SCIENCE-FICTION The Giver / Le Passeur Cinéma ♥♥♥

The Giver Le Passeur
 
The Giver/Le Passeur n’enthousiasme pas a priori le critique, qui craint un énième film de science-fiction pour adolescents américains, adapté de leurs lectures, soit un produit assez calibré ou médiocre. Ainsi, récemment, le Labyrinthe n’a pas convaincu. Du fait de l’accumulation de lenteurs, bavardages interminables, prétentieux et creux, l’action n’est souvent pas même au rendez-vous. Or, The Giver/ Le Passeur se distingue en ce qu’il présente un intérêt véritable. Le rythme lent correspond à la description pertinente et intéressante d’une utopie négative, et les dialogues, tout en demeurant accessibles, possèdent une profondeur véritable. Le soin des décors est à relever tout comme le jeu sur le noir et blanc et la couleur.
 
Le film est à comprendre comme une parabole. Il décrit un avenir d’autant plus sinistre que pratiquement crédible, pour tout dire proche. Des expressions aimables, floues, du type « partir pour l’ailleurs », sont appliquées aux bébés mal calibrés, ou aux vieillards « retraités », tout comme aux délinquants, rares, révoltés contre cette société oppressive. Le départ signifie la mort, ritualisée, avec des gestes techniques simples, par piqûre. Ces euthanasies systématiques sont délivrées par des hommes ou des femmes pas particulièrement mauvais, qui en arrivent à ne plus posséder la conscience du meurtre, du Mal. Nous y sommes déjà largement pour l’avortement, et nous y arrivons avec l’euthanasie des vieillards ou incurables. Cette société fonctionne sur un consensus formel, voulu proche et bienveillant, dans son image. Elle bannit les émotions, les religions, les arts. L’athéisme de cette utopie est fermement condamné. Évidemment, il ne faut pas trop exiger et toutes les spiritualités humaines sont opposées au matérialisme, non le seul christianisme. Les jeunes acteurs se montrent à la hauteur de leurs aînés, et les uns et les autres font l’effort de croire au scénario. Les scènes d’action, rares, sont nettement plus faibles, parfois peu crédibles. The Giver/ Le Passeur ressemble dans ce qu’il a de meilleur à un mythe illustré de Platon, entreprise bien trop rare au cinéma, et réussie.