Interview à “la Croix” : la danse du ventre du pape François devant les musulmans

Pape François Musulmans interview La Croix
 
Dans une longue interview à la Croix le pape François somme l’Europe d’intégrer plus de migrants, y compris musulmans, pour combler son vide démographique, et rend l’Occident responsable de la crise migratoire actuelle. Après l’accueil de réfugiés musulmans au Vatican et l’abrazo à l’imam de l’université Al Azhar, il s’agit d’une véritable danse du ventre pour séduire le monde musulman.
 

Surprenante interview à “la Croix”

 
Certains ont déploré le silence de Pie XII : c’est un reproche qu’on ne pourra pas faire au pape François. Depuis son élection, il jette dans les médias, semaine après semaine, d’innombrables pétards, des déclarations si spontanées et surprenantes qu’on en vérifie le texte dans les deux ou trois langues où elles sont diffusées pour s’assurer qu’elles sont authentiques. Cette fois il s’est lancé dans une entreprise de séduction des musulmans. Au risque de décontenancer les chrétiens. Les chrétiens d’Orient ont d’ailleurs été heurtés qu’il ne ramène aucun des leurs de son voyage en Grèce. Et l’on peut à bon droit se demander à quoi rime la véritable danse du ventre à laquelle le souverain pontife se livre en direction de La Mecque.
 

Le pape François fait de la politique tiers-mondiste

 
La réception que le pape François a faite à l’imam Ahmed El Tayeb, de l’université Al Azhar du Caire, l’une des plus réputées de l’islam sunnite, a été saluée comme « molto cordiale » par la presse italienne, mais nul communiqué de fond n’a été publié. Pour reprendre la constatation faite par les deux hommes en anglais, « our meeting is our message », c’est le seul fait qu’ils se soient rencontrés qui est le message. L’interview à la Croix, elle, est d’un contenu extrêmement riche et l’on se bornera à en citer ce qui touche à l’Europe, aux migrants et aux musulmans.
 
Interrogé sur « l’identité européenne », qu’il tient pour « dynamique et multiculturelle », le pape François lui a concédé des racines chrétiennes, parmi d’autres, tout en craignant qu’on en parle avec une « tonalité triomphaliste et vengeresse » qui entraînerait au « colonialisme ». Quant à la crise de migrants, contrairement au directeur général de l’ONU Michael Moller, le pape en voit la cause principale dans la guerre au Proche Orient et le sous-développement de l’Afrique. Deux phénomènes dont il rend l’Occident responsable, égratignant le capitalisme au passage.
 

Une vision irénique des musulmans

 
Quant aux musulmans, le pape François ne croit pas qu’ils posent un problème particulier à l’Europe. Daech, le terrorisme, oui, en revanche. Mais ils ne sont dangereux que parce que nous n’avons pas su accueillir les immigrés comme il faut : « Le pire accueil est de les ghettoïser alors qu’il faut au contraire les intégrer. À Bruxelles, les terroristes étaient des Belges, enfants de migrants, mais ils venaient d’un ghetto. » Sans doute, pour reprendre les paroles du pape François, « l’idée de conquête est inhérente à l’âme de l’islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter, avec la même idée de conquête, la fin de l’Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations. » Voilà une façon bien tiers-mondiste de se fonder sur les torts de certains conquérants chrétiens pour mettre sur le même plan la charité de Jésus-Christ et l’esprit de conquête de Mahomet. Peut-on croire qu’un homme aussi intelligent que le pape François pense sérieusement ce qu’il dit là ?
 
Cette pirouette une fois effectuée, il poursuit son entreprise de séduction des musulmans. Il les décrit vivant « en bonne familiarité » avec les chrétiens, chez lui en Argentine où ils « vénèrent la Vierge et Saint Georges », dans un pays d’Afrique non précisé où « les musulmans font longuement la queue à la cathédrale pour passer la porte sainte et prier la Vierge Marie ». Il appelle chrétiens et musulmans de Centrafrique à se réconcilier et leur montre en exemple « le Liban ».
 

Comment intégrer les musulmans sans les convertir ?

 
Terminons en avec les citations du pape François avant d’en donner une brève analyse. La solution aux maux actuels est pour lui que l’Europe retrouve « sa capacité d’intégrer ». Et de citer en exemple Sadiq Khan, nouveau maire musulman de Londres qui « a prêté serment dans une cathédrale et sera sans doute reçu par la reine ». Le pape François fonde sa conviction sur une certaine conception de l’histoire : « Je pense à Grégoire le Grand, qui a négocié avec ceux qu’on appelait les barbares, qui se sont ensuite intégrés. Cette intégration est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que l’Europe connaît un grave problème de dénatalité, en raison d’une recherche égoïste de bien-être ».
 
Ouf ! Nous ne pouvons, nous ne voulons, nous ne devons pas continuer à retranscrire de pareilles paroles sans commentaire. Sans doute le constat du pape François sur l’effondrement démographique de l’Europe est-il juste, mais la conséquence qu’il en tire ressortit plus à la vulgate onusienne qu’à la doctrine catholique. Ensuite et surtout, Grégoire le Grand a pu « passer aux barbares », selon le mot de Frédéric Ozanam, parce que ceux-ci se sont convertis, ce qui n’est pas du tout le cas des musulmans : ils ne sont pas convertibles en masse et le pape François n’a aucune intention de le faire. On passe ici d’une perspective catholique à une idée de cohabitation pacifique dans un vaste Empire mondial. Quel y sera le rôle de la religion ?
 

Les raisons diplomatiques d’une danse du ventre

 
Avant de donner des éléments de réponse tirés de l’interview du pape François, voyons à quelles extrémités de désinformation le pousse sa danse du ventre devant les musulmans. Donner le Liban en exemple de bonne intelligence entre chrétiens et musulmans est une farce quand on se rappelle que jusqu’aux années cinquante et soixante le pays, majoritairement chrétien, était un havre de paix et de prospérité, et qu’il a sombré dans la guerre civile et la misère précisément à cause de l’afflux conquérant des musulmans.
Pourquoi un homme aussi avisé que le pape François aligne-t-il autant d’erreurs flagrantes dans son interview à la Croix ? Un catholique doit présumer une intention bonne : c’est qu’il connaît par ses rapports diplomatiques le sort sinistre des chrétientés d’Orient, de l’Égypte à la Turquie en passant par l’Irak et qu’il tente par sa danse du ventre d’amadouer les musulmans. Le pape François jouerait ainsi la collaboration, la soumission avec les musulmans, et l’enfumage vis à vis des médias. C’est une façon très jésuite de procéder, mais est-ce qu’un pape doit être jésuite ?
 

Peut-être le pape François croit-il ce qu’il dit

 
On peut craindre hélas, pire : que le pape François soit en partie convaincu de ce qu’il dit. Que le dialogue inter-religieux finisse par lui faire perdre la boussole. Qu’il se réjouisse vraiment que les musulmans viennent prier dans les cathédrales la Vierge Marie, comme si la façon dont ils la considèrent avait quoi que ce soit à voir avec la foi chrétienne et sa gloire de Mère de Dieu, ou, pire, comme si cela n’importait pas. Il y a un passage dans l’interview à la Croix qui laisse véritablement inquiet à ce sujet. Le pape François blâme la France de ce qu’il nomme son « excès de laïcité » et il ajoute « si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire ». Pour lui, c’est la même chose que si un catholique porte une croix au revers de son veston. Au-delà de l’erreur politique sur la signification du voile, il y a une volonté très nette de mettre toutes les religions sur le même pied dans le cadre de la laïcité positive. C’est dit de la façon la plus claire : « La France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous ». L’ouverture à la transcendance… Dans la cohabitation humaniste dont rêve le pape François, tout le monde, les chrétiens, les musulmans, les bouddhistes et les autres doivent avoir un même accès libre à la « transcendance ». Sans qu’aucune ne soit dite bonne ou vraie.
 

Pauline Mille