abord une question fondamentale : qui a droit de vie et de mort sur un malade ?
La famille ? Elle est malheureusement divisée. Vincent Lambert n’a pas désigné de « personne de confiance » pour prendre la décision dans le cadre de la loi Léonetti.
Les médecins ? La dernière expertise assure qu’il est incurable et inconscient, mais n’en appelle pas moins à la prudence.
On a vu des patients réputés perdus se réveiller et remercier qu’on ne les ait pas débranchés.
Le principe de précaution, invoqué abusivement pour tout et rien, doit évidemment s’appliquer pour la vie humaine.
Une simple question subsidiaire : fallait-il débrancher Michael Schumacher ?
Le docteur Kariger et les partisans de la mort se fondaient sur la volonté prétendument marquée par signe par Vincent Lambert qu’on le débranche : or, la dernière expertise médicale affirme que ce signe n’était pas possible, du point de vue neurologique. L’argument tombe donc.
Alors, la justice doit-elle trancher ?
Mais quelle justice ?
Droit de vie et de mort sur Vincent Lambert pour le Conseil d’Etat ?
Le Conseil d’Etat, fondé par Napoléon, a pour première vocation de conseiller le gouvernement, et en second seulement de décider en dernier ressort des litiges administratifs.
Il ne saurait décider de la vie d’un homme sans usurpation.
D’ailleurs, il ne fera que décider si oui ou non le jugement du tribunal de Chalons laissant Vincent Lambert en vie doit être cassé.
Mais de cette décision dépend la vie de Vincent Lambert.
Le Conseil a donc pratiquement droit et de vie et de mort sur lui.
C’est d’autant plus impensable que cet organisme est composé de fonctionnaires, en majorité énarques, qui ne sont pas tous juristes et dont un quart environ est nommé au tour extérieur par décret du président de la République sur décision du conseil des ministres.
Le rapporteur de cette étrange assemblée Vincent Keller, a recommandé l’arrêt des soins. Avec des attendus très étranges. Alors que le professeur Kariger et les partisans de la mort demandent tous que la décision du Conseil fonde une jurisprudence, il s’est écrié : « Votre décision n’aura aucun caractère général, ce sera une décision d’espèce. » C’est une contre-vérité flagrante, l’appel interjeté par les partisans de la mort devant le Conseil d’Etat s’inscrit dans un processus qui tend à aboutir à une nouvelle loi favorable à l’euthanasie.
Autre étrangeté : pour Keller, s’opposer à la mise à mort par suspension du traitement, c’est permettre « un droit de veto » à une minorité.
Etonnant délire idéologique : eh bien oui, il existe toujours un droit de veto à la mise à mort d’un innocent. Quand il s’agit de tuer quelqu’un, toutes les civilisations donnent la charge de la preuve à ceux qui estiment que c’est nécessaire.
Ici, non seulement le conseil d’Etat usurpe des compétences qui le dépassent infiniment en s’arrogeant le droit de vie et de mort sur Vincent Lambert, mais son rapporteur paraît sous l’emprise d’une pulsion de mort. Un catholique remarquera pour finir que même Vincent Lambert n’aurait pas droit de décider de sa propre mort. Il y a un commandement très clair à cet égard.