DRAME HISTORIQUE/COMEDIE
Elvis et Nixon ♥


 
Elvis et Nixon repose, dès son titre, sur une association improbable, celle du célèbre rockeur, surnommé le « King » – soit le Roi – et du président des Etats-Unis d’Amérique très conservateur Nixon, certainement fort peu porté sur le mode d’expression musicale du premier. Richard Nixon (1913-1994, et président en 1969-1974) a été un personnage fort discuté mais indiscutablement sérieux et doté d’une vision pour les Etats-Unis, renversé suite à un petit cambriolage en soi insignifiant – scandale dit du Watergate (1972-1974). Elvis Presley (1935-1977) a eu un mode de vie peu stable, a abusé des médicaments, au point de finir par en mourir. On imagine mal a priori Elvis en conservateur engagé en politique. De façon étrange, il a essayé de l’être. A défaut d’avoir mené une vie exemplaire, il a eu des convictions apparemment solides, immuables, celles du reste de son milieu d’origine de petit Blanc du Sud, du Mississippi et du Tennessee.
 

Elvis et Nixon : une petite curiosité à voir

 
Les gestionnaires de l’image d’Elvis Presley ont assez systématiquement gommé cet aspect du personnage, souvent considéré par défaut comme un progressiste, ce qu’il n’a jamais été. Il a en effet participé à des campagnes nationales de lutte contre la drogue, en visitant de nombreux commissariats et effectuant des dons à leurs œuvres. Non seulement Elvis a été un conservateur, clamant son patriotisme, et sa fierté d’avoir effectué très normalement son service militaire – point tout sauf innocent au moment des manifestations appelant à la désertion à l’époque de la Guerre du Vietnam -, son désir d’être un bon mari et père de famille, mais il a effectivement tenu à manifester son soutien au président Nixon. Ce fait est authentique, une célèbre photographie, tout sauf volée, en témoigne. Par contre, on ignore la tenue de l’échange entre les deux hommes, qui a duré plus d’une heure, soit longtemps pour un agenda présidentiel surchargé.
 
Le film imagine donc les circonstances autour de la rencontre, et la rencontre elle-même. Le souci patriotique aurait été mêlé chez Elvis à une loufoquerie manifeste, assez typique du personnage, celle de devenir un agent fédéral assermenté et détaché, chargé de la lutte antidrogue. Nixon, qui veut bien, et encore, rencontrer un fidèle électeur inattendu, doit-il céder à ce caprice ? La broderie manifeste, enfin selon nous, sur ce thème, ne prendra pas forcément auprès du public. Le contexte, par contre, est lui bien rendu. Les acteurs réussissent à donner chair à leurs personnages, même si ni Nixon ni Elvis ne sont ressemblants. Le spectateur y croit le temps du film, et c’est déjà bien.
 
Elvis et Nixon est donc une petite curiosité, plutôt agréable à voir.
 

Hector JOVIEN

 
Elvis Nixon drame historique comédie film