Le nouveau chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld, est un conseiller économique d’Obama

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Traditionnellement laissé à une « gouvernance » européenne – alors que la Banque mondiale échoit à un Américain – le Fonds monétaire international vient de procéder à la nomination de son nouveau chef économiste. Maurice (« Maury ») Moses Obstfeld, professeur de macro-économie, se distingue par le fait qu’il est, depuis juin 2014, le chef des macroéconomistes du Conseil des conseillers économiques de Barack Obama. C’est donc non seulement un Américain, mais un proche du pouvoir des Etats-Unis, supposé approuver sa politique financière et économique ou du moins de contribuer à l’inspirer qui va prendre un poste d’importance au FMI.
 
Conseiller honoraire de la Banque centrale du Japon, il pense qu’une autre politique monétaire aurait pu éviter la déflation à ce pays.
 
Sa nomination a été annoncée avec force compliments par Christine Lagarde qui l’a choisi pour remplir le poste de conseiller économique et de directeur de la recherche de cet organisme financier supranational. Il remplacera Olivier Blanchard, français, dont le départ à la retraite vient d’être annoncé. Blanchard était aux commandes depuis 2008 et a donc accompagné la crise financière. Ce Français a enseigné à Harvard et conserve sa chaire au MIT, et a conseillé les Réserves fédérales de New York et de Boston.
 

Le nouveau chef économiste du FMI n’est pas favorable au « Grexit » et prône le sauvetage sans austérité

 
On ne change donc pas vraiment de logique et ceux qui espéraient voir un Européen – ou plutôt, une Européenne telle la Française Hélène Rey – reprendre le poste, devront composer avec le rapport de force économique et politique, et la volonté de Christine Lagarde de voir son mandat renouvelé avec le soutien des Etats-Unis, tandis que les pays émergents auront une nouvelle raison de se plaindre de ne pas être représentés.
 
Maurice Obstfeld sera plus directement chargé de la crise grecque, sur laquelle il a un avis précis. Il a déjà écrit à son sujet, expliquant que l’établissement de la zone euro a eu pour effet de faciliter les prêts depuis le « noyau dur » de la zone vers la périphérie, en encourageant l’endettement de la Grèce : « Ce schéma a planté le décor pour le cercle vicieux diabolique entre les banques et les États qui a été un puissant moteur de la récente crise de la zone euro », expliquait-il en mai 2014 sur le site vox.eu. Il a eu l’occasion de dire son désaccord avec l’idée que des nations aux économies très divergentes puissent avoir une politique monétaire commune.
 
Il fait partie de ceux qui prédisaient des problèmes épouvantables si la Grèce devait quitter l’euro. Opposé au « Grexit », il est dans la droite ligne de tous ceux, depuis les organisations supranationales jusqu’à Tsipras, ont objectivement tout fait pour assurer la primauté de la monnaie unique sur la volonté du peuple grec. Ses remarques passées indiquent qu’il serait favorable à ce que les banques créditrices de la Grèce acceptent de renoncer une nouvelle fois à une partie de leurs créances, comme ce fut fait en 2010 avec le fameux « haircut » (la décote de sa dette), analyse le Telegraph de Londres.
 

Maurice Obstfeld, conseiller économique d’Obama, favorise l’« intégration globale » de l’économie

 
Obstfeld est un inconditionnel du prix Nobel d’économie, Paul Krugman, économiste de gauche, spécialiste comme lui des dettes d’Etat qui a eu l’occasion d’annoncer que les Etats-Unis s’orientaient inéluctablement vers un défaut de paiement, et qui propose comme solution l’inflation de la masse monétaire par le biais du gouvernement (ce qui passe nécessairement le sous contrôle de la banque centrale).
 
C’est aussi en 2012 qu’il se disait d’accord avec l’idée que l’économie de l’Allemagne aurait davantage à souffrir si elle refusait le sauvetage du tiers sud de la zone euro que si elle acceptait un « sauvetage sans conditions ». Il n’était pas partisan de l’imposition de mesures d’« austérité ».
 
Dans le même temps, Obstfeld pense qu’il est difficile de faire « la démonstration concrète des gains de la mondialisation financière » qui s’est selon lui « révélée difficile à prouver de manière définitive ».
 
N’allons pas en conclure qu’il est partisan d’une marche arrière dans le domaine de la mondialisation qui à l’heure actuelle progresse en contrant le pouvoir des banques en général tout en asseyant toujours davantage celui des banques centrales, cherchant à influencer le cours des choses politiques et économiques par un interventionnisme délibéré. Le dernier rapport du Conseil économique de la Maison blanche, cosigné par Obstfeld, consacre un chapitre aux bienfaits qu’entraînerait une « intégration globale » accrue des Etats-Unis au sein de l’économie globale à la fois dans le domaine des échanges et celui des transactions financières globales.
 
Inutile de dire que le rapport encense de bout en bout la politique économique d’Obama, et notamment la multiplication des traités de libre-échange envers et contre la volonté et les intérêts des peuples.
 

Anne Dolhein