Ferguson, Michael Brown et la police : analyse d’une désinformation


 
Le neuf août à Ferguson dans le Missouri, un policier blanc abattait un jeune noir, Michael Brown. Etait-il un délinquant menaçant, comme l’assure la police, ou une victime du racisme, comme le prétend la famille ? Depuis l’émeute raciale enflamme Ferguson. Et la désinformation règne. Deux autopsies précisent pourtant les circonstances du drame.

Qui était Michael Brown ? Selon sa grand-mère et son oncle, à dix-huit ans il mesurait un mètre quatre-vingt-quinze pour cent trente-six kilos. C’était un « gentil géant », très timide, qui évitait de jouer au football américain pour ne blesser personne.
Selon la police qui a diffusé une vidéo, c’était une baraque qui venait de voler une boîte de cigares dans une épicerie et fumer de la marijuana. Il aurait été tué après avoir attaqué un policier et tenté de lui voler son arme en se battant avec lui.
 

La police de Ferguson sur la sellette

 
Qui était le policier, Darren Wilson ? Un excellent agent de 28 ans, doux et sans problème, comme l’affirme la police, ou l’auteur de l’« exécution » d’un Michael Brown qui était en train de se rendre, comme le proclame l’avocat de la famille, Benjamin Crump ?
Que s’est-il passé enfin ? Selon un ami de Michael Brown, celui-ci marchait sur la chaussée, et sommé par la patrouille de police de monter sur le trottoir, il aurait refusé : il aurait alors été abattu alors qu’il se rendait. Une femme anonyme ajoute qu’il aurait crié : « Ne tirez pas ». Un autre témoin prétend que la police aurait tiré « dans le dos » alors qu’il s’enfuyait. D’autres ont même affirmé que Michael Brown aurait été maintenu à terre les mains derrière le dos tandis qu’on le fusillait à bout portant.
Alors que l’affaire se politise, le grand jury et l’attorney général Eric Holder se déplaçant à Ferguson, deux autopsies ont été menées, l’une par un médecin local, l’autre par Michael Baden. Le rapport de Baden, bien qu’encore incomplet ( trois balles n’ont pas été retrouvées, le cadavre n’a pas été passé aux rayons X ), fait autorité. C’est une pointure, qui a examiné 20.000 cadavres, dont Kennedy et Martin Luther King, il agit à la demande de la famille, et il a jugé la réaction du policier « excessive ». On ne peut le soupçonner de lui être favorable.
 

L’autopsie de Michael Brown désarme la désinformation

 
Or il est tout à fait clair : les six balles qui ont frappé Michael Brown ont toutes été tirées de face. Il n’a donc pas été abattu en s’enfuyant, ni à terre.
Une seule était mortelle selon Baden, celle qui a touché le crâne, lorsque Michael Brown était penché en avant. Pour implorer pitié ou pour charger la police ? Et pourquoi Darren Wilson aurait-il tué Michael Brown de six balles pour la seule raison qu’il refusait de monter sur le trottoir ?
Tant que ces questions ne seront pas clarifiées, les faits compteront moins que leur utilisation politique et médiatique, dans ce qu’on est bien forcé d’appeler une véritable entreprise de désinformation. Les médias ont donné une large diffusion sans contrepartie à la thèse de la famille et à des témoignages aujourd’hui reconnus faux. Et l’appareil fédéral, en se déplaçant massivement à Ferguson, semble peser dans l’affaire contre la police locale. A tel point qu’Eric Holder a demandé une troisième autopsie, bien que, de source officieuse, celle de Baden confirme la première.
Comme si l’important était une certaine vérité politique, et non la réalité des faits.

 

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