Prison et radicalisation : tout reste à faire…

Prison radicalisation tout reste faire
 
Le rôle des prisons dans la radicalisation est attesté, répété par de nombreux experts, et même certains politiques. Pour autant, tout reste à faire. Le propos ne constitue pas une attaque de l’opposition, puisque c’est le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas lui-même, qui le déclare.
 
Tout reste à faire en matière de renseignement pénitentiaire, a estimé mercredi le ministre de la Justice, ajoutant qu’un véritable outil en la matière ne serait prêt que début 2017.
 
« Depuis ma nomination comme ministre de la Justice, je n’ai été destinataire d’aucun élément à en-tête du renseignement pénitentiaire. Je m’attendais à des analyses sur la progression du radicalisme en prison, sur l’état du prosélytisme, sur les établissements les plus touchés, bref une climatologie pénitentiaire mais je n’ai rien reçu », a déclaré mercredi Jean-Jacques Urvoas, qui était auditionné par la Commission d’enquête parlementaire consacrée aux attentats de l’année 2015 et présidée par Georges Fenech, spécialiste des sectes.
 

Prison et radicalisation : un étonnant constat

 
Le ministre déplore « l’absence de doctrine et d’architecture » en la matière. Il promet donc pour début 2017 la mise en place des outils annoncés depuis janvier 2015. Trop tard pour Pierre Lellouche, député Républicains de Paris, qui déplore que « deux ans aient été nécessaires pour changer la doxa du gouvernement sur ce sujet. Il a fallu beaucoup de morts pour arriver à l’idée qu’il faut surveiller les gens en prison. Combien de cellules de terroristes et de Coulibaly auront émergé au cours de ces deux années ? Peut-être faut-il se hisser à la hauteur de l’urgence ? »
 
De fait, et même si Jean-Jacques Urvoas ne peut être critiqué, du fait de son arrivée récente, pour ce manque, son étonnement même condamne sur ce point le travail (ou son manque) de son prédécesseur, une certaine Christiane Taubira.
 
« Il y a de la collecte de renseignements à l’intérieur de l’univers carcéral (…) mais je n’appelle pas ça faire du renseignement », précisait encore mercredi Jean-Jacques Urvoas, enfonçant davantage encore les clous dans le cercueil du ministre précédent. « Je crois que tout est à faire dans ce domaine », a-t-il ajouté enfin, en soulignant un manque de mise en perspective et d’anticipation.
 

Tout reste à faire… C’est beaucoup !

 
Il a ainsi cité le cas d’Amedy Coulibaly, qui a tué une femme policier et quatre juifs à Montrouge et Paris en janvier 2015, et qui est désormais connu sous le nom de tueur de l’Hyper Cacher. Et conclut : « Il reste maintenant à agir. »
 
Et vite. Car cela continue. Ainsi, l’un des deux détenus qui s’étaient évadés dans la nuit de lundi à mardi de la maison d’arrêt d’Amiens a-t-il été retrouvé 24 heures plus tard, en train de cambrioler un pavillon de la ville.
 
Cet Albanais de 29 ans, qui devait sortir l’année prochain, va donc retrouver la case prison. Quant au Grec qui l’accompagnait, on en est sans nouvelles…
 
Mais ce fait divers prouve bien qu’il y a urgence, effectivement, à se mettre en travail. En faire le constat en fin de quinquennat n’est pas fait pour améliorer la courbe des avis favorables à François Hollande qui plonge plus vite encore que celle du chômage dans les rêves présidentiels…
 

François le Luc