Rt.com commente la volonté de la Chine de supplanter le dollar par le yuan dans les transactions pétrolières

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La Chine veut supplanter le dollar dans les transactions pétrolières ; le média russe rt.com y voit un moyen de revanche de Poutine face aux Etats-Unis et à l’Occident. Le projet vient à maturation alors que Moscou a « abandonné sa tentative vieille d’un quart de siècle de s’intégrer avec l’Ouest à la suite de la crise ukrainienne, une crise dont le Kremlin fait porter la responsabilité aux Etats-Unis et à l’Union européenne ». Ce serait la fin du pétrodollar qui règne en maître depuis les années 1970 sur tous les échanges au bénéfice du dollar américain dont la demande demeure toujours très forte.
 
Pékin vise à mettre en place un marché à terme qui fonctionnera en yuan, avec une cotation du baril en yuan dès les mois à venir. La stratégie vise à faire augmenter la demande de monnaie chinoise, monnaie qui aurait en outre davantage de chances d’être « recyclée » dans l’économie chinoise au bénéfice du PIB chinois.
 
La Chine est actuellement l’importateur de pétrole le plus important au monde.
 

Le média russe rt.com voit d’un bon œil le remplacement du pétrodollar par le yuan

 
RT.com, reprenant l’analyse d’Oilprice.com, estime que la stratégie ne pourra fonctionner qu’avec l’accord de grandes puissances « telles la Russie et l’Arabie saoudite, sans quoi il sera difficile de créer un marché assez profond et liquide pour avoir un impact ».
 
Mais des difficultés existent : la valeur du yuan est rattachée à celle du dollar par le biais d’un ajustement quotidien, et l’interventionnisme du gouvernement central chinois, dont certains opérateurs signalent déjà qu’il pourrait favoriser les sociétés chinoises, décourage des investisseurs qui comptent sur la liberté du marché.
 
Certains analystes y voient au contraire une opération capable d’avoir des répercussions de grande envergure, dès lors que des grandes puissances s’ajouteront aux pays plus modestes, tel l’Iran, qui ont déjà adopté le yuan pour les échanges de pétrole. Le rôle de l’Arabie saoudite serait dès lors déterminant, elle qui a intérêt à augmenter le volume de ses exportations vers la Chine.
 

La Chine crée un marché à terme des transactions pétrolières libellées en yuan

 
A l’heure actuelle, la Russie est le premier fournisseur de pétrole de l’économie chinoise, Riyad ne vendant qu’un million de barils par jour à Pékin, ce qui peut l’inciter à accepter la nouvelle configuration proposée par la Chine. Et ce d’autant que les grosses compagnies pétrolières d’Etat chinoises envisageraient l’achat de 5 % de Saudi Aramco.
 
On peut signaler que ces manœuvres réalisées au sein du bloc des pays proches de l’ex-Union soviétique – Russie, Iran, Chine, Indonésie, Venezuela – au bénéfice de la Chine restée, elle, ouvertement communiste, ont lieu au moment d’un rapprochement inédit entre l’Arabie saoudite et la Russie, comme en témoigne la récente visite du roi Salman à Moscou.
 
Selon une tribune publiée par rt.com, la fin du pétrodollar bénéficierait certes à la Chine, mais la Russie a le plus à en attendre en fragilisant les Etats-Unis qui comptent sur la puissance de leur monnaie pour garantir l’efficacité des sanctions envers Moscou. Et qui ont pu « vivre au-delà de leurs moyens pendant des années grâce au cash-flow du dollar ».
 

Supplanter le dollar par le yuan pour pousser les Etats-Unis vers la crise

 
L’article publié par Rt.com va jusqu’à affirmer : « Il y a peu de doute quant au fait que Moscou espère fabriquer une crise économique aux Etats-Unis en vue de handicaper son ennemi de toujours. » Le média cite un analyste de CNBC : « La Russie et la Chine ont cherché à opérer dans un environnement sans dollar pour les échanges pétroliers. Les deux pays ont également augmenté leurs efforts pour acquérir de l’or physique, au cas où le dollar ne s’effondre – ou peut-être quand il s’effondrera. »
 
L’Arabie saoudite, commente encore cette tribune du journaliste Bryan MacDonald basé en Russie, risque de perdre des parts de marché si elle ne joue pas le jeu sino-russe – « spécialement dans la mesure où de nouveaux pipelines gaziers et pétroliers vont commencer à fonctionner entre la Russie et la Chine l’an prochain ». « Tout ce qui affaiblit la capacité américaine à mener une guerre économique et à déstabiliser l’espace eurasiatique constitue une victoire majeure pour le Kremlin. En outre, on peut également considérer la fin de la domination du dollar comme un élément important de l’héritage que veut laisser Poutine alors qu’il se prépare à ce qui semble devoir être son dernier mandat en tant que président de la Russie. »
 

Anne Dolhein