La stratégie du mondialisme socialiste face au populisme : toujours plus de socialisme mondialiste pour le bien des peuples

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Le mondialisme peaufine sa stratégie contre le populisme : celui-ci ayant révélé les souffrances des gens, il faut les soigner par plus de socialisme. Les peuples refusent le processus mondialiste et socialiste : il faut l’accentuer et l’accélérer pour leur bien. Du beau judo dialectique.
 
Ça phosphore au numéro 10 de la Downing Street, et au World Economic Forum, le site du forum de Davos. On se demande très sérieusement comment damer le pion à « la montée du populisme » en Europe et aux États-Unis, dans « les pays de l’OCDE » en attendant le reste du monde. Bref, on prend acte que le Nord en a assez de se faire tondre la laine sur le dos au bénéfice du Sud, que les peuples développés ne veulent plus du mondialisme ni du libre-échange qui transfèrent leurs richesses dans une péréquation socialiste au profit des pays émergents et du tiers-monde. Et l’on bat sa coulpe sur la poitrine des prédécesseurs : les élites ont manqué de « pédagogie », elles ont manqué « d’attention ». Teresa May, le premier ministre britannique, chargée bien malgré elle de mettre en œuvre le Brexit, le dit : David Cameron a « ignoré les soucis légitimes des gens ordinaires ».
 

La critique du mondialisme s’assortit d’un refus de la réalité mondialiste

 
Diane Coyle, professeur d’économie à l’université de Manchester, a tenté d’aller plus loin. Elle postule que la crise financière de 2008 s’est transformée en « récession économique, crise de la dette, crise sociale », qui ont amené une « crise politique » en Europe et aux États-Unis en 2016 avec la croissance du populisme. Il est donc selon elle « à la mode » de dire que le « progrès de la démocratie » est menacé par le fait que « les gens se sentent laissés en arrière par la globalisation (le mondialisme) ». Ce « n’est pas un problème nouveau ». C’est « notre échec à le reconnaître et agir » qui a produit « l’ampleur de la crise ». Mea culpa, donc, de la part des élites politiques et universitaires. Mais en même temps, nouveau refus de la réalité, et préparation d’un plan B pour maintenir le projet mondialiste malgré la clairvoyance des peuples.
 

Une vraie stratégie contre le populisme devient nécessaire

 
C’est l’élection de Donald Trump qui cause cet affolement affairé des élites du mondialisme. Le Brexit avait provoqué la mise en œuvre d’un plan B d’urgence, mais sans grande réflexion théorique préalable : quelques éditorialistes avaient juste préconisé un « nouvel internationalisme britannique » accompagné de « moins de protectionnisme de l’UE », et vogue la galère, la City s’était remise au travail dès le lendemain du referendum. Avec cela, l’économie britannique se porte bien, merci pour elle, du moins pas plus mal que celle des autres États de l’OCDE. On est seulement revenu à une situation bien connue avant 1973 et l’entrée du Royaume Uni dans le marché commun : celle où les Anglais, en marge de la communauté européenne qui se construisait, préféraient rester dehors et former avec d’autres pays une association de libre-échange pour faire marcher le commerce et la finance.
 

Problème : Trump est anti-mondialiste et anti-socialiste !

 
La venue au pouvoir de Donald Trump, qui est contre le socialisme à l’intérieur des frontières des États-Unis, et entend défendre celles-ci contre le libre-échange mondialiste, exige un effort politique bien plus important de la part de l’élite mondialiste. D’où deux papiers de fond sur le site du World Economic forum, celui de Diane Coyle et celui de John Evans, secrétaire général du comité syndical consultatif de l’OCDE, qui définissent la stratégie du mondialisme contre le populisme, et l’on doit constater qu’elle est pleinement socialiste.
 
Il faut d’abord noter que l’un comme l’autre ont une vue purement économiste des choses, ils ne s’intéressent qu’au chômage, au pouvoir d’achat, et postulent que le malaise des peuples qui provoque le populisme n’a pas d’autre cause. C’est évidemment faux, et cela explique la « surprise » des « élites » des « grandes villes riches et cosmopolites » devant un vote qui les dépasse : l’invasion, la rupture sociétale due à la révolution morale imposée par les élites et la perte d’identité conséquente ont pesé beaucoup plus lourd qu’une simple perte de pouvoir d’achat.
 

Le bien des peuples, version Davos

 
La première malversation, dans la définition de la stratégie mondialiste contre le populisme, est donc d’abord l’erreur volontaire de diagnostic. Il amène nécessairement la deuxième, qui est de recommander pour remède ce qui est l’une des causes même du mal, le socialisme. Oui, disent-ils, notre politique a fait souffrir les peuples, et pour faire cesser cette souffrance, nous n’envisageons nullement de fermer les frontières, de les protéger, au contraire : nous les maintenons ouvertes plus que jamais et nous accentuons le caractère socialiste de nos sociétés.
La seule concession (l’innovation ?) de Diane Coyle est de rapprocher le socialisme des gens : « Puisque ce qui sape la démocratie est en partie le fait que les gens se sentent déconnectés du pouvoir, une part de la solution sera de rapprocher les gens du pouvoir ». La Palice n’aurait pas dit mieux, mais comment s’y prendre ? En améliorant l’intercommunication, et en donnant plus de pouvoir aux niveaux locaux. On peut peut-être comprendre, derrière ces aimables banalités, que l’ère des diplodocus de la gouvernance globale est finie. Finie l’URSS, finie l’URSSB que constituait l’Europe de Bruxelles, le mondialisme s’adressera désormais directement aux régions, qui pèsent moins lourd face aux grandes institutions internationales et seront parfaitement « libres », à condition de respecter la loi sociétale et le socialisme que diffusent ces grandes institutions. Telle est la manière mondialiste de comprendre la subsidiarité, à vrai dire guère nouvelle, le mondialisme ayant toujours voulu s’appuyer sur la déconcentration et les pouvoirs de proximité.
 

Libre échange socialiste ou mondialisme redistributif ?

 
Pourquoi employer si fréquemment les mots socialisme et socialiste ? Parce que les solutions proposées par le World Economic Forum en portent la marque. Le socialisme près de chez soi fera un grand usage de « capital public », dans de grands travaux (environnement, numérique, éducation) qui pourront mobiliser jusqu’à 2 % du PIB, l’objectif étant de « réduire les inégalités » et « l’amélioration du revenu minimal », les moyens pécuniaires nécessaires se trouveront dans la « restauration de la progressivité de l’impôt sur le revenu » et « l’augmentation des impôts des sociétés et des riches particuliers ». Voilà qui ne cache pas son jeu : il n’est nullement question de limiter le libre-échange mondial mais d’augmenter la pression socialiste à l’intérieur de chaque pays ou région : ce sont les deux pinces de la révolution.
 

Le démon du bien et la perversion des peuples

 
Une dernière réflexion, plus générale, pour conclure. Tout n’est pas faux dans les papiers des spécialistes du World Economic Forum. John Evans note en particulier que la crise de 2008 a profité à l’hyper caste mondialiste, que les écarts de salaire croissent dans des proportions déraisonnables, et qu’on est libre de ne trouver cela ni efficace ni bon du point de vue moral. Mais ce sont les solutions proposées qui sont mauvaises et liberticides. Au nom d’un bien, la révolution préconise un mal.
 
On pourrait étendre cette remarque à tous les domaines que touche la révolution, les mœurs par exemple. On discrédite la Manif pour tous ou la Marche pour la vie au nom du bonheur des femmes ou des droits des LGBT. Et il n’est pas question en effet de nier la détresse de certaines futures mères ni de jeter trans et homo au bûcher. Il faut leur garantir le droit à une existence décente. Cela n’engendre nullement le droit de tuer dans un cas, celui de promouvoir la vie contre nature en modèle dans l’autre. On se trouve ici devant l’incapacité d’établir une hiérarchie entre les droits, ou plutôt devant la volonté manifeste d’inverser cette hiérarchie. Parce que le but ultime de la révolution, qui entend créer l’homme nouveau, est d’inverser la notion du bien et du mal : la révolution imposée aux peuples est au fond philosophique et religieuse.
 

Pauline Mille